Le nouvel homme fort de la Syrie, Ahmad al-Chareh, a reçu dimanche le chef de la diplomatie turque ainsi qu’une délégation du Liban, promettant la fin de l’influence syrienne « négative » chez son voisin, deux semaines après la chute du pouvoir de Bachar al-Chareh. Assad.
Le ministère turc des Affaires étrangères a annoncé que Hakan Fidan avait rencontré Ahmad al-Chareh, et une vidéo de l’agence officielle Anadolu les montrait en train de s’embrasser.
Le chef des renseignements turcs, Ibrahim Kalin, s’était déjà rendu dans la capitale syrienne quatre jours seulement après la prise du pouvoir par des groupes rebelles dominés par des islamistes radicaux, le 8 décembre.
Des diplomates de différents pays, dont les États-Unis et la France, se sont depuis rendus à Damas pour rencontrer les nouvelles autorités.
Et Washington a renoncé vendredi à l’offre de récompense pour l’arrestation du nouveau dirigeant syrien, dont le groupe radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) est pourtant toujours classé comme « terroriste » par plusieurs pays occidentaux.
Un haut diplomate syrien a déclaré à l’AFP à Riyad que le gouvernement saoudien avait également établi des contacts directs avec les nouvelles autorités syriennes et enverrait une délégation à Damas.
« Distances égales »
Chareh a également reçu dimanche à Damas le chef druze libanais Walid Joumblatt, pour une première rencontre avec un dirigeant de ce pays voisin, qui a souffert pendant des décennies de l’ingérence du clan Assad, à qui sont imputés de nombreux actes de violence, dont de multiples assassinats.
La Syrie n’aura plus « d’ingérence négative au Liban et respectera la souveraineté du Liban, son intégrité territoriale (…) et sa stabilité », a assuré Ahmad al-Chareh.
“Il se tiendra à égale distance de tout le monde” au Liban, a-t-il ajouté, affirmant que la Syrie était dans le passé “une source de peur” au Liban.
Joumblatt était à la tête d’une importante délégation de députés de son bloc parlementaire, dont son fils Taymour, qui lui a succédé à la tête du Parti socialiste progressiste, et des dignitaires religieux druzes.
Il s’est entretenu au palais présidentiel avec Ahmad al-Chareh, qui est apparu pour la première fois en costume-cravate, et qui était connu jusqu’à présent sous son nom de guerre Abu Mohammad al-Jolani.
Joumblatt accuse le gouvernement syrien déchu d’avoir assassiné son père, Kamal Joumblatt, en 1977, pendant la guerre civile libanaise. Les assassinats de nombreux autres dirigeants libanais anti-syriens sont attribués à l’ancien président Bachar al-Assad et à son prédécesseur, son père Hafez.
La minorité druze, secte ésotérique issue de l’islam, est répartie entre le Liban, la Syrie et Israël.
Après la chute de Bachar al-Assad, qui se posait en protecteur des minorités dans un pays à majorité sunnite, les nouvelles autorités, issues des islamistes de HTS, sont scrutées sur la manière dont elles traiteront les minorités dans un pays multiethnique. et multiconfessionnel.
Le gouvernement de transition s’est déjà engagé à respecter les droits de tous les Syriens.
Chareh a appelé les Libanais à « effacer de leur mémoire le souvenir de l’ancienne Syrie au Liban ».
Milices iraniennes
L’armée syrienne est intervenue au Liban en pleine guerre civile en 1976 et lors de différents épisodes du conflit libanais, avant de se retirer en 2005 sous la pression populaire après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafik Hariri. .
Le fils de Rafik Hariri, Saad, et de nombreux hommes politiques libanais avaient accusé le gouvernement syrien de cet assassinat, pour lequel un tribunal international a déclaré coupables les membres du Hezbollah pro-iranien, allié de la Syrie.
Le nouveau dirigeant syrien a également dénoncé le rôle joué par l’Iran en Syrie, affirmant que la présence de « milices iraniennes constituait une source d’inquiétude pour tous les pays régionaux et internationaux ».
La Russie et l’Iran, avec leurs milices alliées et notamment le puissant Hezbollah, ont été les principaux soutiens du pouvoir de Bachar al-Assad lors de la guerre civile qui a débuté en 2011 et fait quelque 500 000 morts.
L’Iran « n’a pas » de mandataires au Moyen-Orient et « n’en a pas besoin », a déclaré dimanche le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei.
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