La Bibliothèque nationale de Strasbourg traque ses livres à l’arsenic

La Bibliothèque nationale de Strasbourg traque ses livres à l’arsenic
La Bibliothèque nationale de Strasbourg traque ses livres à l’arsenic

Il y a quelques années, un conservateur américain a tiré la première alerte en lançant le « Poison Book Project » afin d’identifier, localiser et cataloguer les œuvres contaminées.

Mais un électrochoc a eu lieu plus récemment, selon Mme Therstappen, “lorsque les bibliothèques allemandes ont commencé à retirer” les livres suspects lors d'”opérations de très grande envergure”, comme en début d’année à l’université de Bielefeld où “60.000 livres » ont été mis de côté le temps de déterminer s’ils contenaient ou non de l’arsenic.

« Cela a vraiment remis en question le monde des bibliothèques », analyse le conservateur.

De par son histoire, la BNU dissimule plusieurs « livres verts » d’arsenic dans les fonds colossaux abrités dans son imposant bâtiment néoclassique. Fondée au moment de la première annexion allemande (1871-1919) de l’Alsace-Moselle, la deuxième bibliothèque de France compte quelque 3,5 millions de documents, dont de nombreux ouvrages allemands acquis par le Reich Wilhelmine.

Les recherches débutées il y a un mois ont permis jusqu’à présent de détecter « une trentaine » d’œuvres portant le roi des poisons, explique Aude Therstappen.

A Paris, la Bibliothèque nationale de France (BnF) a annoncé avoir « mis en quarantaine » quatre livres décorés à l’arsenic.

Dans les bibliothèques de l’Université de Strasbourg, indépendantes de la BNU, “aucun” livre de ce type n’a été identifié mais “tout ouvrage à couverture verte publié au XIXe siècle” est considéré comme “suspect” et un “protocole (…) est en cours de validation auprès de l’université », indique un porte-parole.

Dans les médiathèques de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, les collections “en accès direct ne sont pas concernées par le risque de contamination à l’arsenic”, car elles datent presque toutes du XXe ou du XXIe siècle, explique le service d’information. presse, précisant qu’une recherche « plus approfondie » sera menée au cours de l’été.

L’Université de Lorraine indique ne pas avoir procédé à un « recensement systématique », le risque étant « très faible ».

Le BNU n’a pas opté pour des actions aussi drastiques que celles observées à Bielefeld. “On parcourt le catalogue puisqu’on a un point qui nous donne une idée de la rubrique dans laquelle chercher”, explique Mme Therstappen.

Ensuite, il faut « aller voir » les œuvres pour « se rendre compte s’il s’agit ou non de ‘livres verts’ » qui, en cas de contamination, resteront « en magasin », protégés « dans des boîtes ou des sachets en carton non acides ». », poursuit-elle.

– « Pas un risque majeur » –

Les commerçants qui devront les manipuler seront également protégés et les lecteurs souhaitant les consulter ne pourront le faire qu’en salle du patrimoine, où des gants jetables leur seront proposés.

Reste que les quantités potentiellement présentes dans ces livres sont sans doute minimes, estime Thierry Aubry, le responsable de l’atelier de restauration.

« Il faudrait manger plusieurs couvertures pour être empoisonné », dit-il. Il est impossible d’ignorer l’alerte, mais « jusqu’à preuve du contraire, elle ne constitue pas un risque majeur ».

Selon lui, « les fines poussières des magasins » qui peuvent être inhalées par le personnel constituent « bien plus un danger » que « le risque de prendre » ou de « toucher » des œuvres par ailleurs rarement consultées.

« Je comprends que cela fasse un peu le buzz mais à mon avis, en l’état, il n’y a pas de risque sanitaire avéré », relativise-t-il.

 
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