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un tremplin pour les jeunes créateurs

Crédit photo, Cem Özdel/Anadolu via Getty Images

il y a 9 minutes

Depuis 22 éditions, la Dakar Fashion Week (DFW) s’impose comme une vitrine incontournable des créateurs africains. Cette année, sept jeunes créateurs sont montés sur le podium avec leurs collections, tous avec une ambition : se faire connaître.

Si le défilé final est sans aucun doute le point culminant et certainement le moment le plus populaire du DFW, les défilés de jeunes créateurs restent une activité majeure de cet événement devenu incontournable dans le monde de la mode africaine.

Pour preuve, c’est la seule activité qui se déroule sur deux jours. Pour l’édition 2024, elle s’est étendue du 5 au 6 décembre. Deux journées durant lesquelles journalistes, acheteurs et influenceurs ou simplement passionnés de mode ont pu apprécier la créativité de sept créateurs venus du Mali, d’Afrique du Sud, du Congo et du Sénégal.

D’ailleurs, Adama Paris, styliste et promoteur du DFW explique que l’objectif en l’étalant sur deux jours est de donner une plus grande visibilité à ces talents émergents. “Nous les aidons à promouvoir leur marque, nous ne les aidons pas à trouver des sponsors car ils n’ont pas encore vraiment les compétences pour cela.”

Elle souligne qu’il s’agit d’abord d’offrir « une tribune où ils sont mis en avant. Nous invitons les acheteurs, les grandes chaînes de distribution…. »

Crédit photo, Instagram Adama Paris

Légende de l’image, Adama Paris-promoteur de la Fashion Week de Dakar

La vente est justement une des raisons qui a poussé Boubabcar AG Midaye à voyager du Mali à DFW.

La trentaine, le promoteur de la marque Mida Style n’est vraiment pas un inconnu des podiums. Lauréat du Festival International de la Mode en 2021, il est également promoteur de l’événement mode « Labo Kayesien ». Il s’inspire de sa culture touarègue, créant dans son travail un mélange entre le nord et le sud du Mali.

Crédit photo, John Wessels via Getty Images

Légende de l’image, Mida Style à la Fashion Week de Dakar 2024

Pour la Fashion Week de Dakar, il a présenté sa collection « Toumah », une collection unisexe à base de tissus maliens dont le bogolan et le pagne tissé.

L’objectif, « promouvoir les artisans maliens. À travers moi, leur tissu voyage au-delà des frontières », nous confie-t-il fièrement.

Interrogé sur la raison de sa présence à la Dakar Fashion Week, « c’est toujours un plus de montrer ses créations au-delà des frontières pour découvrir d’autres publics, d’autres clients », déclare-t-il avant d’ajouter « J’espère vraiment vendre. Je suis venu dynamiser ce que je vis afin de pouvoir réaliser de nouvelles créations et pouvoir rémunérer les artisans avec qui je travaille. »

Faites-vous connaître et vendez

D’un jeune créateur à l’autre, l’ambition est pratiquement la même : faire découvrir ses créations, et les vendre. Le DFW Young Designers’ Fashion Show est également le lieu où se déroulent les premiers pas des nouveaux créateurs.

Crédit photo, Getty Images

Légende de l’image, La marque Adama Paris lors du défilé final de la Dakar Fashion Week 2024

C’est le cas de Dior Ndiaye, styliste et mannequin sénégalaise qui a vécu son baptême du feu sur les grands podiums en tant que styliste. D’ailleurs, la demoiselle n’a pas pu retenir ses émotions lors de son ultime show. Sa marque, Three-Di, est un pont entre tradition et modernité, un mélange entre tenues de grandes occasions et styles urbains, où les tissus sénégalais prennent vie sur des coupes contemporaines.

Être présente au DFW était pour elle l’occasion idéale de présenter sa marque. « J’ai eu la chance d’évoluer dans le domaine en tant que mannequin depuis plus de cinq ans. La Dakar Fashion Week était à mes yeux le seul moyen de faire connaître la marque », nous confiait-elle juste après son premier défilé en tant que créatrice.

Crédit photo, John Wessels via Getty Images

Mais DFW n’est pas qu’une scène. Elle joue le rôle d’incubateur de jeunes stylistes, comme le rappelle Roméo Moukagni, promoteur de la marque Romzy.

Jeune créateur lors de l’édition 2018, il est aujourd’hui une figure incontournable de la mode en Afrique francophone. Selon lui, sa participation à DFW a contribué à sa renommée. « J’avais un client avec qui nous travaillions depuis longtemps ; et après avoir creusé, il s’est avéré que ma visite à la Fashion Week de Dakar était le pont qui le menait à moi », se souvient-il.

Crédit photo, John Wessels via Getty Images

Légende de l’image, Des mannequins se rassemblent avant le défilé final de la Dakar Fashion Week au Parc Hann, Dakar, le 7 décembre 2024

Six ans après son défilé dans la section jeunes créateurs du DFW, il estime qu’aujourd’hui plus qu’hier, présenter sa collection lors de cet événement pour jeune créateur vaut vraiment la peine. Il explique : « le système, les publics, n’étaient plus les mêmes il y a six ans. L’événement a gagné en maturité.

Cependant, le promoteur de l’événement Skin Print estime qu’une communication approfondie sur le travail des jeunes stylistes « où l’on verrait le processus créatif, ses difficultés pourrait aider à avoir du soutien ».

Les Fashion Weeks en Afrique : un moteur pour la mode

Crédit photo, John Wessels via Getty Images

En son genre, la Dakar Fashion Week est la pionnière des Fashion Weeks en Afrique francophone, la « seconde qui a duré dans le - ». Une longévité qui a joué un rôle dans la notoriété de la mode sénégalaise et même africaine » selon Adama Paris.

Ces dernières années, on a assisté à une multiplication des Fashion Weeks sur le continent. Chaque capitale a désormais sa fashion week.

Parmi les plus connues : Lagos Fashion, la South Africa Fashion Week et très récemment Abidjan Fshion Week d’Elie Kouame ou encore la Mboti Week à Douala (Cameroun).

Loin d’être un mimétisme, il témoigne de l’engouement du secteur de la mode. “C’est une excellente chose!” » se réjouit Adama Paris. « C’est nécessaire à l’économie, car ça met en valeur les créateurs, ça connecte créateurs et consommateurs, ça connecte créateurs et acheteurs. »

Selon l’UNESCO, 32 pays africains organisent des semaines de la mode et du textile au niveau régional et international.

Dans son rapport « Le secteur de la mode en Afrique : défis et opportunités croissants » 2023, il est mentionné qu’en 2020, « la valeur du marché de l’habillement et de la chaussure était estimée à 31 milliards de dollars » sur le continent. Preuve qu’il s’agit d’un domaine à fort potentiel.

Et les Fashion Weeks stimulent l’emploi dans les secteurs connexes. Adama Paris estime également que l’économie de la mode est sous-estimée car « la mode fait vivre tant de personnes en Afrique : tailleurs, mannequins, maquilleurs, etc. »

 
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