la chambre d’écho de la littérature


Pierre Mazet, président des Escales, lors de l’édition 2023.

Pierre Planchenault

LLes Escales du livre ont lieu du 5 au 7 avril. Cet événement annuel est depuis plus de vingt ans la chambre d’écho de la littérature : les domaines de l’écriture, des arts visuels et du spectacle s’y engagent. Cette année encore, le festival n’a pas de fil conducteur ni de thème sous-jacent. Pierre Mazet, président d’Escales, explique que « nous pouvons aborder différents enjeux sociétaux, de l’intelligence artificielle aux nouvelles normes d’égalité des sexes, en passant par les femmes iraniennes ». Au total, 84 rendez-vous, 24 spectacles pour un budget de 570 000 euros.


Rachida Brakni sera aux Escales 2024 pour « Kaddour ».

Jean-Christophe Sounalet/SUD-OUEST

Cette année, parmi les invités figurent Maylis Besserie, Nathalie Azoulai, Mokhtar Amoudi, Rachida Brakni, Nancy Huston et Marie Nimier. Cette dernière, romancière et parolière française, vient présenter « Confidences tunisiennes », son 16e roman de Gallimard. Une délicieuse expérience littéraire entre l’entretien et la nouvelle qui, à l’instar de ces Escales, procède par petites touches pour dresser un portrait subtil et complexe d’une société.

A l’origine de ces « Confidences tunisiennes », une mystérieuse dame en vert, qui interpelle en vain Marie Nimier après une lecture en Tunisie. Une rencontre ratée qui va pousser l’auteur à retourner au pays pour recueillir la parole des habitants.

Marie Nimier vient présenter « Confidences tunisiennes », son 16ème roman chez Gallimard.


Marie Nimier vient présenter « Confidences tunisiennes », son 16ème roman chez Gallimard.

Francesca Mantovani

« Je voulais juste recevoir des confidences. Je ne savais pas à quoi ça allait ressembler. Le tableau est né de l’écoute des gens », observe Marie Nimier. Là où l’on a l’impression de ne lire que des informations disparates, se dessine un portrait kaléidoscopique du pays. Sexe, argent, voile, politique, homosexualité : « Tout ce qui n’est pas dit déboule en confidences. L’humanité est un grand cadeau, nous y rencontrons nos semblables. Nous avons tous les mêmes questions, la noirceur, le bonheur, les désirs, même si les règles du jeu, la religion, la culture sont différentes”, ajoute-t-elle.

Gérard Mordillat viendra pour son recueil de poèmes, « L'Obscur tympan du monde ».


Gérard Mordillat viendra pour son recueil de poèmes, « L’Obscur tympan du monde ».

Le livre sur scène

Dimanche, au Théâtre National Bordeaux Aquitaine, Marie Nimier sera accompagnée de la comédienne Naidra Ayadi pour la première représentation de « Confidences tunisiennes ». La mise en scène du texte est une tradition aux Escales du livre depuis quinze ans. La romancière, à chacune de ses publications, tente de trouver une forme performative et spectaculaire pour le présenter. Parfois, avec un musicien, un danseur, un peintre. Et cette fois, elle n’a pas voulu faire la lecture elle-même : « J’ai rencontré Naidra Ayadi, elle a eu envie de partager cette parole, j’ai trouvé ce génie tunisien. C’est une lecture dramatisée, avec quelques mots en tunisien. Parce qu’on va le tourner en Tunisie aussi, pour rendre ce qu’on m’a donné. »

Cette édition d’Escales donnera également lieu à encore plus de croisements entre auteurs et musiciens. Au-delà de la simple lecture musicale. « A travers ces images, Les Escales contribuent à renouveler l’image que l’on se fait de l’écrivain. Nous introduisons une forme de polyvalence, d’interactions avec le texte. Ce n’est pas un hasard si Marie Nimier est aussi parolier, explique Pierre Mazet. Ce sont des auteurs attachés à la numérisation de leurs textes. Nous allons découvrir ce que cela nous dit sur le métier d’écrivain aujourd’hui. »

Hippolyte Girardot vient pour son premier récit, « Un film disparaît ».


Hippolyte Girardot vient pour son premier récit, « Un film disparaît ».

Klara Vinter Koch

A travers le slam, les blogs, les mangas, Pierre Mazet « pose aussi la question de l’évolution du langage. Son hybridation est intéressante. » En témoigne le débat de samedi « Le français va très bien, merci » avec Anne Abeillé et Jean-Marie Klinkenberg pour Les Linguistes atterrées.

Il aura fallu quinze ans à Beata Umubyeyi Mairesse pour enfin écrire « Le Convoi ».


Il aura fallu quinze ans à Beata Umubyeyi Mairesse pour enfin écrire « Le Convoi ».

Laurent Theillet/Sud Ouest

Le festival n’évite pas les sujets tabous : la simplification du langage ou l’intelligence artificielle (débat samedi avec Nathalie Azoulai, Alexandre Gefen et Laura Sibony). Dimanche, Kiléma, le premier éditeur français dédié à Falc (Facile à lire et à comprendre), sera présenté par Cécile Arnoult, sa fondatrice.

La nature ne sera pas en reste : samedi, Sophie Avon, journaliste de longue date à « Sud Ouest » côté cinéma, exposera son « Goût du bonheur ». Catherine Poulain, dans « L’Ombre d’un grand oiseau », racontera l’histoire des bêtes, des frêles insectes. Enfin, le dialogue entre Thomas Flahaut et Léonard Chemineau aura pour thème : « Lutte écologique : David contre Goliath ».

Et pour soutenir la création littéraire, quoi de mieux que de faire appel à un éditeur ? Les maisons Hervé Chopin, Les Monédières, Confluences, l’Ire des marges, Passiflore et Le Gospel participeront au jeu pendant trois jours.

Programme complet à retrouver sur escaledulivre.com

 
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