Des habitants organisés en groupes d’autodéfense
Dans la nuit de lundi à mardi, la police a intercepté un camion et un minibus transportant des membres de bandes armées à Pétion-Ville, une commune cossue de la banlieue de Port-au-Prince, et au centre de la capitale, a expliqué à l’AFP la porte-parole adjoint de la police nationale haïtienne, Lionel Lazarre.
La police a ensuite ouvert le feu sur ces membres du gang, tuant dix d’entre eux, selon la même Source. Alors qu’ils fuyaient, d’autres ont ensuite été poursuivis et tués par des habitants organisés en groupes d’autodéfense et par des policiers.
Depuis la semaine dernière, Port-au-Prince est secouée par une nouvelle flambée de violence alimentée par « Viv Ansanm » (Vivre ensemble), une alliance de gangs formée en février et qui a réussi à renverser le premier ministre de l’époque, Ariel. Henri. Cette coalition a lancé une attaque contre Pétion-Ville et les quartiers Bourdon et Canapé Vert, après un appel sur les réseaux sociaux d’un de ses dirigeants, Jimmy Chérisier, alias « Barbecue ». Ce dernier « a exigé la démission du Conseil présidentiel de transition » (CPT), chef de l’exécutif, et a promis que « Viv Ansanm utiliserait tous ses moyens pour obtenir le départ du CPT ».
MSF suspend ses activités à Port-au-Prince
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’inquiète de « l’escalade de la violence en Haïti », selon son porte-parole, et appelle à « des progrès urgents dans la transition politique ».
Mais la situation sécuritaire a poussé MSF à « suspendre ses activités à Port-au-Prince » à partir de mercredi et « jusqu’à nouvel ordre », à la suite de « menaces graves proférées contre son personnel par des membres des forces de police haïtiennes ».
L’ONG rappelle dans un communiqué avoir dénoncé des incidents survenus le 13 novembre, soit deux jours plus tôt, lorsqu’une de ses ambulances “a été attaquée, entraînant l’exécution d’au moins deux patients et une attaque contre le personnel médical”. « La semaine suivante, des policiers ont arrêté à plusieurs reprises les véhicules de MSF et menacé directement le personnel, notamment des menaces de mort et de viol », dénonce-t-elle.
Plus de 20 000 personnes contraintes de déménager
La représentation de l’ONU en Haïti a dénombré 1.233 meurtres entre juillet et septembre, dont 45% imputables aux forces de l’ordre et 47% aux gangs, dans un pays de 12 millions d’habitants.
Ces violences surviennent en pleine crise politique avec le limogeage le 10 novembre par le CPT du Premier ministre Garry Conille, remplacé le 11 par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé. Il a promis de rétablir la sécurité et d’organiser les premières élections depuis 2016.
A ces violences s’ajoute une situation humanitaire catastrophique qui a contraint la semaine dernière plus de 20 000 personnes à se déplacer, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), du jamais vu à « une telle ampleur (…) depuis août 2023.
Il existe cependant une mission multinationale de soutien policier en Haïti. Soutenue par l’ONU et les Etats-Unis, elle est dirigée par le Kenya, qui y a déployé un peu plus de 400 hommes cet été.
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