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« Ce que nous devenons », d’Anne-Sophie Brasme, Flammarion, 288 p., 20 €, numérique 15 €.

La précocité littéraire est-elle un don ? A la lecture du cinquième roman d’Anne-Sophie Brasme, on en doute. Née en , la jeune femme publie son premier ouvrage à 17 ans. A la rentrée 2001, Respirer (Fayard) a fait sensation, projetant celui qui n’était encore qu’un adolescent inexpérimenté dans le chaudron médiatique et les paillettes de Saint-Germain-des-Prés. C’est en tout cas ce que l’on comprend à la lecture, plus de vingt ans après, du texte d’inspiration autobiographique dans lequel elle revient sur cette période. Mesurer et évaluer le chemin parcouru, Ce que nous devenons questionne avec une belle lucidité ce que sont le succès et l’échec quand, aux yeux des autres et à ses propres yeux, on n’a pas tenu les promesses que les premiers succès avaient suscitées.

S’adressant à la jeune fille enthousiaste et sûre d’elle qu’elle était, qui imaginait à quel point cette publication lui conviendrait “portes ouvertes”, la narratrice apprend à voir la franchise dont elle a fait preuve pour ce qu’elle était. Ce qui l’a fait, à l’époque, passer brusquement du statut de « jeune prodige » dont « un gaucher plein de charme » a été touché par celui de « petite dinde » incapable de démontrer “brio” que son succès exigeait. Faisant fi des codes du milieu dans lequel elle évolue, elle aborde avec un “Curiosité naïve et distante” des situations – un poste de télévision aux côtés de Michel Houellebecq, par exemple – qui la mortifieraient aujourd’hui. Des humiliations qui l’ont amenée, écrit-elle, à quitter Paris en 2005 après l’échec de son deuxième roman, en se promettant de ne plus jamais écrire.

A tous les auteurs

Le livre d’Anne-Sophie Brasme pourrait presque être lu comme une adresse à tous les auteurs qui souffrent du refus de leur manuscrit et désespèrent d’être un jour publiés. Assurez-vous, semble-t-elle leur dire, que vous êtes choisi pour les bonnes raisons – pour la qualité de votre texte et non pour ce que vous représentez comme une opportunité pour un éditeur avide de « mouvements littéraires ».

Mais comment le savoir et surtout comment y résister ? Il est très facile, après coup, de refaire l’histoire et d’avoir des regrets. Si le regard d’Anne-Sophie Brasme frappe par son acuité, c’est justement parce que l’écrivaine échappe à cet écueil, parvenant à faire preuve d’indulgence sans céder à la complaisance. Au fil des pages, dans cette longue lettre vivante et touchante, entrecoupée de dialogues avec son psychanalyste, l’écrivaine apprend à distinguer les vertus de l’écriture et les mirages de la publication. Si la première donne de la densité à sa vie en lui permettant de retrouver la femme qu’elle est devenue, la seconde n’aurait pu faire d’elle qu’une parvenue.

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