Près de neuf mois après sa nomination et deux reports, le Premier ministre sénégalais a fait sa déclaration de politique générale devant un Parlement qui lui est largement favorable. Réformer »le modèle économique colonial» dans lequel le Sénégal restait selon lui »enfermé», Ousmane Sonko a promis une réforme fiscale, en «élargir l’assiette, tout en abaissant progressivement les taux d’imposition moyens» et un «rationaliser les subventions énergétiques au profit des ménages pauvres« . L’ancien opposant de Macky Sall, dont il s’est engagé à lever l’immunité, entend s’appuyer sur des ressources gazières dont l’exploitation débutera en 2025.
Ces points et bien d’autres contenus dans sa politique générale, ont suscité diverses réactions parmi les députés, reflétant les divisions politiques au sein de l’hémicycle.
C’est le “désir de justice et de rupture», s’est félicitée Awa Sow, députée du PASTEF, le parti de la majorité gouvernementale. Elle a notamment insisté sur la nécessité de revoir la loi d’amnistie adoptée sous le régime Macky Sall, qui avait suscité la polémique. “Nous devons rendre justice aux militants du PASTEF et aux Sénégalais qui ont payé de leur vie lors des événements tragiques de mars 2021 à juin 2024», a-t-elle exigé.
Maimouna Bousso, également députée du PASTEF, a qualifié Ousmane Sonko de « leader visionnaire ». “Comme toujours, il n’a pas déçu. Il a su aborder les questions essentielles pour le développement de notre payss », dit-elle avec enthousiasme.
Cependant, tous les élus ne partagent pas cet optimisme. Thierno Alassane Sall, député non-inscrit, s’est montré particulièrement critique, qualifiant cette politique générale de «réchauffé d’anciennes déclarations des régimes précédents« . Il a également dénoncé l’absence de détails concrets sur la mise en œuvre des réformes. “Sonko parle de beaucoup de choses, mais comment compte-t-il y parvenir ? Comment financer ces réformes ? Comment rendre notre secteur privé compétitif?» » a-t-il demandé, pointant du doigt les zones grises du discours du Premier ministre.
Ousmane Sonko est censé revenir à l’Assemblée nationale pour solliciter la confiance de son gouvernement et présenter le projet de budget pour 2025. Cependant, faute de temps suffisant, ce budget sera voté sans débat, une situation qui pourrait s’aggraver. des tensions politiques déjà palpables. Avec cette politique générale, Sonko a posé les bases de sa gouvernance, mais il lui faudra convaincre davantage pour obtenir le plein soutien des parlementaires, au-delà de ses partisans.
Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondence)
28/12/2024 à 15h25