Tremblement de terre électoral en Roumanie : un candidat pro-russe que personne n’attendait est arrivé en tête dimanche au premier tour de l’élection présidentielle. Il devance le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu.
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25 novembre 2024 – 04:06
(Keystone-ATS) D’abord nettement avancé par les sondages à la sortie des urnes, le leader social-démocrate de 56 ans a vu se lever dans la soirée son rival d’extrême droite de 62 ans, Calin Georgescu. Après avoir dépouillé 98,66% des bulletins, M. Georgescu a obtenu 22,59% des voix, contre 19,55% pour M. Ciolacu.
Elena Lasconi, maire de centre droit d’une petite ville, arrive en troisième position avec 18,84 %. Favorisé par l’extrême droite avant le scrutin, George Simion du parti AUR (alliance pour l’unité des Roumains) doit se contenter de la 4e place, à 13,94 %.
En l’état, MM. Georgescu et Ciolacu devraient s’affronter lors d’un second tour prévu le 8 décembre, avec entre-temps des élections législatives le 1er décembre.
L’extrême droite gagne
Quelle que soit l’issue du vote, “l’extrême droite est de loin la grande gagnante de cette élection”, avec plus de 35% des voix, a commenté pour l’AFP le politologue Cristian Pirvulescu. Selon les experts, elle a profité d’un climat social et géopolitique tendu dans cet État membre de l’UE et de l’Otan, situé aux portes de l’Ukraine.
C’est un bouleversement pour ce pays de 19 millions d’habitants qui résistait jusqu’ici aux postures nationalistes, se distinguant de la Hongrie ou de la Slovaquie. Le Président de la République roumaine occupe une fonction essentiellement cérémonielle, mais exerce un important magistère moral.
George Simion a félicité son adversaire, se réjouissant qu’un « souverainiste » se retrouve au second tour. Avec son discours passionné aux connotations mystiques et complotistes, M. Simion, 38 ans, grand fan du président élu américain Donald Trump, était considéré comme l’un des favoris.
Mais s’il a su capitaliser sur le désarroi d’une partie de la population appauvrie par une forte inflation, il a aussi voulu projeter une image modérée qui “n’a pas rendu service aux plus radicaux”, analyse M. Pirvulescu.
Campagne TikTok
A l’inverse, M. Georgescu a attiré l’attention ces derniers jours avec une campagne TikTok devenue virale, axée sur la nécessité d’arrêter l’aide à l’Ukraine. « Ce soir, le peuple roumain a crié à la paix. Et il a crié très fort, extrêmement fort”, a-t-il réagi.
Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent partisan de Kiev devenu très impopulaire en raison notamment de ses coûteux voyages à l’étranger financés avec l’argent public, les Roumains ont donc jeté leur dévolu sur les candidats antisystème, sur fond de montée des ultras. -les mouvements conservateurs en Europe.
A Bucarest, plusieurs habitants ont fait part à l’AFP de leur envie de “changement, de voir enfin les choses bouger”, comme Andreea Irimie, une enseignante de 29 ans, venue voter par un dimanche froid et ensoleillé, d’autres évoquant leur peur de la guerre.
Un rôle stratégique essentiel
La Roumanie, partageant une frontière de 650 kilomètres avec l’Ukraine et bordée par la mer Noire, joue un rôle stratégique « vital », rappelle dans une étude le groupe de réflexion New Strategy Center, tant pour l’OTAN, dont elle héberge plus de 5 000 soldats, que pour pour le transit des céréales ukrainiennes.
Forte de ces bons scores à la présidentielle, l’extrême droite devrait bénéficier d’un “effet de contagion” lors des législatives du 1er décembre, prédit M. Pirvulescu. Ce qui augure de négociations difficiles pour former une coalition.
Les sociaux-démocrates, héritiers de l’ancien parti communiste qui structure la vie politique du pays depuis plus de trois décennies, gouvernent actuellement en coalition avec les libéraux du PNL.
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