Claude Ponti le joue « A l’aise, Blaise » – Libération

Claude Ponti le joue « A l’aise, Blaise » – Libération
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Chaque semaine, « Libération » revient sur l’actualité du livre jeunesse. Aujourd’hui, une nana masquée règne sur Claude Ponti.

Blaise peut tout faire, ou du moins c’est ce qu’il prétend. Et c’est assez convaincant dès les premières pages de l’album, pour y atterrir avec un sursaut élancé et dynamique – bien que facile au moment de parcourir“une puce”. « Blaise, de rive en rive, arrive à l’autre côté de l’océan, qui est bien plus immense que plusieurs mers réunies côte à côte. Plus il y a de poussins à voir, mieux c’est. Il travaille pour maintenir son « des compétences particulières, uniques au monde et inégalées« . C’est une nana sérieuse, Blaise – si on veut le croire car la plupart des lecteurs ne connaissent que sa paresse à l’égard de cette nana mégalomane. Parfois il mange des éclairs au chocolat « tombant directement d’une tempête de pâtisseries sur trois coussins moelleux et chauds » ou se prélasser sur une bouée pour lire “Les nouvelles de Blaise”. Souvent il dort « que ce soit en mer ou ailleurs ». Le reste est faux. Le mensonge appartient à l’écrivain, à ses personnages. Le lecteur l’apprend quelques pages de la fin : « N’importe quelle fille peut être Blaise, il lui suffit de mettre le masque Blaise. Ce qui veut dire qu’il est impossible de savoir qui est le poussin qui porte le masque, car justement, c’est lui qui porte le masque.

En chemin, il l’échange contre celui du “vacheureuze” ou celui d’une souris, mais ses méfaits continuent. Claude Ponti ne sait plus quoi faire, alors il laisse Blaise prendre le contrôle des pages et de la langue. L’ouvrage est plein de néologismes. C’est là que l’on commence à douter : l’autorité de Blaise est superficielle. Comment peut-il inventer des mots quand il prend tout au pied de la lettre ? “Poussez un soupir” c’est comme faire avancer une créature bleue informe. Et pour le “crier”, une masse gélatineuse. Quoi qu’il en soit, il déclare : « J’ai une imagination sans limites, des idées si nombreuses qu’elles font pleuvoir en permanence, grâce à mon talent au-delà du génie. Ponti, je lui raconte mes histoires, […]les paysages, la météo » et lui apprend “les choses stupides à faire” ; tout, sauf sa maîtrise du dessin.

Né en 1948, Claude Ponticelli reçoit sa première boîte de peintures à 13 ans, cadeau de sa mère. Il prit le nom de Ponti l’Express avant de le devenir en 1986 avec la publication de L’album d’Adèle. Depuis, il continue de manger des monstres par habitude et pour éloigner la figure de son grand-père maternel qui l’a violé lorsqu’il était enfant. Il évoque ces abus sexuels dans le pied bleu (L’Olivier, 1995), un roman autobiographique. Dans ses livres, aucune créature n’a la même tête, qu’elle soit exagérément poilue dans un style réaliste ou édentée dans un simple graphisme en noir et blanc, proche de celui de la bande dessinée, elle lui fait peur. Sauf Blaise, évidemment. Il “entraîner n’importe quel monstre” en grimpant sur leur dos ou en en poussant un « Fessapikipu » avec un “fesse”. « Il peut même faire des courses pour voir avec qui il gagne » et boire des cocktails assis dans la bouche d’un « Trooper aux oreilles hurlantes. » A l’aise Blaise.

Claude Ponti, A l’aise, Blaise, Ecole de loisirs, 160 pp., 20 €. A partir de 3 ans.
 
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