« Si vous décidez d’attaquer, rendez-vous au 323 », « Si vous souhaitez avancer vers la porte nord, rendez-vous au 137, si vous préférez avancer vers la porte sud, rendez-vous au 225. ». Voici des extraits tirés du tome 6 de la saga « Lone Wolf », intitulé La pierre de la sagesseet qui vous disent peut-être quelque chose, si vous êtes fan de des livres dont TOI sont le héros (LDVEH).
C’est le cas de Laurent, 42 ans, qui a découvert ces livres mêlant jeux de rôle et littérature jeunesse à l’âge de 7 ans, « certainement dans une bibliothèque ou au CDI »il se souvient. Depuis, sa passion pour cette collection ne le quitte plus. “Ça continueil admet. J’ai fait une longue pause lorsque j’ai déménagé, car tout était rangé dans des cartons. »mais il y a trois ans, « J’ai relu certains recueils avec grand plaisir et j’ai eu envie de me replonger dans les collectionsil explique. Il y avait un petit goût de nostalgie, mais cela ne m’a jamais vraiment quitté.
Si Laurent est si attaché à ces livres, c’est parce qu’ils ont révolutionné la littérature jeunesse dès leur sortie en 1984. Publiés au sein de la collection Folio Junior chez Gallimard, ils permettent au lecteur de se plonger littéralement dans l’Histoire. . Par exemple, « Votre personnage doit rejoindre le roi du royaume, et le personnage principal doit sortir de son monastère, s’enfuir alors qu’il est attaqué par des ennemis. Il faut choisir le bon chemin. Dois-je ramper, dois-je opter pour une confrontation directe ? Peut-être passer par des passages souterrains ou des puits ?”détaille le quadragénaire. Un vrai “immersion”ce qui a immédiatement séduit l’enfant qu’il était à l’époque.
« C’est quelque chose qu’on a déjà un peu moins dans les romans classiques. C’est ce qui m’a vraiment rendu accro.
Laurent, collectionneursur franceinfo
« On a vraiment l’impression d’être dans le jeu. Je me souviens avoir ressenti une appréhension à ce moment-là, est-ce que j’allais faire fausse route ? N’allais-je pas ouvrir la mauvaise porte ? ?”, Laurent se souvient avec amusement.
Aujourd’hui, le père est devenu un véritable collectionneur, avec près de 190 exemplaires, aussi bien des éditions anciennes que des nouvelles. Depuis plusieurs années, Gallimard réédite chaque année certains volumes, parfois avec des tirages limités, voire inédits.
-“Pour la salve de mai, nous allons relooker deux titres et en sortir un nouveau, issu de la saga Lone Wolf”annonce Aurélie Pregliasco, directrice littéraire chez Gallimard Jeunesse. Une manière d’entretenir la flamme de la passion, et même, pourquoi pas, de recruter de nouveaux lecteurs. Gallimard Jeunesse vend entre 30 000 et 50 000 exemplaires par an.
“Cela relance complètement l’aventure, aussi bien pour les nouveaux lecteurs que pour ceux qui connaissent déjà la série par cœur, mais qui sont impatients de se lancer dans une nouvelle aventure.”
Aurélie Pregliasco, literary director at Gallimard Jeunessesur franceinfo
Une volonté de rajeunir le public de la part de l’éditeur, mais qui ne fait pas forcément son chemin. Hervé, fan de la première heure des livres dont vous êtes le héros, a tenté de les présenter à sa fille alors qu’elle avait dix ans, “mais elle n’a pas trop accroché”il admet.
“Elle a trouvé sa propre version avec ses amis, elle lit La Guerre des Clans, les Gardiens des Cités Perdues, des livres traditionnels, de l’heroic fantasy, de la dark fantasy ou de la dark romance, des choses peut-être plus adaptées à la nouvelle génération”estime Hervé. De nouveaux genres qui, à leur tour, révolutionnent la littérature jeunesse. Le dark fantasy qui se traduit par black fantasy ou encore dark romance, à la frontière entre histoires d’amour et de violence, comptent parmi les plus grosses ventes en France.
Et si Hervé n’a pas réussi à transmettre sa passion à sa fille, il continue de la vivre à travers des réassorts réguliers, lui qui a appris à aimer lire avec ce recueil même s’il était dyslexique. Ce sont aussi ces lectures qui lui ont donné envie de devenir aujourd’hui professeur de physique-chimie.