Si la défaite est inévitable, en quoi leur présence interfère-t-elle ? Pour ce faire, il faut revenir au système américain qui exige qu’un candidat gagnant dans un État obtienne tous les électeurs de cet État. C’est la loi deLe gagnant remporte tout», le vainqueur remporte tout, ce qui s’applique à tous les États sauf deux : le Maine et le Nebraska. Kamala Harris et Donald Trump doivent donc faire mieux que l’autre pour gagner. Pourtant, l’élection s’annonce serrée. À quelques milliers de voix près, une différence minime qui fait donc craindre à Trump, mais surtout Harris, de se voir voler des voix par ces candidats indépendants.
Jill Stein, l’épine dans le pied de Harris
Du côté démocrate, un candidat comme Jill Stein inquiétude. Avec son discours plutôt pro-palestinien, la candidate des Verts de 74 ans, le parti vert, attire un électorat d’origine arabo-musulmane. Une communauté traditionnellement plus encline à voter démocrate. Mais le fort soutien de Biden, et de Harris en tant que vice-président, à Israël depuis le début du conflit au Moyen-Orient leur déplaît.
Face à la possibilité de voir disparaître une partie de leur électorat, les démocrates ont contre-attaqué dans les swing states. Au Nevada, Jill Stein a même été empêchée de figurer sur le bulletin de vote. Dans d’autres États, comme le Michigan ou le Wisconsin, des clips de campagne affirmant «un vote pour Jill Stein est un vote pour Trump» ont été diffusés par les démocrates.
Chase Oliver, le libertaire
Issu du parti Libertaire, Oliver Chase veut choisir dans les deux camps. Pro-armes et plutôt proche économiquement des Républicains, il est aussi pro-avortement, contre la peine de mort et pro-LGBT. Le candidat de 39 ans tente donc de séduire les démocrates les plus conservateurs et les républicains les plus progressistes. Une mission compliquée mais qu’il peut tenter à grande échelle. Car Oliver Chase est candidat dans 47 des 50 États américains, dont les 7 swing states.
Cornel West, l’indépendant
C’est l’autre épine dans le pied de Kamala Harris. Ancien professeur à Harvard, le philosophe de 71 ans a soutenu Obama en 2008 et Bernie Sanders lors des primaires démocrates en 2016. Il a également fait partie du Parti vert dont est membre Jill Stein. Très à gauche politiquement, il critique le soutien de l’administration Biden à Israël. Sa présence dans trois swing states pourrait donc aussi être un fardeau pour Kamala Harris, à qui il pourrait bien chiper quelques voix.
D’autres petits candidats, dont Randall Terry pour le Parti de la Constitution ou Claudia De la Cruz (Parti du socialisme et de la libération) sont également en lice. Mais n’étant présents sur les bulletins de vote que de quelques États, leur poids est très faible.
Pas une première
Ce n’est évidemment pas la première fois que des candidats tiers viennent jouer les trouble-fête. Plusieurs élections américaines dans l’histoire ont vu tel ou tel candidat prendre l’avantage grâce à une érosion des voix de son adversaire au profit d’un candidat indépendant. On peut citer par exemple Ralph Nader, candidat du Parti Vert en 1996 mais surtout en 2000. S’il n’avait convaincu que 2,7% des Américains de voter pour lui, certaines analyses affirment qu’il aurait privé Al Gore de voix précieuses dans quelques États clés comme Floride ou New Hampshire. Deux Etats finalement conquis par George Bush fils et qui ont provoqué la défaite du démocrate Al Gore. Autre exemple avec le milliardaire américain Ross Perot qui, en 1992, aurait permis la victoire de Bill Clinton.
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