Le texte approfondit l’investissement psychique et psychologique d’un danseur hors du commun pour conquérir son titre de star, et la réalité de ce qu’il a vécu pour l’obtenir ; entre frustration, humiliation, solitude, épreuves et adversité, surtout souffrance multiple et permanente, celle d’un corps incontrôlable qui souvent ne suit pas la force de l’esprit. Et quel esprit !
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All photos © book cover: Le Prix de l’Etoile (240 pages / Robert Laffont editions)
Rebelle contre toute forme d’autorité et de discipline, François Alu, qui a mis debout des salles entières de spectateurs, a longtemps cru qu’il obtiendrait enfin son étoile… surtout quand il pensait, selon les rumeurs, la mériter après avoir surpassé lui-même dans un solo de tous les diables (dont un saut d’obstacles type « assemblées »,…) sur les scènes de l’Opéra de Paris, arraché à force de volonté malgré blessures, chagrins et obstacles physiques divers… cet épisode fait tout le valeur du chapitre « révolte » dont la lecture laisse pantois. On y médite sur la force inimaginable du tempérament d’un danseur.
Celui qui suit le cursus complet, prépare chaque concours et obtient chaque titre convoité, est en réalité un tempérament de feu, un rebelle dont la créativité et l’imagination artistique suscitent l’incompréhension, la désapprobation ou de vives critiques. Le moule de l’école de danse puis de l’Opéra National de Paris ne lui convenait guère.
Le texte est ponctué, ponctué de références à des figures et des mouvements de danse, à des procédés purement techniques (« glisse », « 540 », « tours de jambe », « assemblage », « cassé », cassé volé », « tourne en l’air », « fondu »…) autant de prouesses dont nombre de sauts les plus divers dont il a fait sa spécialité et qu’il a assimilé et qui constitue un vocabulaire lentement appris et maîtrisé ; chacune donne lieu à plusieurs récits écrits comme souvenirs d’un apprentissage difficile et particulièrement éprouvant ; dont la dureté est souvent compensée par ses propres poèmes, hautement cathartiques. François ALU est un hypersensible, un brisé au cœur tendre qui avoue ici sa douleur, ses frustrations que sa détermination a transformées en Source de dépassement de soi. En témoigne une apparence athlétique et une énergie bondissante extraordinaire qui le distingue très vite de ses collègues masculins. François Alu incarne ce que l’académisme ne peut transmettre : la flamme, le caractère, le dépassement de soi.
la star François Alu,
un cœur tendre et rebelle
Celui qui avait la vocation de danser en regardant Patrick Dupont danser à la télé, qui voulait devenir une star, a peu à peu perdu le lien et la confiance qui le liaient à l’administration et à l’institution. Seule l’ancienne directrice de la danse, Brigitte Lefèvre, a pu estimer la valeur de l’inclassable danseur. Lorsqu’il remporte enfin son titre de star en 2022 (au terme d’une représentation de La Bayadère), il est trop tard. François Alu le dit lui-même : aucune émotion. L’attente s’est transformée en lassitude. Et l’artiste songe déjà à quitter le navire parisien, pour une autre trajectoire qui n’en compte qu’un sur scène… Nommé en avril 2022, il renonce à une carrière prestigieuse et devient danseur libre de toutes contraintes dès le novembre suivant. Avec de nouvelles valeurs : la créativité, la productivité et surtout le partage, ce dernier si absent lors de ses années de formation.
A travers ce livre de confession qui raconte le parcours d’un des danseurs les plus doués, – et le plus atypique-, c’est aussi l’échec de l’Institution parisienne qui s’écrit de page en page ; incapacité à comprendre, mesurer, accompagner un tempérament aussi talentueux et déterminé. Environnement extrêmement compétitif, cadre disciplinaire strict, … chacun jugera. François Alu revient sur le parcours d’une autre danseuse qui n’a pas hésité à régler ses comptes avec l’institution et sa directrice, Marie-Agnès Gillot dans un livre également écrit à la première personne et au titre bien titré. trouvé : « Sortez de la boîte » (CLIC de CLASSIQUENEWS, mai 2016). En fin de lecture, la figure du danseur qui a enfin pu se libérer, suscite l’admiration et l’estime fraternelle. S’il n’a pas pleinement profité de son titre de star, François Alu a néanmoins réussi à trouver sa voie.
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CRITIQUE, livre événement. François ALU : Le Prix Étoile (240 pages / Robert Laffont editions)