l’essentiel
La célèbre accordéoniste aveyronnaise sort un livre sur ses 40 ans de carrière, un record pour les 20 ans du viaduc de Millau et se rendra en Argentine pour les 140 ans de Pigüé.
Il y a quelques jours, nous retrouvions une Sylvie Pullès un peu nostalgique. Peut-être est-ce dû à ses nouvelles riches en couleurs avec la lueur de nombreuses bougies d’anniversaire ?
« Un livre va bientôt sortir retraçant mes 40 ans de carrière. Lorsque j’ai relu les pages avant de les valider pour l’impression, j’ai réalisé combien de temps s’était déjà écoulé, réalisant qu’il y avait plus derrière moi que devant… C’est une évidence, j’ai vécu tellement de bons moments avec de si belles rencontres. Mon parcours est atypique. J’ai eu la chance de vivre au bon moment, en faisant ce que j’aimais. Ce livre recense quelques-unes de ces périodes riches qui me font encore avancer. Les voir réunis dans cette œuvre m’a ému. D’ailleurs, je n’avais pas l’idée d’écrire un livre. Tout a commencé avec ma rencontre avec René Bécouze, au musée cabrette de Cantoin. Il m’a dit que ce serait bien si nous produisions ce livre pour mon public fidèle afin de laisser une trace. Je pensais; puis accepté. Cet ouvrage est préfacé par mon ami Pierre Bonte. Le titre de ce livre est : « Le Destin d’une reine en sabots ». J’aime ce titre qui marque mon lien avec cette ruralité que j’ai toujours défendue. Je suis également ambassadeur des départements du Cantal et de l’Aveyron. J’en suis fier. J’ai toujours porté ces deux territoires dans mon cœur. D’ailleurs, je viens de réaliser un film, entouré d’une solide équipe technique, ce qui m’a permis de rencontrer des acteurs importants de l’Aveyron et du Cantal afin de les interviewer. Ainsi, j’ai par exemple rencontré le photographe d’Espalion qui travaille toujours sur pellicule ou encore une brasserie du Cantal où je me suis rendu au viaduc de Garabit… La liste est longue. C’est une ballade qui a mis deux ans à se concrétiser. Le film sera projeté dans les salles des fêtes des lieux de tournage au cours du mois de décembre. L’objectif est de valoriser des personnes ou des lieux à connaître dans le Cantal et l’Aveyron. »
Viaduc de Millau et Pigüé
« Dans quelques semaines, on fêtera les 20 ans du viaduc de Millau. A cette occasion, j’ai remasterisé la chanson que j’avais diffusée lors de l’investiture en présence du président Jacques Chirac. Ce titre : « Si tu vas à Millau » a été diffusé au moment de sa sortie dans 170 pays. Ce fut un grand succès. Pour les 20 ans du viaduc, je le sors en chantant le texte ; ce qui n’était pas le cas lors de sa création. Cette nouvelle version sera distribuée gratuitement par le département de l’Aveyron »
Et, toujours dans cette série d’anniversaires, Sylvie Pullès sera à Pigüé, en Argentine, fin novembre, pour marquer les 140 ans de cette enclave aveyronnaise d’Amérique du Sud.
«Je voulais y retourner. Ce sera la quatrième ou la cinquième fois. Un groupe d’Aveyronnais s’y rend pour assister aux commémorations, dont la confection d’une omelette géante que leur confrérie possède également. Je vais être intronisé dans cette fraternité. C’est la force de la musique de proposer des moments de rencontres de cette nature où le plaisir est essentiel.
Quand on parle de rencontres, il faut ajouter celle de Sylvie Pullès avec Julien Lasalle, le frère de l’ancien député, Jean Lasalle. « En effet, avec Julien, qui est berger, nous avons réalisé un titre musical couplé à un clip sur le thème de la transmission agricole. Ce titre, tourné dans les Pyrénées, s’appelle : « Le pays de mon grand-père » et depuis sa sortie il a cumulé plus de 20 000 vues sur YouTube.
Tracez votre chemin
Au-delà de cette riche actualité, Sylvie Pullès est confrontée à une autre réalité, celle d’un instrument, l’accordéon, qu’on n’écoute plus autant qu’autrefois. « Je suis lucide. On ne danse plus sur Tino Rossi. Le temps passe, les mœurs évoluent. Aujourd’hui, les gens veulent faire de la danse en ligne alors que l’époque de la musique country semble révolue. Il ne faut pas rêver, les grands ensembles qu’on a connus avec l’accordéon à l’honneur, c’est fini.»
Pourtant, rien ne dit que ce qui fut ne pourra pas renaître un jour ? «Je suis un artiste dans l’âme. J’y crois. Je ne suis pas déprimé. J’ai sorti 24 albums, étant souvent auteur et compositeur. J’ai cette flamme créatrice en moi. Quand j’ai fait mes débuts sur scène, avec mon père en juillet 1984, je n’imaginais pas tout ce qui allait suivre. Cette force vit en moi. Je continue à faire des galas en France. Il y a encore des gens qui aiment l’accordéon, qui voyagent pour assister à des spectacles. Ce n’est certes plus la même chose qu’avant, mais j’ai la passion qui me porte. Alors oui, une certaine forme de nostalgie m’habite, notamment quand j’ai dû regarder le passé à cause de ce livre. J’ai alors réalisé à quel point j’avais eu une vie d’artiste fantastique pendant tant de décennies. L’ère du covid a tout cassé. Il faut maintenant construire un autre avenir. Je travaille tous les jours pour y parvenir.