Si ce double suspense est très savamment construit, la singularité et la force de ce roman résident avant tout dans son humour qui se niche à la fois dans la description hilarante du duo et dans l’écriture particulièrement savoureuse.
Paul Colize, « Meurtre rue Blanche », Hervé Chopin, 312 p.
SOCIALE
Tranche de vie
Jeanne est assistante sociale dans une association. Elle s’adresse aux personnes en grande difficulté économique, psychologique et autre. Tout en veillant sur son grand-père, cette trentenaire fragile s’efforce de vivre comme une fille de son âge, avec ses amis et ses amours plus ou moins déçus. Suite à l’incendie qui a ravagé l’appartement où il vivait avec sa mère, incapable de prendre soin de lui, Aldo a été placé dans une famille d’accueil. Adolescent intelligent et déterminé, il est pris d’affection par le responsable.
Dans ce premier roman écrit avec sensibilité, l’auteure, psychologue pour enfants et jeunes adultes, entre avec finesse dans la tête de ses deux héros.
Suzanne Aubinet, “Between two shores”, Parla Éditions, 177 p.
EXILÉ
Des destins parallèles
Sous la dictature argentine, une avocate humaniste est assassinée dans un parc de Buenos Aires devant sa fille et un homme qui était discrètement amoureux d’elle. La petite fille est emmenée en secret par son père en France, sur le bassin d’Arcachon où il devient marchand de glace, tandis qu’Andrés se lie d’amitié avec la sœur du défunt. Chacun tentera à sa manière de se reconstruire.
Auteur prolifique de livres toujours pleins de belles émotions, Frank Andriat suit ces destins parallèles marqués par l’absence et le manque.
Frank Andriat, « Les Silences de Buenos Aires », FDeville, 183 p.
FAMILLE
Un mouillage sur la côte belge
Est-ce que chaque vie mérite d’être racontée ? C’est sur la suggestion d’un homme qu’elle a connu étant enfant et venu passer l’été à L’Etoile de Mer, la pension tenue par ses parents non loin d’Ostende, que Clémentine a retracé la sienne. Adoptée à 3 ans par un couple dont le mari était originaire des Lebensborn de Wégimont, cette pianiste virtuose n’a jamais oublié ses racines maritimes auxquelles elle n’a cessé de revenir. Dans son premier roman juste et touchant, le fondateur des éditions Pré aux Sources fait revivre de nombreux personnages riches et attachants.
Bernard Gilson, « L’Étoile de la mer », 180e éditions, 299 p.
POÉSIE
À la recherche de Jeanne Dielman
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Réalisé en 1975 par la cinéaste belge Chantal Akerman, Jeanne Dielman a été désigné meilleur film de tous les temps par le British Film Institute. Ce film met en scène la mère d’un adolescent, interprétée par Delphine Seyrig, dans ses activités quotidiennes (cuisine, lessive, ménage), accueillant également des hommes chez elle.
La jeune auteure de ce premier recueil poétique retranscrit en phrases courtes les faits et gestes de cette « Piéta Slow » à travers sa propre sensibilité, traduisant ainsi l’émotion qu’ils lui procurent.
Clarisse Michaux, “Gayness amazes me”, Éditions Hooray, 71 p.
AMOUR
Lettres à une « Femme-Reine »
Chaque matin, à l’aube, le narrateur écrit une lettre à une certaine Hanna H découverte sur internet et dont il est follement amoureux. Au fil de ses missives, il raconte des moments de sa vie qui a commencé de manière insolite puisqu’elle est le résultat d’une demande d’une femme auprès d’un homme marié et père de famille qu’il a rencontré par hasard. Et cela, lui-même ne le saura que tardivement. Après quelques rendez-vous manqués, l’écrivain et sa bien-aimée se voient enfin. Mais pour quoi demain ? Premier roman mystérieux, ponctué de vers d’Éluard, du directeur de la Maison de la Francité à Bruxelles.
Donald George, « Pour le désir d’une reine », 180e éditions, 203 p.
CONTE FUTURISTE
Un monde fermé
Dans ce conte futuriste, les habitants sont interpellés par leur métier : la Jeune Serveuse, le Passeur, le Fossoyeur… Et chacun peut demander un Licenciement, c’est-à-dire se confronter à la personne dont il cherche la place. Le nouvel arrivant devient ainsi l’Aventurier. Si l’Écrivain lui est hostile, c’est parce que l’ancien Jeune Forgeron est parti, trente ans auparavant, avec le Jeune Boulanger dont il était amoureux. Que lui est-il arrivé ? La tension monte peu à peu dans cette communauté d’où l’amour semble banni et dont les membres ne connaissent plus la Langue Ancienne.
Un premier roman aussi étonnant que cohérent dans sa volonté de créer un univers spécifiquement littéraire qui met en jeu des sentiments qui sont bien les nôtres.
Claire Mathot, « Le Temps du silence », Actes Sud, 170 p.
NARRATIF
Traces familiales
Livre après livre, le Liégeois Bernard Gheur (né en 1945) explore la généalogie familiale. Sur les traces de son père John (décédé en 1980), homme joyeux et longtemps propriétaire de rivière, il dévoile l’histoire de ses familles paternelle et maternelle tout au long du XXe siècle. Il retrouve des lettres de ses grands-parents remontant à ses débuts et surtout de sa mère Paula à sa sœur Jeanne, écrites notamment pendant la guerre. Elle s’inquiète pour son mari qui est prisonnier et qui, une fois libéré, rejoint l’Armée Secrète.
L’auteur possède également des albums photo du Canada, où son père est né et a passé ses premières années. Un très bel hommage à ce qui le constitue.
Bernard Gheur, « La Grande Génération », Weyrich, 270 p.
