« J’ai choisi ce titre, Nom de familleparce que c’est la base de mes investigations. Pour moi, chaque nom de famille contient une dimension fictionnelle et constitue une « œuvre littéraire », comme disait Georges Perec. Nos noms portent des histoires dont nous ne sommes pas responsables et pourtant nous en sommes les héritiers.
Alors que mon premier travail, ConsentementJe venais d’être libéré, j’ai appris le décès de mon père, un homme avec de nombreuses zones d’ombre, à qui je n’avais pas parlé depuis des années. J’ai appris à cette occasion que mon nom de famille n’était pas Springora, mais Springer. Cette découverte fut le point de départ de l’enquête sur le flou entourant mes origines. Lorsque j’ai dû vider l’appartement de mon père, qui était aussi celui de mes grands-parents, j’ai été confronté à leurs secrets. C’est en ouvrant une boîte que j’ai découvert avec émerveillement les raisons pour lesquelles mon grand-père avait changé d’identité : il devait échapper à un passé embarrassant puisqu’il avait adhéré aux idéaux nazis dans sa jeunesse et en avait porté les insignes.
A travers l’histoire d’une famille, quelques photos, quelques documents administratifs, je m’interroge sur mon identité. Ce livre me permet de vivre plus sereinement et de me réconcilier avec la partie masculine de ma famille. Cela me rappelle que j’ai fait le choix de porter ce nom en sachant le côté obscur qu’il recouvre et en étant conscient que quoi qu’il arrive, il n’y a pas de nom « propre ». »