Des zones toujours à risque
Sur les pentes abruptes du Pico de Loro, ces menaces semblent cependant lointaines. En milieu de semaine, cette montagne est peu fréquentée, à l’exception de quelques touristes qui ont déserté la COP16 pour venir à la rencontre de la biodiversité colombienne.
Ce n’est pas vraiment un problème ici. Les mines se trouvent principalement dans la région de Peñas Blancas
une montagne à 15 km du centre de Cali, Samey Acosta me répond. Le jeune guide dit conduire des groupes au sommet du Pico de Loro plusieurs fois par semaine sans incident.
L’année dernière, les autorités du parc ont enregistré plus de 28 300 visites.
Malgré les opérations des derniers mois, certains secteurs des Farallones de Cali échappent encore au contrôle des autorités, qui constatent une augmentation des délits environnementaux. Dans ces régions où la présence de groupes armés est suspectée, les gardes forestiers ne s’aventurent plus, de peur de mettre leur vie en danger.
Alors que plus d’une douzaine d’incidents ont été signalés aux autorités du parc l’année dernière, les opérations dans certaines stations ont récemment dû être suspendues. Depuis le mois d’août, les salariés sont la cible de menaces et d’actes de violence de la part des membres de ces groupes armés.
On estime également qu’il y a une augmentation de la présence de cultures illicites dans ces secteurs où l’exercice de l’autorité environnementale est limité.
m’explique la direction de PNNParcs naturels nationaux de Colombie.
Le pays le plus dangereux pour les défenseurs de la nature
De 2018 à 2024, 361 dirigeants et défenseurs de l’environnement ont été assassinés en Colombie, ce qui en fait le pays où le taux de crimes environnementaux est le plus élevé. Les victimes sont principalement issues des communautés autochtones et afro-descendantes. Selon un rapport de la Fondation Paix et Réconciliation, dans 66% des cas, les auteurs des meurtres n’ont jamais été identifiés.
Après la paix, de nouvelles tensions
Depuis plus de 50 ans, le conflit entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a marqué le quotidien des Colombiens. Cette guérilla, qui a fait de la violence et de l’extorsion son mode opératoire, a mené des attaques armées et des prises d’otages qui ont choqué le pays.
Durant ces années, les FARC furent l’une des seules autorités à régner dans les secteurs les plus reculés des parcs nationaux. Leur présence a longtemps découragé les Colombiens d’emprunter certains sentiers en forêt, jugés moins sûrs. Par endroits, des forêts entières ont été rasées pour laisser la place à des plantations de coca, tandis que les ressources étaient extraites du sol jusqu’à épuisement.
La signature de l’accord de paix qui a mis fin aux hostilités en 2016 n’a cependant pas facilité le travail dans tous les parcs nationaux.
L’accord avec le gouvernement a conduit au retrait des guérilleros dans plusieurs zones. D’autres factions armées, parmi lesquelles des dissidents des FARC, l’Armée de libération nationale (ELN) et le Clan del Golfo, en ont profité pour s’implanter et prendre le contrôle du pays.
« Après l’accord de paix, les menaces et les situations à risque se sont multipliées, obligeant le personnel à quitter les territoires ou à travailler uniquement dans quelques secteurs. »
Les groupes armés, dont l’ELN, ont compris que l’environnement pouvait s’avérer être un levier efficace pour négocier avec le gouvernement.
Historiquement, elle a été une des armes utilisées pour contrôler le territoire et obtenir des concessions des autorités.
déclare Johanna Andrea Martínez Villa, ingénieur forestier et spécialiste de la conservation des forêts.
Par exemple, ils menaceront de polluer une rivière ou placeront des bombes dans des conduites de pétrole ou dans de vieilles canalisations, sachant l’impact environnemental que cela entraînera.
dit-elle.
Suite à l’accord de paix, la déforestation a également connu une nette augmentation dans les parcs nationaux : elle a culminé en 2021 avant d’enregistrer son niveau le plus bas des 20 dernières années en 2023.
Si les autorités y voient une conséquence directe d’activités criminelles, Johanna Andrea Martínez Villa rappelle que la population a également pu réinvestir le territoire après le départ des FARC. A la place des forêts abandonnées depuis des années, des champs et des pâturages ont été aménagés.
C’est le résultat du manque de réglementation et de l’absence des institutions dont nous disposons pour contrôler adéquatement l’ensemble du territoire.
note-t-elle.
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