“ Seules les tours émergent de la surface brillante. Ils signalent la présence de l’ancien port immergé. La gigantesque digue qui a été construite à la hâte le long de la côte des années avant la montée, pour tenter d’éviter une catastrophe, n’est pas visible. On l’aperçoit parfois au loin, rempart titanesque et vain de la ville occupée. Au sommet des tours, Janvier aperçoit les silhouettes des sentinelles. »
Ainsi, La Rochelle a sombré sous les eaux, du moins dans “Le retour de Janvier”, une fiction de Charlotte Dordor parue aux éditions Julliard (22 euros). L’auteur, attendu à La Rochelle le 23 mars, signe l’un des romans les plus remarqués de ce début d’année, une odyssée dans un pays en proie à une catastrophe climatique et aux conséquences qui s’ensuivent : érosion accélérée du système, attentats , tensions politiques (écologistes contre l’identité), censure, etc. Un roman d’anticipation dans lequel l’année n’est jamais donnée mais dont les éléments du décor ressemblent fortement à ceux que l’on connaît.
Charlotte Dordor signe avec “Le retour de janvier” son premier roman.
Charlotte Krebs
ville sans vie
Toute la première partie se joue à La Rochelle, victime du changement climatique. Le héros, Janvier (référence à Janus, dieu de la transition chez les Romains), y enseigne jusqu’à ce qu’une épidémie entraîne l’évacuation de la ville.
Avant d’arriver à ce point de non-retour, le centre se pratique en bateau les jours de grande marée. Des objets jonchent le sol, des maisons menacent de s’effondrer. Le cœur de La Rochelle s’est presque vidé après les pillages. Le héros s’installe à l’hôtel de la Bourse : « Les matins de hautes eaux, quand janvier ouvre les gigantesques rideaux et voit les mouettes barboter dans l’eau du cloître, il semble vivre dans un palais vénitien », écrit Charlotte Dordor.
---“J’étais à La Rochelle, j’ai regardé la ville qui est vraiment une ville magnifique et je me suis demandé à quoi elle pourrait ressembler si elle était sous l’eau”
Pourquoi avoir choisi La Rochelle pour camper votre monde post-catastrophe climatique ? A franceinfo, l’auteure, qui vit entre la région parisienne et l’Auvergne et qui avait déjà en tête l’écriture d’une odyssée, a expliqué qu’elle avait cliqué dans la ville portuaire : “C’était un jour où j’étais à La Rochelle, je regardais à la ville qui est vraiment une ville magnifique et je me suis demandé à quoi elle pourrait ressembler si elle était sous l’eau. »
Atlantide
La Rochelle est devenue une nouvelle Atlantide et ses alentours ne sont plus que marécages, l’Ile de Ré est citée comme la première zone militarisée, Beaulieu est déserté : « Cela fait quelques mois que le centre commercial a fermé, tous les commerces du même fois, quand la mer a tout ravagé pour la troisième fois, peut-être la quatrième. C’était un point d’approvisionnement important pour les Rochelais. »
Dans le Cantal, le héros retrouvera plus d’espoir, sans jamais savoir si la débâcle est arrivée ou à venir. Question qu’on a cessé de se poser à La Rochelle, du moins dans le roman.
(1) La rencontre avec Charlotte Dordor du jeudi 23 mars à La Rochelle aura lieu aux Rebelles Ordinaires, rue des 3 Fuseaux. L’entrée est gratuite mais la réservation est obligatoire ([email protected]).