Selon Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l’Institut français de géopolitique (rattaché à l’université Paris VIII), il ne faut pas abandonner le projet d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, car il constitue «une idée réglementaire pour l’avenir d’une Ukraine libre, sûre et souveraine« . Entretien.
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Selon vous, quelle est la probabilité que l’Ukraine rejoigne l’OTAN ?
La probabilité est faible en raison de l’opposition des États-Unis et de l’Allemagne. Toutefois, une telle décision est prise par consensus au sein de l’OTAN. Il faut en outre que les combats cessent et qu’il y ait d’abord un accord de cessez-le-feu, puis un accord de sécurité. Dans l’état actuel des choses, l’entrée dans l’OTAN est un engagement pris, certes, mais sinus le.
mouetteUn conflit gelé est une guerre suspendue, et une guerre suspendue est une guerre reportée.
Quelles alternatives l’OTAN pourrait-elle proposer à Kiev en cas de refus ou de report de cette adhésion ?
Dans le cadre de l’OTAN, il existe déjà un partenariat de haut niveau et un Conseil OTAN-Ukraine. En attendant une hypothétique adhésion de l’Ukraine, des accords de sécurité bilatéraux ont été signés mais les garanties de sécurité sont en deçà de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord. Une coalition de bonne volonté, dirigée par Paris et Londres, est également envisagée et discutée. Cela s’inscrirait dans le cadre d’un accord global qui gèlerait la situation sur le théâtre d’opérations, où des troupes européennes seraient déployées pour assurer la sécurité du territoire ukrainien. Bref, le scénario d’un confit glacé. Rappelons cependant qu’un conflit gelé est une guerre suspendue, et qu’une guerre suspendue est une guerre reportée.
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Le Kremlin utilise-t-il ce thème dans sa stratégie politique ?
Dans l’état actuel des choses, Vladimir Poutine mène une guerre totale contre l’Ukraine, avec en ligne de mire l’Union européenne et l’OTAN. Le Kremlin veut prendre le plus de territoire possible à l’Ukraine, détruire ce qu’il ne peut pas conquérir, réduire l’Ukraine libre à un État souche, sans alliés, potentiellement privé d’accès à la mer Noire, une sorte de non-être géopolitique. Mais au-delà de cela, les ambitions sont encore plus grandes, à l’échelle de l’Eurasie post-soviétique, de l’Europe, voire du « monde post-occidental ».
Ne pensons donc pas qu’un cessez-le-feu et un déploiement de troupes européennes en dehors de l’OTAN puissent attirer Vladimir Poutine. Ce serait juste une pause tactique pour lui. Une solution hors OTAN aurait pour Moscou l’avantage d’affaiblir la solidarité géopolitique des alliés européens avec les États-Unis, et de menacer l’avenir de l’Alliance atlantique. Un tel déploiement, même sans troupes américaines, devrait également être soutenu par l’OTAN et les États-Unis.
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