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Que risque Benyamin Netanyahu après le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale ?

Le Premier ministre israélien est poursuivi pour « crimes contre l’humanité et crimes de guerre » dans la bande de Gaza. Les États signataires du traité fondateur de la CPI, dont la , sont théoriquement tenus de l’arrêter s’il entre sur leur territoire.

Benjamin Netanyahu sera désormais plus isolé. Le Premier ministre israélien fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), émis jeudi 21 novembre. « pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis depuis au moins le 8 octobre 2023 et au moins jusqu’au 20 mai 2024 » dans la bande de Gaza. L’intéressé n’a pas tardé à réagir : il a dénoncé une décision « antisémite » et compare la procédure à une nouvelle « Procès Dreyfus ».

La délivrance de ce mandat d’arrêt limite, en effet, ses possibilités de voyager à l’étranger, notamment dans les 124 États signataires du Statut de Rome (répertoriés sur le site de la CPI), à l’origine de la création de cet organe basé à La Haye ( Pays-Bas). L’article 86 du texte précise que « Les États parties [signataires] coopérer pleinement avec la Cour dans ses enquêtes et poursuites concernant les crimes relevant de sa compétence.

Ces États sont donc, en théorie, tenus d’arrêter Benjamin Netanyahu s’il décide de se rendre sur leur territoire, tout comme son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, également visé. Le Canada s’y est engagé. « Nous suivrons toujours les décisions et règlements de ces organismes »a promis jeudi son premier ministre, Justin Trudeau. L’Union européenne est sur la même ligne : les mandats d’arrêt doivent être « respecté et appliqué »a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. L’Italie a déjà indiqué qu’elle serait en “l’obligation d’arrêter” Benjamin Netanyahou. Berlin, de son côté, “examiner” qu’est-ce que la délivrance de ces mandats d’arrêt « moyens d’application en Allemagne ».

Et si Benjamin Netanyahou venait en France ? Ni Emmanuel Macron ni Michel Barnier n’ont réagi vendredi matin. Interrogé jeudi, le porte-parole de la diplomatie française, Christophe Lemoine, semblait gêné : “Il s’agit d’une question juridiquement complexe (…) qui nécessite une grande prudence”, a-t-il répondu lors d’une conférence de presse, mise en ligne sur YouTube. Avant d’ajouter ça « Sur cette affaire, comme sur toutes les autres, nous suivons l’action du procureur de la Cour qui agit en toute indépendance. (…) Notre réaction sera conforme à ses principes.» “La France prend acte de cette décision”a confirmé le ministère des Affaires étrangères vendredi matin. « Fidèle à son engagement de longue date en faveur de la justice internationale, elle réitère son attachement au travail indépendant de la Cour, conformément au Statut de Rome. »

Le Premier ministre israélien peut en revanche se rendre sans crainte en Hongrie. Le Premier ministre Viktor Orban, qui assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l’UE, “invite” venir quand il veut. De manière, dit-il, de “défi” la décision de la CPI.

Benjamin Netanyahu est également le bienvenu sur le sol américain. Les États-Unis, alliés de l’État hébreu, n’ont pas ratifié le Statut de Rome. « Quoi que la CPI puisse laisser entendre, il n’y a aucune équivalence, aucune, entre Israël et le Hamas. » a commenté Joe Biden, qui juge “scandaleux” mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale. Donald Trump, qui lui succédera en janvier à la Maison Blanche, n’a jamais caché qu’il s’opposerait aux poursuites en justice internationale contre des responsables israéliens. L’État juif n’a d’ailleurs pas non plus ratifié le statut de Rome : le pays n’est donc pas tenu de coopérer avec la Cour en arrêtant son propre Premier ministre.

L’obstacle est également matériel. La CPI, qui ne dispose pas de sa propre force de police, ne peut pas procéder elle-même à une arrestation. Exécution des mandats « Cela dépend de la coopération internationale »» confirmait son président, Piotr Hofmanski, en 2023. Si les autorités des États parties au Statut de Rome n’agissent pas, que ce soit pour recueillir des preuves ou pour remettre des suspects, la cour ne peut donc rien faire et ses décisions restent lettre morte.

La CPI elle-même reconnaît « de nombreuses difficultés ». « La Cour ne dispose pas de son propre mécanisme d’exécution et il n’est pas rare que les États ne répondent pas aux demandes d’exécution des mandats d’arrêt »peut-on lire dans un de ses rapports (fichier PDF). Début septembre, la Mongolie, bien que signataire du statut de Rome, a laissé à Vladimir Poutine toute liberté de circulation. Le président russe fait également l’objet d’un mandat d’arrêt pour crime de guerre de « déportation illégale » d’enfants ukrainiens. En 2015 déjà, l’Afrique du Sud avait refusé de menotter l’ancien président soudanais Omar al-Bashir, alors poursuivi pour « génocide ».

Ni la Mongolie ni l’Afrique du Sud n’ont été sanctionnées pour ces manquements à leurs engagements. « Si un État partie ne donne pas suite à une demande de coopération de la Cour contrairement à ce qui est prévu dans le présent Statut, et l’empêche ainsi d’exercer les fonctions et pouvoirs qui lui sont conférés par le présent Statut, la Cour peut en prendre note et renvoyer à l’Assemblée des États parties ou au Conseil de sécurité [des Nations unies] quand c’est lui qui s’en est emparé”peut-on lire dans le texte du Statut de Rome (fichier PDF)à la page 85.

Le dernier voyage de Benyamin Netanyahu à l’étranger remonte à fin septembre, à New York, pour l’Assemblée générale des Nations Unies. Contactée par franceinfo, la Cour pénale internationale rappelle qu’un mandat d’arrêt n’a pas“pas de limite de temps”.

 
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