News Day FR

Les Québécois se sentent nord-américains et loin de la , révèle un sondage

Le Québec n’est pas (encore) un nouvel État aux États-Unis, mais c’est certainement une zone culturelle nord-américaine.

Un sondage très récent démontre qu’une très grande majorité de Québécois se sentent culturellement beaucoup plus proches du reste de l’Amérique que de la .

L’enquête du cabinet Léger réalisée entre le 29 novembre et le 2 décembre 2024 auprès d’un échantillon de 1 002 résidents du Québec posait la question suivante : « Vous, personnellement, vous considérez-vous plus proche de la culture française ou plus proche de la culture nord-américaine ? »

La conclusion devient imparable. Les trois quarts (73 %) des Québécois choisissent leur coin du monde, et à peine un sur six (16 %) opte pour l’Europe. Une personne sur dix (12 %) refuse de répondre ou ne peut pas se décider, peut-être parce qu’elle ne peut pas répondre « les deux ».

Les résultats ne varient pas beaucoup selon l’âge, le sexe et même la langue ! Les non-francophones se disent plutôt nord-américains à 77% et francophones à 71%. Le pourcentage de Québécois parlant le français le plus souvent à la maison est de 77,5 %, selon les données de Statistique Canada de 2021.

L’enquête, obtenue exclusivement par Devoira également mesuré notre sentiment envers la France. Dans ce cas, une majorité de francophones (52%) se disent éloignés et seulement 5% se disent « très proches ». Le groupe s’identifiant à la France est plus nombreux à Montréal (19 %) et parmi les diplômés universitaires (25 %).

« Nous ne sommes pas des Américains français, comme le disait le général de Gaulle : nous sommes des Nord-Américains francophones », résume le professeur Guy Lachapelle de l’Université Concordia.

L’enquête a été commandée par le Centre d’études sur les valeurs, les attitudes et les sociétés (CEVAS), qu’il dirige. Une première enquête, réalisée en 2022, aboutissait à peu près aux mêmes conclusions. Ces enquêtes s’inspirent d’une autre menée auprès des jeunes en septembre 2002 et parrainée par le Consulat général de France à Québec. Ce portrait avait déjà essentiellement établi que les jeunes Québécois s’identifiaient comme nord-américains.

L’impérialisme annexionniste

Les déclarations expansionnistes du président élu Donald Trump, qui prêtera serment lundi, semblent signaler le retour d’une doctrine du XIXe siècle.e siècle. La tentation de l’intégration, volontaire ou non, refait périodiquement surface depuis la fondation de la République américaine. L’américanité canado-québécoise est discutée depuis presque aussi longtemps. Les livres sur le sujet remplissent les étagères.

L’américanisation est évidente partout depuis des décennies, dans l’aménagement des villes, les transports et la surconsommation. Elle est grandement amplifiée avec la révolution numérique et le déplacement de la culture vers les écrans. L’influence des États-Unis se fait profondément sentir partout, dans toutes les sphères d’activité, dans la culture populaire et dans les départements universitaires.

Cette influence impériale est visible dans de nombreux autres pays occidentaux. Dans ses derniers livres (La France sous nos yeux2021 et La France après2023), l’enquêteur Jérôme Fouquet montre un pays également sous perfusion culturelle américaine croissante. Les preuves apportées vont de l’habillement à la surconsommation, des films aux séries télévisées, des centres commerciaux aux restauration rapide et au barbecue.

Dans le même temps, des différences marquées persistent ici et là. Le Québec se démarque encore par sa langue française, ses institutions, son État-providence fort (garderies, assurance médicaments, congé parental, études abordables), sa défense de la laïcité, mais aussi par la faiblesse de la religion. dans les débats publics, égalité entre hommes et femmes, etc.

« Être de culture nord-américaine ne veut pas dire qu’on accepte toutes les valeurs nord-américaines », résume le professeur Lachapelle, actuellement en congé sabbatique pour rédiger un essai sur le sujet. « Le Québec s’inscrit clairement dans les valeurs sociales-démocrates. »

Le territoire et la carte

Il fournit cette fois pour preuve une carte des valeurs des différents pays dressée en 2023 à partir d’enquêtes internationales du réseau World Values ​​Survey. La classification délimite huit grandes zones : le confucianisme, le christianisme orthodoxe, l’Afrique et l’islam, l’Amérique latine, l’Asie du Sud et de l’Ouest, l’Europe catholique, l’Europe protestante, les pays anglophones.

Le Québec, détaché du Canada, se rapproche alors nettement des pays européens de tradition protestante. On retrouve également l’Allemagne, les pays scandinaves, les Pays-Bas et la Suisse. Le reste du Canada se classe parmi les pays catholiques européens, dont l’Espagne, l’Autriche et… la France.

Les États-Unis se positionnent évidemment aux côtés des « peuples anglophones », comme aurait dit Winston Churchill, mais dans une zone quasi-autonome. Une proximité très relative s’établit alors entre la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, mais aussi le Canada dans son ensemble, incluant toutes les provinces, dont le Québec. On perd notre latin…

«Nous avons une vie très américaine, mais des valeurs très européennes aussi, sans oublier l’influence britannique», commente Guy Lachapelle, avant de conclure sur la nécessité de défendre ces particularités. « Nous devons résister et défendre nos valeurs distinctes. Résister, c’est se battre sur le front politique, prendre notre place pour défendre notre culture, nos intérêts et notre façon d’exister. Nous devons également trouver du soutien aux États-Unis dans ce combat. Il faut souligner l’alchimie avec certains éléments de la classe politique américaine. Trump ne représente pas toute l’Amérique… »

A voir en vidéo

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :