l’auteur de « L’Anomalie » donne vie à un monde résistant, modeste, simple et splendide – .

l’auteur de « L’Anomalie » donne vie à un monde résistant, modeste, simple et splendide – .
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Hervé Le Tellier, 67 ans, a connu son jour de gloire le 30 novembre 2020 lors de la remise du prix Goncourt du L’anomalie (Gallimard), immense succès vendu à plus de 1,4 million d’exemplaires en grand format et en poche et traduits dans le monde entier.

Quatre ans après ce triomphe aussi critique que populaire, son nouveau livre, Le nom sur le mur, est radicalement différent. Ce n’est plus un roman mais une histoire très personnelle et magnifique qui commence le jour où il découvre un nom gravé sur le plâtre de la maison qu’il avait achetée en Drôme provençale, à La Paillette – Montjoux, près de Dieulefit. Écrit en majuscules, le nom ANDRE CHAIX figurait également sur le monument aux morts de Montjoux avec ses dates de naissance et de décès, mai 1924 – août 1944. André Chaix était un résistant, résistant mort pour ses idéaux à l’âge de 20, deux mois et 30 jours.

Rencontre avec Hervé Le Tellier

Hervé Le Tellier est parti de cette occasion pour tenter de faire revivre André Chaix et son époque avec le courage qu’il fallait à des hommes et des femmes comme lui pour combattre les nazis.

L’écrivain a reconstitué au plus près cette courte existence, aidé par les nombreuses photos retrouvées et qu’il a publiées dans le livre.

L’histoire n’est pas le roman d’André Chaix, souligne Hervé Le Tellier, car c’est tout autant le partage que l’écrivain fait avec ses lecteurs de ce qu’il a découvert et pensé en écrivant ce livre. Son enquête l’interpelle aujourd’hui : « J’ai voyagé à cette époque que je ne connaissais pas, mais qui m’a constitué et a partagé avec vous ce que j’ai appris en écrivant. »

Que faisais-tu à vingt ans ?

L’année 2024 est le centenaire de la naissance d’André Chaix et 80 ans se sont écoulés depuis sa mort, « mais en regardant le monde tel qu’il est, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il faut toujours parler de l’Occupation, de la collaboration et du fascisme, du racisme et du rejet de l’autre jusqu’à sa destruction. »

Hervé Le Tellier déclare d’emblée qu’il voulait « donner une voix aux idéaux pour lesquels André Chaix est mort et interroger notre nature profonde, notre désir d’appartenir à quelque chose de plus grand, qui mène au meilleur et au pire. »

Il se met parfois en scène, se demandant ce qu’il faisait quand il avait vingt ans, en 1977, l’âge de la mort d’André Chaix.

Avec une écriture modeste, simple et splendide, il rend André Chaix présent, vivant, auprès de ses amis, de sa famille. « Un grand soleil d’hiver illumine la colline, comme la nature est belle et comme mon cœur se brise. » chantait Léo Ferré dans l’affiche rouge, à la gloire des résistants fusillés.

mouette

Ne jamais céder à l’idée de l’infériorité des autres est la fidélité suprême à ce qui nous rend humains.

En quelques courts chapitres, Hervé Le Tellier nous parle autant de la lâcheté sans nom des collaborateurs en France que du courage des résistants.

Dieulefit

Il rend justice à Dieulefit qui fut pendant la guerre un refuge qui sauva tant de juifs, de résistants, d’intellectuels, qu’aucun habitant du village ne dénoncé à la police de Vichy.

Hervé Le Tellier ne peut pas se cacher « colère et rage » qu’il garde en lui depuis qu’il a découvert le film au lycée Nuit et brouillard par Alain Resnais. En 2024 encore, répète-t-il ; « Nous ne débattons pas de telles idées, nous les combattons. Parce que la démocratie est une conversation entre peuples civilisés, la tolérance s’arrête à l’intolérable. »

L’anomalie d’Hervé Le Tellier

Ce petit livre est d’autant plus poignant qu’il est une réponse au questionnement d’Hervé Le Tellier qui explique qu’il ne peut « penser à la mort, ma mort, l’apprivoiser, pour enfin donner un sens à une vie qui n’en a pas ». A la fin du récit, il rend hommage à André Chaix dont le récit de sa vie lui a permis «pour explorer cette époque où la générosité et le courage côtoyaient comme rarement l’égoïsme et l’abject. »

André Chaix est devenu comme un membre d’une famille qu’il dit n’avoir jamais eue. Avec cette histoire, il peut désormais donner un sens à son regard chaque fois qu’il voit le nom gravé sur le plâtre et « souriez toujours avec fraternité ».

Cela permet aussi de redonner un nouveau souffle à cette merveilleuse parole de fraternité si essentielle dans le brouillard inquiétant de 2024.

Le nom sur le mur | Histoire | Hervé Le Tellier | Gallimard, 165 pp. 19,80 €, numérique 14 €

EXTRAIT

« Le Troisième Reich était censé durer mille ans, il en aura douze. Mais ces onze années suffiront à façonner des hommes et des femmes terribles. Le nazisme a catalysé chez certains spécimens d’humanité leur extraordinaire aptitude à l’inhumanité. Il nous pose constamment la question de savoir ce qu’est un homme et ce qui l’émeut.

 
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