Le village du livre de Redu fête ses 40 ans ce week-end de Pâques et « ses visiteurs ont désormais envie de vivre des expériences »

Le village du livre de Redu fête ses 40 ans ce week-end de Pâques et « ses visiteurs ont désormais envie de vivre des expériences »
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En 1984, Redu, déjà village spatial avec la présence de l’ESA depuis la fin des années 1960, devient village du livre. A l’origine de cette renommée, Noël Anselot, entouré notamment d’un ami, le journaliste de la RTBF Gérard Valet et le maire de Libin de l’époque, Léon Magin, qui avait donné l’impulsion au village du livre. Une première fête du livre accueille Redu lors du week-end de Pâques 1983. Des libraires commencent alors à s’installer dans ce petit village de Libin.

Les années passent et le village du livre connaît son heure de gloire. Aujourd’hui Redu ne compte qu’une dizaine de librairies. Mais la tradition a bel et bien perduré. Hors crise du Covid, la fête du livre est un événement incontournable du week-end de Pâques. Et ce samedi, dimanche et lundi, Redu soufflera les bougies du 40ème anniversaire de la naissance du village du livre. Tout un programme est concocté lors de ce week-end de Pâques.

Une quarantaine d’exposants et d’animations

Une quarantaine d’exposants s’installeront dans les rues du village et les librairies seront forcément ouvertes. L’occasion de dénicher le livre convoité, le bon plan ou le coup de coeur.

Il est impossible de tout énumérer, mais en voici un avant-goût.

Une toute nouvelle promenade poétique, baptisée « Joie de Livre », sera inaugurée. Durant trois jours, Luc Templier exposera ses calligraphies et peintures dans l’église de Redu. Pour cet anniversaire, une grande chasse aux livres est proposée… 40 livres seront cachés dans le village, tous portant un numéro donnant droit à une récompense.

Bière et Monopoly

Un jubilé qui sera célébré avec une bière spéciale qui pourra être dégustée pour la première fois lors de cette fête du livre. Le Monopoly « Spécial Redu » sortira officiellement ce week-end. Samedi soir, place au Bal des Livres à partir de 20h

Des animations seront également proposées tout au long du week-end. Et différents acteurs du village seront associés à cet anniversaire avec également des rencontres. A l’image du Mudia avec une chasse aux livres dans ses tableaux, de la Space Art Gallery qui ouvrira ses portes pour la première fois ou encore du Reduiste avec des activités autour du livre.

Le papetier René Lefer proposera des marque-pages, des affiches ou fêtera cet anniversaire avec des puzzles. Des artisans seront également présents à ses côtés. Les géants de Redu apparaîtront même dans les cours des anciennes écoles. Les petits marchés de Redu sont associés au week-end.

Et pour garder un souvenir de ce 40ème anniversaire, du village, « La petite caravane dans la prairie », photomaton vintage, fera escale à Redu ce week-end.

Infos : Entrée : 4 €/voiture, pour le stationnement (billet valable 3 jours), programme complet sur la page Facebook de l’Office de Tourisme : www.facebook.com/tourisme.libin ou sur le site du Redu village du livre (rubrique animations) www. redu-villagedulivre.be


Même si les librairies ne sont plus majoritaires, de nouvelles initiatives privées ont vu le jour ces dernières années à Redu. Les pouvoirs publics ne sont donc plus nécessairement aux commandes. Le point à l’aube de cet anniversaire avec l’adjointe au maire de Libin, Anne Laffut.

Redu et son développement ont déjà fait l’objet d’études. Dont un vaste audit en 2011 dans lequel il était question de diversifier l’offre. Avec le recul, cette étude a-t-elle servi à quelque chose ?

La salle événementielle qui sera construite au bas du village peut être considérée comme une continuation de ces réflexions. La salle devait être construite d’ici l’été. Il peut être utilisé à de nombreuses occasions. Redu est une destination de randonnée populaire et l’offre touristique a été élargie.

Ces dernières années, de nouvelles initiatives ont en effet vu le jour comme Mudia, le Moulin de la Dîme ou encore la nouvelle Space Art Gallery. Mais il s’agit à chaque fois d’initiatives privées. Le village de Redu est-il donc toujours une priorité pour les autorités communales ?

Nous n’oublions pas Redu. Par exemple, lors de la réforme des centres touristiques, nous avons repris l’office de tourisme. Celui-ci fait le lien avec le monde associatif et organise des événements. Mini-Redu notamment est une initiative de l’office de tourisme. Nous possédons encore des bâtiments municipaux et avons rénové l’ancien « Mât de Cocagne » pour relouer le bâtiment. Le centre du village a fait l’objet de travaux. La rénovation des anciennes écoles est incluse dans notre PCDR. Tout cela complète les initiatives privées pour générer un nouveau dynamisme

Les librairies n’ont plus de place centrale. Enfin, Redu a-t-il encore une identité de village du livre ?

Le livre doit rester un élément central mais on ne peut plus, en effet, tout miser sur le livre. Les visiteurs ne viennent plus forcément à Redu pour acheter des livres mais souhaitent désormais vivre des expériences. Redu évolue également de plus en plus vers un village artistique et culturel. C’est dans cet esprit que nous avons décidé de vendre l’ancienne maison de village mais à condition que le bâtiment soit dédié à un projet culturel. Chez Redu, il y en a pour tous les goûts, pas seulement les amateurs de livres. Et à ce niveau, Redu dispose encore de nombreux atouts. Le secteur de la restauration fonctionne également très bien à Redu.


Le tout premier village du livre au monde est né à Hay-on-Wye, au Pays de Galles, en 1963, grâce aux œuvres d’un libraire d’Oxford. Celui de Redu fut le deuxième de la fratrie à voir le jour en 1984 sur le modèle gallois. Il reste à ce jour le seul village du livre wallon. Il existe un autre village similaire en Belgique et il est situé à Damme. Elle a été créée en 1996 et ne compte aujourd’hui que… 4 librairies.

Pour le reste, pour autant que toutes les données soient à jour, il existe une trentaine de ces villages du livre dans le monde, dont sept ou huit en France, quatre au Royaume-Uni, trois en Allemagne, un aux Pays-Bas (en Bredevoort), un en Suisse, un autre en Espagne, deux en Norvège, un en Finlande et, plus loin de nous, cinq aux Etats-Unis, deux au Japon dont un village manga, un en Malaisie et un au Canada.


Décédé en 2017, Noël Anselot, l’un des fondateurs du village du livre, parlait de Redu dans une interview en 2004

En avril 2004, nous avons rencontré Noël Anselot dans sa maison de Redu à l’occasion des 20 ans du village du livre. Il aurait eu 100 ans cette année. En guise d’hommage, nous reprenons quelques-uns des principaux points de cette interview.

Noël Anselot, toi qui es l’un des co-fondateurs du village du livre, comment tout a commencé ?

La première fête du livre a eu lieu à Pâques en 1983 et la naissance du village du livre de Redu a eu lieu un an plus tard, en 1984. Une idée que j’avais lancée avec mes amis Gérard Valet de la RTBF, le maire Léon Magin, Henri Lambert, la population des initiatives ASBL Redu et autres.

Comment vous est venue l’idée de créer ce concept de village du livre ?

Tout à fait par hasard. Ma femme est anglaise et lors d’un séjour dans son pays en 1978, mon beau-père a fait l’éloge de Hay-on-Wye, ce village du Pays de Galles. Je suis allé ici. Il y avait une centaine de librairies. dont un, où j’étais entré et qui était en train de rapporter des centaines de livres anciens achetés dans un château près de Ciney ! Une mine d’or. J’ai racheté les 40 000 livres. Une bonne partie de ces livres a servi à installer ma librairie à Redu en 1980.

Pourquoi à Redu ?

Bien que originaire de Bastogne, j’ai acheté il y a 40 ans une maison de campagne à Hamaide (Redu).

Depuis, le village du livre fait des émules dans le monde entier.

Oui. Même en Belgique. Nous avons eu plusieurs tentatives. J’ai toujours dit qu’il y avait au moins entre 300 et 400 km entre deux villages dans le livre. Il y en a un à Damme. Il existe une dizaine de libraires. C’est noyé dans cette grande ville. Pour moi, ce n’est pas un véritable village du livre.

Sinon, j’ai été invité en Malaisie par le vice-Premier ministre pour voir où ils devraient installer leur village du livre. Redu reste la référence.

Quel bilan tirez-vous après 20 ans d’existence de ce premier village du livre sur le continent ?

Je dirais que nous manquons de reconnaissance. Il semble que Redu soit ennuyeux, rendant les gens jaloux. Probablement parce que nous l’avons fait seuls. Sans un centime d’aide. C’est un véritable paradoxe d’être reconnu dans le monde entier, mais pas par la Communauté française. Nous n’utilisons pas assez la notoriété de ce village pour faire parler de nos Ardennes à travers le monde. Cependant, la demande extérieure est immense. J’appelle ici les autorités communales, provinciales, wallonnes et communautaires à mieux exploiter ce filon qu’est Redu, village le plus visité de notre espace francophone. Pour le 20e anniversaire, nous aurons enfin l’aide financière des parlements.

Que devrait offrir Redu aux visiteurs qu’il n’offre pas encore ?

Un magasin spécialisé dans les livres anciens. Depuis que j’ai arrêté ma librairie, aucune n’a repris le flambeau. Les gens sont prêts à parcourir 3 000 km pour acheter un vieux livre. Certaines librairies Redu vendent quelques livres anciens, mais ce n’est pas suffisant.


C’était « un effet d’aubaine »

Dans un entretien à L’Avenir publié en 1984, le défunt maire de Libin Léon Magin, se réjouissait de la naissance du village du livre de Redu en ces termes : « La fête du livre de l’année dernière, la première du genre en Belgique, que l’on doit principalement à Noël Anselot, a attiré 17.000 visiteurs en trois jours. C’est un succès. Ce village du livre naissant est porteur d’espoir car il permettra de créer des emplois et de stopper l’exode de nos jeunes des villages de Redu, Séchery et Lesse. La crise limite le nombre d’emplois dans l’État et les usines ferment. Ce village est une aubaine.


Un audit avait remodelé Redu

En 2011, un audit a défini comment transformer Redu de fond en comble. Peu de choses ont abouti.

Cet audit était attendu depuis des années et, en 2011, le bureau d’études Agua et Bodson Espace ont remis une imposante étude financée à 80 % par la Région et par l’Europe. La part communale s’élevait à 20%. Le but était de se donner une feuille de route pour transformer le village du livre et lui donner un second souffle. (Voir aussi l’entretien du maire ci-contre).

Qu’a-t-on lu là-bas ?

1. « L’image de Redu a vieilli. Les librairies qui paraissaient un peu bohèmes et dans l’air du temps il y a 25 ans sont devenues austères et on ne se précipite pas à la porte pour reprendre les commerces. Du côté de l’Horeca, selon l’étude, il manque un restaurant gastronomique ou étoilé.

C’est toujours comme ça.

2. “Selon une enquête réalisée en librairie, 78% des personnes déclarent venir à Redu expressément pour trouver un livre et 8% pour flâner dans le village.”

Aujourd’hui, c’est le contraire : on vient à Redu pour se promener.

3. L’étude a recommandé « la création par la Commune de cellules, sorte de petite librairie, à loyer modique, et adossée au mur de l’école. Tout ce secteur devient un centre névralgique du livre en lien avec le centre du village.

Rien de tel n’a été réalisé.

4. Le bureau d’études a vu « Le rez-de-chaussée de l’école devient le centre du livre et l’étage, la maison du village. Tandis que l’ancien hôtel de ville (aujourd’hui en train de devenir le centre d’art codirigé par le peintre Dusch) devait devenir un restaurant.. Agua a vu clairement, « sur le terrain attenant à l’école, la construction d’un petit complexe avec commerces et hébergements touristiques aux étages ».

D’autres choix ont été faits.

 
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