Plus d’un million d’Ukrainiens se sont retrouvés sans électricité jeudi matin après une nouvelle attaque aérienne « massive » russe contre des infrastructures énergétiques, sur fond d’escalade des menaces de Moscou contre l’Ukraine et l’Occident.
Cette vague d’attentats intervient au moment où Moscou intensifie sa pression militaire sur l’Ukraine, en attendant, comme les Européens, l’arrivée à la Maison Blanche en janvier de l’imprévisible Donald Trump.
La Russie s’attaque depuis près de trois ans aux infrastructures énergétiques ukrainiennes, afin de saper le moral de la population et handicaper la logistique de l’armée ukrainienne, une tactique qui se heurte jusqu’ici à la résilience des Ukrainiens et des équipes. maintenance qui répare les dégâts causés par les bombardements.
Alors que les températures avoisinaient les 0°C jeudi, “une fois de plus, le secteur de l’énergie fait l’objet d’une attaque massive de l’ennemi”, a déploré jeudi matin sur Facebook le ministère de l’Energie, German Gualouchchenko.
Il y a des « coupures d’urgence dans tout le pays », a constaté sur Facebook le patron d’une des sociétés de distribution d’électricité de Yasno, Sergiï Kovalenko, qui a précisé que celles-ci pourraient durer au moins jusqu’au soir.
Dans la région occidentale de Lviv, plus de 500 000 clients ont été plongés dans le noir, selon le gouverneur Maksym Kozytskiï, et 215 000 habitants dans la Volyn voisine.
Dans la région de Rivne, 280 000 personnes sont privées d’eau courante selon les autorités régionales.
La région de Kiev, les régions d’Ivano-Frankivsk et de Khmelnytsky connaissent également des coupures de courant, mais les autorités n’ont pas quantifié la population touchée.
Dans le sud, le maire de Mykolaïv, Oleksandr Senkevych, a annoncé que les tramways et les trolleybus ne circuleraient pas en raison des coupes budgétaires et que les écoles resteraient fermées toute la journée.
– « Faire la guerre aux civils » –
Mardi, la Russie avait promis une « réponse » – sans en préciser les contours – à deux nouvelles frappes ukrainiennes avec des missiles américains ATACMS contre son territoire les jours précédents.
La semaine dernière, Vladimir Poutine a prévenu l’Occident, à la suite des toutes premières attaques ukrainiennes menées avec des missiles occidentaux contre le sol russe, que Moscou se réservait le droit d’attaquer directement les pays qui aident Kiev voire de tirer à nouveau son « Orechnik » à portée intermédiaire. missile hypersonique contre l’Ukraine.
Pour le chef de cabinet du président Volodymyr Zelensky, Andriï Iermak, la Russie « poursuit sa tactique terroriste » et veut « faire la guerre aux civils pendant (…) l’hiver ».
De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir détruit dans la nuit 25 drones ukrainiens au-dessus de la région de Briansk, proche de la Biélorussie, de la Crimée et de la région de Rostov (sud).
Sur le front, Moscou réalise des gains territoriaux à une vitesse sans précédent depuis début 2022 face à une armée ukrainienne affaiblie, à moins de deux mois de l’entrée en fonction de Donald Trump aux Etats-Unis, ce qui pourrait constituer un tournant si le président élu venait à réduire, voire arrêter complètement, l’aide américaine vitale à Kiev.
Mercredi, l’administration du président sortant Joe Biden a appelé Kiev à abaisser l’âge minimum de mobilisation militaire à 18 ans au lieu de 25 ans actuellement pour compenser le manque de soldats face à l’avancée des forces russes, notamment autour de les villes de Pokrovsk, Kurakhové et Koupiansk.
Cet appel intervient au moment où Donald Trump pourrait adopter une approche radicalement différente et pousser Kiev à négocier avec Moscou, une décision redoutée par les Européens, qui tentent entre-temps de faire front commun.
– « Pas assez de soldats » –
Dans ce contexte très incertain, un haut responsable de l’actuelle administration américaine a déclaré mercredi sous couvert d’anonymat que l’Ukraine était confrontée à une crise « existentielle » dans le recrutement de nouveaux volontaires.
« La vérité est que l’Ukraine ne mobilise et n’entraîne pas actuellement suffisamment de soldats », a-t-il déclaré froidement.
Kiev a déjà abaissé cette année l’âge minimum de mobilisation de 27 à 25 ans, sans toutefois reconstituer ses rangs.
Donald Trump a de son côté annoncé qu’il nommerait l’ancien général Keith Kellogg, 80 ans, qui a appelé Kiev à plusieurs concessions, comme émissaire pour mettre fin à la guerre entre l’Ukraine et la Russie.
Très critique à l’égard des milliards de dollars débloqués par Washington pour Kiev, le président élu a promis de résoudre la guerre entre l’Ukraine et la Russie avant même de prêter serment le 20 janvier – sans jamais expliquer comment.
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