L’Iran et les principales puissances européennes (Allemagne, France et Royaume-Uni) ont entamé lundi soir deux jours de négociations à Genève sur le programme nucléaire iranien. C’est une semaine avant l’investiture de Donald Trump.
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13 janvier 2025 – 19h22
(Keystone-ATS) Ces discussions interviennent moins de deux mois après des négociations tout aussi discrètes entre l’Iran et les représentants des trois pays européens dans la même ville, au moment où les Occidentaux s’inquiètent de l’avancée du programme nucléaire iranien. .
La réunion est entourée du plus grand secret, ni les noms des participants ni le lieu où doivent se rencontrer les diplomates des quatre pays n’ayant été révélés.
“Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Majid Takht-Ravanhchi et ses homologues de l’E3 (Allemagne, France et Royaume-Uni) se sont rencontrés lundi soir”, a rapporté l’agence de presse iranienne ISNA.
“Ils ont discuté de questions d’intérêt mutuel, notamment les négociations pour la levée des sanctions, la question nucléaire et la situation préoccupante dans la région”, a ajouté l’agence sans donner plus de détails.
Des échanges « francs et constructifs »
Plus tard, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Kazem Gharibabadi, a qualifié les discussions de « sérieuses, franches et constructives ».
“Nous avons discuté d’idées impliquant certains détails dans les domaines de l’allègement des sanctions et du nucléaire qui sont nécessaires à un accord”, a-t-il déclaré dans un article sur X.
« Nous sommes convenus de poursuivre notre dialogue »
« Les parties ont convenu que les négociations devaient reprendre et que pour parvenir à un accord, toutes les parties devaient créer et maintenir une atmosphère appropriée. Nous sommes convenus de poursuivre notre dialogue », a-t-il ajouté.
Le ministère allemand des Affaires étrangères avait précédemment déclaré à l’AFP qu'”il ne s’agissait pas de négociations”. Ce ne sont que des « consultations », a ajouté l’Iran.
Les discussions couvrent un « large éventail de sujets », a déclaré lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei.
Pour Téhéran, “l’objectif principal de ces pourparlers est de lever les sanctions contre l’Iran”, a déclaré lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei, ajoutant que l’Iran était également “à l’écoute des sujets que les autres parties souhaitent discuter”.
-Trouver « une solution diplomatique »
Cette réunion est “le signe que les pays de l’E3 continuent d’œuvrer à une solution diplomatique au programme nucléaire iranien, dont l’état est extrêmement problématique”, a déclaré le ministère français des Affaires étrangères.
Téhéran a annoncé début décembre qu’il commencerait à fournir de nouvelles centrifugeuses sur le site de Fordo, l’un des plus grands du pays, au centre de l’Iran, « avec pour effet à long terme d’augmenter significativement la cadence de fabrication d’uranium enrichi jusqu’à 60%», selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU le 6 décembre, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont exprimé leur profonde « inquiétude » et ont exhorté la République islamique « à mettre immédiatement fin à son escalade nucléaire ».
Les trois pays européens ont discuté de l’éventuelle utilisation du mécanisme réimposant des sanctions contre l’Iran « pour l’empêcher d’acquérir l’arme nucléaire ».
La résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a approuvé l’accord de 2015 entre l’Iran et les pays de l’E3 ainsi que les États-Unis, la Russie et la Chine, expire en octobre 2025, dix ans après l’entrée en vigueur de l’accord.
« Principal enjeu stratégique »
De son côté, le président français Emmanuel Macron a qualifié le 6 janvier l’Iran de « principal défi stratégique et sécuritaire » au Moyen-Orient, tout en mettant en garde contre « l’accélération » de son programme nucléaire.
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a récemment indiqué que son pays prendrait des mesures pour rassurer sur « le caractère pacifique » de son programme nucléaire en échange de la levée des sanctions.
Uranium enrichi à 60%
Selon l’AIEA, l’Iran est le seul État non doté d’armes nucléaires à enrichir l’uranium à 60 %, soit près des 90 % nécessaires à la fabrication d’une arme atomique.
Les Iraniens défendent le droit à l’énergie nucléaire à des fins civiles, notamment pour la production d’énergie, et nient vouloir se doter de l’arme atomique, ce dont doutent fortement les pays occidentaux.
Ces pourparlers interviennent à un moment où les groupes alliés de l’Iran au Moyen-Orient sont considérablement affaiblis après des mois de guerre avec Israël.
Le retour de Trump
A cela s’ajoute le retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, de Donald Trump, architecte d’une politique dite de « pression maximale » envers l’Iran lors de son premier mandat (2017-2021).
Les tensions autour du programme nucléaire iranien sont montées en flèche sous le président Donald Trump, lorsque les États-Unis se sont retirés de l’accord de 2015 qui offrait un allègement des sanctions contre Téhéran en échange d’une réduction de ses ambitions nucléaires. .