Michel Layaz se livre aux jeux de l’amour et du hasard

Michel Layaz se livre aux jeux de l’amour et du hasard
Michel Layaz se livre aux jeux de l’amour et du hasard

Michel Layaz se livre aux jeux de l’amour et du hasard

Chaque semaine, Michel Audétat vous recommande un livre qui l’a fait réfléchir, amusé, ému…

Michel Audétat

Publié aujourd’hui à 12h06

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On se souvient avoir lu un roman de Michel Layaz intitulé « Deux sœurs » (Zoé, 2011) ; celui qu’il publie aujourd’hui lui fait écho : « Deux filles ». L’une s’appelle Olga ; elle est la fille du narrateur et vit avec lui à Paris, où elle étudie l’histoire de l’art. L’autre s’intéresse davantage au maraîchage et son prénom évoque la déesse de la lune : Sélène. Elles se sont rencontrées en Asie, d’où elles viennent de rentrer amoureuses l’une de l’autre. Divorcés et un peu vexés, le narrateur s’abreuve de leur jeunesse joyeuse. Le trio s’entend à merveille. Harmonie et entente parfaite. On ne sait pas quel nuage pourrait assombrir ce ciel bleu.

Pourtant une menace s’insinue à pas feutrés. D’abord des impressions floues, des pressentiments sourds. Puis des présages, des coïncidences où le hasard se révèle un peu trop objectif. D’où vient le malaise du narrateur face à Sélène ? On comprend vite que l’amour n’en est pas la cause ; il vient d’ailleurs et même de loin, mais nous n’en dirons pas plus pour ne rien dévoiler. Soulignons plutôt le talent de l’écrivain, qui sème le trouble avec tant de subtilité. Freud parlait d’une « inquiétante étrangeté » pour désigner l’angoisse face à des réalités familières qui prennent soudain un visage inhabituel. Michel Layaz renverse en quelque sorte la perspective : Sélène est une inconnue qui va plonger le narrateur dans l’angoisse d’une familiarité inquiétante.

L’esprit du mal est absent de ce roman qui coule comme une eau claire. « Deux filles » raconte un drame sans coupable (sauf les dieux du hasard jouant aux dés avec les destinées humaines). Au contraire, tout est baigné d’une lumière d’innocence, comme celle qui rayonne des dessins de Gédéon, un artiste génial et sans-abri des bords de Seine. En tirant sur cet autre fil, le roman franchit la frontière franco-suisse et mène à Lausanne. Il s’achève à la Collection de l’art brut, où celui qui en fut le premier directeur (Michel Thévoz) joue un petit rôle en guest star.

A lire : « Deux filles », Michel Layaz, Zoé, 160 p.

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