L’homme qui a tué trois petites filles cet été à Southport, en Angleterre, a été condamné à une peine minimale de 52 ans de prison. Le triple meurtre a déclenché de violentes émeutes anti-immigration.
L’attaque a semé la peur en Angleterre. L’homme qui a tué trois petites filles en juillet dernier dans la ville de Southport a été condamné ce jeudi 23 janvier à la prison à vie, avec un minimum de 52 ans d’emprisonnement, par un tribunal de Liverpool.
Axel Rudakubana, un Gallois d’origine rwandaise âgé de 17 ans au moment des faits, a plaidé coupable lundi. Il ne sera probablement « jamais libéré », a déclaré le juge Julian Goose en rendant son verdict, soulignant « l’extrême violence » de ses actes.
Le triple meurtre, commis lors d’un cours de danse inspiré par la star Taylor Swift, a déclenché de violentes émeutes anti-immigration.
Des familles « brisées »
Les proches des victimes étaient en larmes jeudi au tribunal de Liverpool où le procureur a fait le terrible récit de l’attaque au couteau.
L’accusé a été sorti du banc des accusés une seconde fois dès la reprise de l’audience. “Je me sens très mal, je dois consulter un médecin”, a-t-il crié comme à l’ouverture des débats dans la matinée, affirmant qu’il n’avait pas mangé depuis 10 jours.
L’audience s’est poursuivie en son absence, révélant les détails effrayants des meurtres de Bebe King, 6 ans, d’Elsie Dot Stancombe, 7 ans, et d’Alice da Silva, 9 ans, le 29 juillet 2024.
Ils ont été pourchassés et poignardés lors d’un cours de danse inspiré par la star Taylor Swift à Southport. “La petite fille de nos rêves nous a été enlevée d’une manière si horrible et injuste que cela nous a complètement brisés”, ont déclaré Alexandra et Sergio Aguiar, les parents d’Alice, dans une déclaration lue au tribunal.
Cette attaque, qui a blessé huit autres enfants et deux adultes, était « préméditée et planifiée », visant « principalement des petites filles avec l’intention de les tuer », a précisé la procureure Deanna Heer.
Conte macabre
Elle a décrit les victimes attaquées dans le dos et poignardées à plusieurs reprises dans un déchaînement de violence. En garde à vue, il s’est dit “très heureux” que les enfants soient morts, a-t-elle ajouté.
En larmes et choquées par l’agitation d’Axel Rudakabana, certaines familles ont quitté la salle lorsque la description des blessures a commencé. Celles infligées à deux des jeunes filles décédées étaient « particulièrement atroces », traduisant le « sadisme » de l’agresseur. Le corps de Bebe King, 6 ans, portait plus de 120 marques de couteau.
-Des vidéos de caméras de surveillance montraient des enfants fuyant le chaos de la salle de danse en criant, ou une petite fille, pleurant en silence, secourue dans les toilettes par un policier.
Les aveux d’Axel Rudakubana, qui n’a donné aucune explication sur ses actes, ont écourté le procès, initialement prévu pour quatre semaines.
Pas d’« idéologie politique ou religieuse »
“Rien ne l’associe à une idéologie politique ou religieuse (…) Son seul objectif était de tuer”, a déclaré Deanna Heer, en référence à l’absence de qualification “terroriste” pour ces meurtres.
La police a trouvé chez lui une machette, des flèches, un manuel d’Al-Qaïda dans lequel il apprenait à fabriquer un poison, de la ricine et de nombreuses images de torture, de décapitation ou de viol.
Il était « fasciné par la violence extrême » et possédait entre autres des documents sur le génocide rwandais, au cours duquel des membres de sa famille ont été tués.
« Aucun d’entre nous ne pourra jamais répondre à cette terrible question : (…) Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi n’a-t-il pas été empêché ? Andrew Brown, fondateur du groupe de résidents Stand up for Southport, à l’AFP.
Un jeune homme solitaire
La presse dresse le portrait d’un garçon violent, vivant reclus et quasiment déscolarisé à 13 ans.
De nombreuses occasions ont été manquées pour l’arrêter : il avait été signalé à trois reprises à un programme de prévention de l’extrémisme, notamment pour avoir pris connaissance des tueries dans les écoles américaines lors d’un cours d’informatique.
Diagnostiqué autiste, il a été exclu de son collège après avoir emporté un couteau, mais est revenu attaquer avec un bâton de hockey ses anciens camarades de classe, qu’il accusait de harcèlement raciste.
L’attaque a déclenché une vague d’émeutes anti-immigration et islamophobes dans des dizaines de villes d’Angleterre et d’Irlande du Nord, après que des comptes d’extrême droite ont répandu des rumeurs en ligne sur l’identité du suspect.