Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont promis mercredi de faire tout leur possible pour une “Europe unie et forte” face au “défi” que représentera l’Amérique de Donald Trump.
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22 janvier 2025 – 16h23
(Keystone-ATS) “Le président Trump sera, c’est déjà clair, un défi à relever”, a déclaré le dirigeant allemand en visite à Paris. “L’Europe ne se dérobera pas, ne se cachera pas, mais sera un partenaire constructif et sûr de lui”, a-t-il ajouté depuis l’Elysée où il a été reçu par Emmanuel Macron.
Le président français a appelé les Vingt-Sept, et plus particulièrement le couple franco-allemand, à jouer « tout leur rôle » pour une Europe « unie, forte et souveraine », qui sache défendre ses « intérêts » tandis que la nouvelle Europe américaine Le président promet d’augmenter massivement les droits de douane contre l’UE et menace de réduire son soutien militaire.
« La seule réponse aux temps dans lesquels nous entrons est plus d’unité, plus d’ambition et d’audace et plus d’indépendance pour les Européens. C’est ce qui nous anime et c’est dans ce sens que nous continuerons à agir », a insisté Emmanuel Macron.
Les deux dirigeants se sont retrouvés lors d’un déjeuner pour l’un de leurs derniers grands rendez-vous avant les élections législatives du 23 février en Allemagne, pour lesquelles le chef de l’opposition, le démocrate-chrétien Friedrich Merz, est le favori.
La rencontre était organisée le jour du 62e anniversaire du Traité de l’Elysée, signé en 1963, qui a scellé la réconciliation des deux pays après la Seconde Guerre mondiale.
«Reprendre de l’élan»
En coulisses, la diplomatie française mise sur une relation moins laborieuse avec le probable futur chancelier qu’avec Olaf Scholz même si les deux capitales ont continué à travailler en étroite collaboration ces trois dernières années sur les grands dossiers européens.
“Le couple franco-allemand doit vraiment se reconstituer et donner un coup de pouce à l’Europe aux côtés de sa présidente” de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a insisté la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas.
Emmanuel Macron espère des investissements européens massifs dans les nouvelles technologies, notamment via la mutualisation de la dette – sujet tabou à Berlin – pour faire face à la concurrence américaine. Il appelle également à une défense et à une industrie de défense européennes renforcées.
-Les deux dirigeants ont appelé à soutenir l’automobile, l’acier et la chimie européens face aux coups promis par Donald Trump. Un agenda pour le prochain chancelier ?
Le candidat conservateur Friedrich Merz s’est lui-même dit “très proche” du président français mardi, lors du Forum économique de Davos, précisant qu’il le rencontre “régulièrement”.
A Paris, les attentes restent toutefois prudentes. “Ça soulagera un peu tout le monde même si Merz n’est pas facile non plus et si tout ne va pas changer radicalement avec lui”, note Hélène Miard-Delacroix, spécialiste de l’Allemagne à la Sorbonne.
« Orthogonal »
« La façon dont Scholz s’entête est de ne rien dire. Merz, s’il est têtu, nous l’écouterons. Il est un peu en colère », souligne-t-elle.
Il est généralement admis que la faute est partagée dans la rencontre manquée entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz, deux tempéraments aux antipodes, omniprésents pour l’un, silencieux pour l’autre.
L’ancien ministre des Finances d’Angela Merkel est arrivé à la chancellerie avec un regard peu enthousiaste sur la France et ses dérapages budgétaires répétés.
Les désaccords sont nombreux sur le projet européen de bouclier antimissile, la livraison de missiles à longue portée à l’Ukraine ou encore la mise en œuvre de l’accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur, réclamé par Berlin contre l’avis de Paris.
Emmanuel Macron, qui se pose volontiers en leader de l’UE, suscite également beaucoup d’incompréhension outre-Rhin.
« Il a une manière d’être, de se comporter, de bouger, de lancer des phrases, de provoquer le destin qui est orthogonale à ce qu’est Scholz », observe Hélène Miard-Delacroix.
“Certaines de ses décisions, dont la dissolution de l’Assemblée, n’ont pas été comprises, comme le fait que la France s’assoit littéralement sur les critères de convergence” de la zone euro, renchérit Hans Stark, conseiller pour les relations franco-allemandes à l’Institut français. des relations internationales (Ifri). Vu d’Allemagne, il apparaît comme « un président très affaibli et isolé », ajoute-t-il.