Le chef de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a démissionné mardi, reconnaissant sa responsabilité dans « l’échec » à empêcher l’attaque du Hamas palestinien le 7 octobre 2023, au troisième jour d’un cessez-le-feu fragile à Gaza.
Après l’entrée en vigueur dimanche de la première phase de la trêve qui a permis la libération de trois otages israéliens et de 90 prisonniers palestiniens, le mouvement islamiste Hamas a annoncé qu’il libérerait samedi quatre autres femmes israéliennes captives dans la bande de Gaza.
Selon l’armée israélienne, « trois ou quatre otages supplémentaires » doivent être libérés chaque semaine, durant cette phase qui devrait durer 42 jours.
Cela marque le début d’un processus encore incertain destiné à mettre un terme en principe à la guerre, déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.
“Reconnaissant ma responsabilité dans l’échec de l’armée le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, “je demande à mettre fin à mes fonctions”, a écrit le général Halevi dans sa lettre de démission.
Mais il a reconnu que “les objectifs de la guerre (n’avaient pas) tous été atteints”, soulignant que “l’armée continuera à se battre pour poursuivre le démantèlement du Hamas” et pour “le retour de (tous) les otages”.
Dans la foulée, le chef de l’opposition Yair Lapid a appelé à la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu. “Maintenant, il est temps pour eux de prendre leurs responsabilités et de démissionner, ainsi que le Premier ministre et l’ensemble de son gouvernement catastrophique.”
– « 20 000 agents du Hamas tués » –
L’attaque du Hamas a fait 1.210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 91 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l’armée.
En représailles, Israël a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza assiégée, qui a fait au moins 47 107 morts, pour la plupart des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire.
Selon le général Halevi, quelque « 20 000 agents du Hamas » ont été tués pendant la guerre, tout comme « la majorité » de ses dirigeants.
Après un an de laborieuses négociations, le Qatar et les Etats-Unis, deux pays médiateurs avec l’Egypte, ont annoncé un accord de cessez-le-feu le 15 janvier, quelques jours avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
– Prudence –
Après son investiture lundi, M. Trump a néanmoins déclaré qu’il n’était « pas sûr » que la trêve tiendrait.
Le Premier ministre qatari Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani a appelé Israël et le Hamas à faire preuve de « bonne foi » dans la mise en œuvre de l’accord.
Toute violation ou décision politique “pourrait évidemment conduire” à son “effondrement”, a déclaré le porte-parole de la diplomatie qatarienne.
« Je reste optimiste » quant au « succès » de la trêve, a déclaré à Jérusalem Yitzhak, un chauffeur de bus de 59 ans. « Les choses vont changer maintenant que Trump est au pouvoir. »
-– « Ordre et sécurité » –
Félicitant lundi Donald Trump, Benjamin Netanyahu a réitéré sa volonté de “détruire les capacités militaires du Hamas et de mettre fin à son pouvoir politique à Gaza”, après avoir déclaré qu’il se réservait le droit de reprendre la guerre.
Le Hamas a déclaré que la trêve dépendait du « respect par Israël de ses engagements ».
Considérablement affaibli, ce mouvement est cependant encore loin d’être anéanti, selon les experts.
Après la trêve, des combattants du Hamas armés et cagoulés ont été aperçus dans certaines zones de Gaza, tandis que des membres des forces de sécurité, en uniforme, étaient déployés dans plusieurs rues, selon des images de l’AFP.
“Ce que nous voulons, c’est l’ordre et la sécurité”, a déclaré Abdelrahmane al-Bardawil dans la ville de Gaza (nord). « Le gouvernement s’est déployé en force », a-t-il déclaré.
– Camions d’aide –
Au cours de la première phase de la trêve, 33 otages israéliens doivent être libérés en échange d’environ 1 900 Palestiniens détenus par Israël, et l’armée israélienne doit se retirer des zones de Gaza.
Durant la même période, 600 camions d’aide humanitaire devraient entrer chaque jour sur le territoire palestinien. Lundi, 915 camions y sont entrés, selon l’ONU.
Entre-temps, des milliers de Palestiniens, déplacés comme la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants du territoire, sont rentrés chez eux au milieu de montagnes de décombres pour retrouver les ruines. A Jabalia (nord), des habitants installent des tentes devant leurs maisons détruites.
Selon l’ONU, la reconstruction du territoire, où près de 70 % des bâtiments ont été endommagés ou détruits, prendra jusqu’à 15 ans.
– Dix Palestiniens tués à Jénine –
Le reste du calendrier de l’accord de trêve reste incertain. Les termes de la deuxième phase, qui devrait voir la fin définitive de la guerre et la libération de tous les otages, doivent être négociés au cours des six prochaines semaines.
Si les deux premières étapes se déroulent comme prévu, la troisième et dernière se concentrera sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des otages morts.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, l’armée israélienne a annoncé avoir lancé une opération militaire à Jénine pour y « éradiquer le terrorisme ». Dix Palestiniens ont été tués selon l’Autorité palestinienne.
Et à Tel-Aviv, quatre personnes ont été blessées, dont une grièvement, lors d’une attaque au couteau, ont annoncé les secours. L’agresseur, qualifié de « terroriste » par la police, a été tué.