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Que se passera-t-il si Trump perd ses élections ? Quel sera l’impact de sa défaite sur lui et ses partisans ?
En cas de défaite de Trump, il sera furieux et se déchaînera. Y a-t-il des craintes quant à une éventuelle guerre civile entre les deux clans ? Les démocrates ont-ils un plan pour contrer la fureur post-électorale de Trump s’il perd ?
Si le résultat de l’élection présidentielle américaine est « un peu proche », il serait « extrêmement surprenant que Trump reconnaisse correctement sa défaite », lance d’emblée Rafael Jacob, chercheur associé à la chaire Raoul-Dandurand.
Une théorie partagée par David Grondin, membre du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal. Il explique que « plus c’est serré, plus il y a de risque de débordement ». On peut penser à ceux survenus le 6 janvier 2021 lorsque les partisans de Donald Trump ont pris d’assaut le Congrès américain.
Le potentiel transfert de pouvoir entre Joe Biden et Kamala Harris se passerait mieux que le transfert de la Maison Blanche de Donald Trump à Joe Biden, car les deux démocrates “s’organiseraient pour faire respecter la loi”, ajoute M. Grondin. En outre, contrairement à 2021, les forces de police et les services secrets « doivent déjà être prêts à faire face à quelque chose de similaire », estime-t-il.
Pour Rafael Jacob, même s’il « n’y a qu’un seul camp qui est allé aussi loin qu’en janvier 2021, c’est le côté Trump », il existe toujours un risque théorique de révolte entre les deux camps. « Y a-t-il des gens qui ont un couteau entre les dents des deux côtés ? La réponse est oui. Et y a-t-il un risque de violence politique où l’un ou l’autre gagne ? En ce qui concerne la réponse, c’est oui catégoriquement, il y a un risque”, affirme M. Jacob, précisant que “le risque est plus aigu avec Trump”.
Une guerre civile ?
Concernant la possibilité que ce mécontentement évolue vers une guerre civile entre les deux camps, Christophe Cloutier-Roy, directeur adjoint de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand, explique qu’il ne s’agirait pas d’un conflit entre États, comme lors de la Guerre civile, mais plutôt « une époque marquée par des violences politiques occasionnelles prenant la forme d’attentats ou d’autres actes de violence perpétrés par des organisations extrémistes ou des « loups solitaires » ».
Le politologue note également que « cette violence est déjà présente, comme en témoignent les fusillades motivées par la haine raciale, les événements du 6 janvier 2021 ou encore les récentes tentatives d’assassinat contre Trump ». “Une défaite de Trump suivie d’un refus de reconnaître les résultats pourrait malheureusement envenimer encore plus la situation”, ajoute-t-il.
Selon David Grondin, même si une guerre civile entre les deux camps « est possible dans l’hypothèse », cela n’est pas réaliste, car « il faudrait un mouvement organisationnel beaucoup plus fort et plus étendu que ce que l’on voit actuellement.
Un parti républicain sans Trump ?
Outre la non-reconnaissance du résultat de l’élection, une défaite de Donald Trump entraînerait aussi des changements au sein du Parti républicain, qui «sera confronté à un avenir très incertain», indique Christophe Cloutier-Roy. Le candidat à la Maison Blanche a déjà exprimé qu’il ne voulait pas tenter sa chance à l’élection présidentielle de 2028 s’il ne remporte pas cette élection – et il devra continuer à faire face à la justice, rappelle-t-il.
Après avoir perdu de nombreux soutiens traditionnels, « en particulier parmi les femmes blanches et les électeurs instruits, le parti devra voir s’il peut compter durablement sur les nouveaux électeurs que Trump a attirés au cours des 10 dernières années, mais dont le soutien au parti était essentiellement guidé par des considérations politiques. leur enthousiasme pour Trump», souligne-t-il.
Par ailleurs, « on peut s’attendre à de profondes divisions au sein du parti entre ceux qui souhaitent reprendre le flambeau trumpiste ». [comme J.D. Vance et Ted Cruz] et ceux qui chercheront à restaurer le Parti républicain avant Trump », estime l’expert.
Rafael Jacob espère de son côté qu’un éventuel départ de Donald Trump de la vie politique entraînerait un « certain retour à la normale » en termes de passation du pouvoir et de reconnaissance des résultats électoraux.
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