L’artiste vaudois Etienne Delessert, père de Yok-Yok, est décédé dimanche à l’âge de 83 ans. Il résidait dans le Connecticut et luttait contre un cancer.
L’artiste vaudois Etienne Delessert est décédé dimanche des suites d’un cancer à l’âge de 83 ans. L’illustrateur, père du personnage Yok-Yok, vivait dans le Connecticut (USA) depuis près de 40 ans. Il avait exploré tous les genres picturaux.
Etienne Delessert.Image : wikipédia
Etienne Delessert est décédé à Son domicile de Lakeville, a annoncé lundi son ami Jacques Poget à Keystone-ATS, confirmant une information de 24 Heures. L’artiste est l’auteur de plus de 80 livres, dont certains ont été traduits en 15 langues. Pendant de nombreuses années, il dessine également les couvertures des albums d’Henri Dés. « Il a eu un parcours extraordinaire, se souvient Jacques Poget.
Large palette
Bac latin-grec, il entame un apprentissage de graphiste, puis il devient artiste autodidacte, sans fréquenter une école des Beaux-Arts. Il se fait connaître à Paris, puis à New York, d’abord dans la publicité, l’affiche, puis dans l’illustration, le cinéma d’animation et la peinture. Jacques Poget souligne :
« C’était un peintre remarquable, malheureusement peu connu. Il a créé des peintures sur la nature dans le Connecticut qui sont absolument sensationnelles.
Etienne Delessert est une figure du livre jeunesse, créant de nombreux albums dont « La Corne de Brume » ou les aventures de Yok-Yok le petit lutin coiffé d’un chapeau rouge en forme de champignon. En 1971, avec le soutien de Jean Piaget, il publie « Comment la souris reçoit une pierre sur la tête et découvre le monde », une œuvre d’un genre nouveau qui s’appuie sur une démarche artistique et scientifique.
L’artiste s’est également fait connaître à l’échelle internationale en tant que dessinateur de presse. « Au lendemain de l’explosion de la navette Columbia, le New York Times lui a demandé une illustration, publiée en première page. Il a imaginé une sorte d’ange qui tourne autour de la terre. C’était très onirique», raconte Poget, ancien rédacteur en chef du 24 Heures.
Delessert avait une « patte » très reconnaissable. « Il a toujours gardé son style. L’ensemble était très cohérent », ajoute son ami. Il a reçu le Grand Prix Suisse de Design pour l’ensemble de sa carrière en mars 2023ainsi qu’une pléthore de récompenses à l’étranger.
Image : © Robert F. Haiko
« Son univers originel mêlait le bizarre au quotidien et le grotesque au charme », a réagi le Conseil d’Etat vaudois dans un communiqué. Ce « funambule curieux et doué » a su passer « de la création d’œuvres fantaisistes et légères destinées au jeune public à des dessins de presse pointus et sans compromis liés à l’actualité la plus brûlante ».
Échec du supersaxo
Après l’échec de son grand projet de film d’animation « Supersaxo » – qui fit faillite et resta inachevé – il quitta la Suisse pour les États-Unis, où il était très populaire. Jacques Poget note :
« Il avait un caractère très fort. Au cours de sa vie, il s’est brouillé puis est redevenu ami avec de nombreuses personnes.
Fin janvier 2024, après une série d’échanges entre l’artiste et le canton, une convention est signée constatant le don de 220 œuvres dans différentes techniques et sur différents supports. Ces ouvrages – principalement des livres et des illustrations pour enfants – seront répartis entre les bibliothèques cantonales et universitaires et les archives cantonales. La création d’une exposition liée à cet héritage est en cours. La rétrospective se tiendra du 28 mars au 29 juin 2025 à l’Espace Arlaud à Lausanne. (jah/ats)
