« Mon travail de photographe était déjà en cours. C’est la même chose pour mes romans »

« Mon travail de photographe était déjà en cours. C’est la même chose pour mes romans »
« Mon travail de photographe était déjà en cours. C’est la même chose pour mes romans »

Êtes-vous déjà allé dans l’Oise ?

Dans l’Oise, non, mais dans les Hauts-de-France oui. Il y a plus de 25 ans maintenant, j’ai réalisé un reportage photographique sur les fermetures d’usines dans le Nord/Pas-de-Calais, et sur les gens qui se sont mis en grève pour obtenir de meilleures conditions de départ. J’ai travaillé sur ce sujet pendant deux ans. Le résultat a été présenté à La Villette (Paris).


Quel est votre parcours ?



A la base, je suis photographe-reporter. J’ai d’abord travaillé à Montréal, où je suis né. Puis j’ai déménagé en France. J’ai collaboré avec de nombreux magazines français. Il y a une quinzaine d’années, j’avais envie de faire un travail plus artistique. Un premier projet m’a emmené sur la commune des Bosquets de Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Puis une seconde à Créteil (Val-de-Marne), avec l’aide de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), où, pendant un an, j’ai travaillé sur le thème de l’amour dans les villes. C’est alors que j’ai découvert la Maison des femmes de Saint-Denis, où j’ai commencé à animer un atelier avec une auteure/designer, Clémentine du Pontavice. L’idée cette fois était de travailler sur les corps des femmes victimes de violences. Le résultat a été publié en 2021 dans un livre, Réparer l’intime. Cet atelier d’estime de soi s’est poursuivi. Elle existe désormais depuis huit ans à la Maison des femmes et a également été implantée à La Pitié Salpêtrière (NDLR : au sein de l’unité Casavia qui vise à lutter contre les violences faites aux femmes et à promouvoir la santé sexuelle).

Vos romans démontrent tous un engagement fort…

ADN féminin parle en fait de violence contre les femmes. Mon premier, Colère chronique(NDLR : sorti en 2023) évoquait la cruauté du monde du travail pour les plus de 50 ans. Mon travail de photographe était déjà en cours ; on retrouve finalement la même chose dans mes romans, mais racontée d’une manière différente. Quand je racontais des histoires avec des photos, il y avait des visages de gens et ça me posait un problème. C’était ma limite. Dans le roman, les gens sont anonymes ; ce sont des histoires que je mélange. Ce que je veux dire, je peux le dire sans que quelqu’un l’approuve avec son nom et son identité.

Vous utilisez néanmoins beaucoup l’humour, même sur des sujets difficiles.

J’espère qu’on rigole, oui ! L’humour permet de se détendre, de prendre de la distance. Et même si dans mon travail de photographe et de journaliste j’ai été proche de la réalité, je ne suis pas sociologue. Utiliser l’humour, à travers le roman policier, me permet d’aller plus loin. Je n’ai pas les compétences nécessaires pour écrire un livre qui ne soit pas de la fiction. Même s’il y avait effectivement Réparer l’intimeen 2021. Mais il s’agissait plutôt d’un livre de témoignage.

L’autre fil conducteur de vos romans est Diane, votre personnage principal.

Je voulais un anti-héros. Diane n’est pas toujours très sympathique. Je ne voulais pas d’un personnage parfait, qui endosserait la moralité, la vertu… Parce que ça n’existe pas dans la vraie vie. Et je ne voulais pas faireADN fémininun roman où toutes les femmes sont parfaites et les hommes sont tous des salopards. Je voulais parvenir à un équilibre. Diane a une force vitale, je dirais même une rage de vivre ; c’est quelqu’un qui ne réfléchit pas toujours avant d’agir, qui est sur un coup de tête. Et son côté loufoque permet de se remettre en question.

Est-ce compliqué d’être auteur dans un genre, celui du polar (NDLR : Louise Oligny fait partie des Louves du polar, un collectif qui vise à promouvoir les écrits d’auteurs de polar francophones), dominé par les hommes ?

Le monde du polar est extraordinaire ! Quand j’ai commencé à faire des shows, ce fut une belle surprise. J’y rencontre des gens solidaires, curieux les uns des autres. J’ai aussi un merveilleux monteur qui me soutient dans tous mes projets. Ainsi en effet, quand on regarde les ventes, les quinze plus gros best-sellers de littérature policière en France sont écrits par des hommes. Mais en même temps, elles ont du talent… Pourtant, je sens que les choses changent, que les femmes prennent de plus en plus de place. Ça arrive !

Diane sera-t-elle de retour dans votre prochain roman ?

Oui. Au début, je cherchais quelque chose de différent, quelque chose de très très drôle. Mais plus je l’écris, plus je me rends compte que Diane devra finalement faire face à de nouveaux problèmes. Au final, ce sera aussi un roman engagé.

ADN féminin

ADN fémininLouise Oligny, BlackLab, 288 pages, 20, 90€

 
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