Dans “Le Tombeau”, Marc Graciano déclare sa flamme à Jeanne d’Arc – rts.ch

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Avec « Le Tombeau », l’auteur français Marc Graciano poursuit son exploration littéraire de la vie de Jeanne d’Arc, donnant la parole à un vieil ermite solitaire dont le discours sinueux dessine le portrait d’une jeune fille terreuse et libre.

Deux ans après « Johanne », récit racontant la chevauchée de Jeanne d’Arc, Marc Graciano brûle toujours pour la Pucelle. Tombé amoureux de sa Johanne, l’auteur français envisage une trilogie. Mais pourquoi se restreindre, quand la passion est là ? « The Tomb » n’est donc que le deuxième volet d’une saga promise à de multiples spin-offs et déclinaisons.

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Une musicalité unique

Il le dit dans un éclat de rire : au lieu d’entendre des voix, Marc Graciano a des visions. Et ces visions peuplent ses récits de personnages ambulants, de villes et de vallées capturées dans la nudité des temps anciens. Pour donner corps à ce Moyen Âge suspendu, l’auteur développe, depuis « Liberté dans la montagne » (2013), une musicalité singulière. Phrases sinueuses déployées tout au long du chapitre, vieux lexique décanté d’une lecture assidue de dictionnaires historiques, le style Graciano invite ses lecteurs à s’abandonner à un « magma » poétique bouillonnant de gestes, de sensations et d’idées. des images intemporelles.

Mais mon moment préféré reste celui des matins d’automne, où le soleil à peine levé, mais déjà triomphant, tandis que brille encore l’étoile du jour, celle même nommée Vénus, à partir de laquelle il semble qu’elle ait d’abord façonné la lumière imparfaite de l’aube, transmue la lumière plate albine qui, je vous l’avoue, par sa pâleur, me fait toujours tomber dans le désespoir (…)

Extrait de « Le Tombeau » de Marc Graciano

Sur l’utilisation du vocabulaire

Dans « Le Tombeau », aucun mot n’appartient à une période postérieure au XVe siècle. Prouesse stylistique, ce nouveau roman joue aussi malicieusement avec l’art de la digression. L’homme qui parle et qui évoque, au profit d’un public fictif, l’enfance de Jeanne d’Arc est un vieil ermite, confesseur occasionnel de la jeune fille. Alors, est-ce la solitude qui le rend si verbeux ? En évoquant ses souvenirs, son admiration pour la Pucelle, l’ermite lâche prise, accorde à son récit de grandes embardées dont on suit les mouvements successifs avec un certain vertige.

Oui, il divague ! Il est très seul, avec tous les dangers de la solitude que peuvent connaître les ermites. Nous appelions cela « l’acédie », ce sentiment d’abandon, de ne plus être connecté. Il va donc tenter de faire revivre Jeanne d’Arc.

Marc Graciano, auteur de « Le Tombeau »

A travers les réminiscences de cet ermite amoureux, se dessine le portrait d’une « Johannette » sensuelle, en communion directe avec ce Dieu qu’elle rencontre dans l’eau de pluie, dans le vol d’un oiseau ou le bruissement des insectes. .

A la manière d’un historien contemporain, l’ermite de Marc Graciano traverse le folklore, élague le mythe et ses miracles pour révéler la personnalité touchante d’une Jeanne de chair et de sang, hippie avant l’heure, « sectaire » et révolutionnaire à la fois. L’enjeu ne l’a pas détruite puisque la jeune femme revit ici, sortant du tombeau poétique que lui offre ce roman pascal.

Nicolas Julliard/mh

Marc Graciano, « Le Tombeau », éd. Le Tripode, avril 2024.

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