l’histoire inquiétante du nouveau garde des Sceaux

l’histoire inquiétante du nouveau garde des Sceaux
l’histoire inquiétante du nouveau garde des Sceaux

À la mi-décembre, il a proclamé le « Fin de l’ère de l’oppression » sur l’un des grands panneaux publicitaires apparus à Alep, au lendemain de la chute du régime d’Assad. Le nouveau ministre syrien de la Justice, Shadi Al Waisi, se retrouve aujourd’hui au cœur de révélations plus qu’embarrassantes sur son passé à Idlib.

Deux vidéos, remontées à la surface ces derniers jours, montrent un homme lui ressemblant fortement, portant des lunettes et une barbe dense, supervisant les exécutions de deux femmes poursuivies pour prostitution et adultère en janvier 2015. En pleine guerre civile, Idlib était alors détenu par le Front Al-Nusra – branche d’Al-Qaïda en Syrie, aujourd’hui Hayat Tahrir Al-Sham (HTC) – au sein duquel Shadi Al Waisi, diplômé en droit islamique, travaillait à l’époque comme chef religieux.

La première vidéo montre un homme portant un LIMITE noirs, prononcent la peine de mort contre une femme agenouillée dans la rue, entourée d’hommes armés. Dans la seconde, l’individu soupçonné d’être Shadi Al Waisi est filmé en train d’interagir avec un accusé qui demande à parler à ses enfants avant d’être sommairement exécuté par balle en pleine rue.

« Un match fort »

Au-delà de la simple ressemblance physique et vocale, la plateforme syrienne de fact-checking Verify Syrie a confirmé l’authenticité des vidéos et l’identité du ministre de 39 ans. « Comme cette affaire a suscité un débat public, l’équipe de recherche est intervenue pour vérifier les photos. À l’aide d’outils open source, l’équipe a fait correspondre les traits du visage et la voix de la vidéo avec les récentes interviews de Shadi Al Waisi. Malgré la mauvaise qualité des images, les résultats ont montré un fort accord. » a expliqué sur X Zouhir Al Shimale, journaliste, chercheur et responsable de la communication pour Verify Syrie.

Le site a également pris contact avec la nouvelle administration syrienne, qui a fait de la justice et de l’égalité les pierres angulaires de son pouvoir. Le nouvel homme fort Ahmad Al Chareh (Abou Mohammed Al Joulani selon son nom de guerre) n’a pas commenté ces révélations, mais un responsable a confirmé à Verify Syrie que Shadi Al Waisi, alors juge, était bien l’individu apparaissant dans ces vidéos.

Ce même responsable, qui a requis l’anonymat, a tenté de justifier les actions du nouveau ministre, en expliquant que ces exécutions avaient eu lieu “conformément aux lois en vigueur à l’époque et dans le cadre de la procédure », rapporte Zouhir Al Shimale. Cet interlocuteur assure à Verify Syrie que ces images “refléter une étape que nous avons franchie” et que le pouvoir mènerait une « un examen approfondi ».

« Une gifle à toutes les valeurs de justice »

Depuis la réapparition de ces vidéos, les appels à la démission du ministre se multiplient dans la jeune Syrie post-Assad. « Accorder le poste de ministre de la Justice en Syrie à une personne qui a participé à l’exécution de sang-froid d’une femme en 2015 est une gifle à toutes les valeurs de justice et d’humanité et un message choquant tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. », dénonce ainsi un internaute.

« Si Ahmad Al Chareh s’oppose à des mesures punitives de cette nature, il doit le faire savoir aux islamistes radicaux syriens qui y aspirent. Il doit commencer par démettre de ses fonctions le ministre de la Justice et tous les autres membres de son cabinet qui représentent cette idéologie.»» renchérit le journaliste et activiste syro-britannique Rami Jarrah sur ses réseaux sociaux.

Malgré ses révélations et la confirmation de l’identité de Shadi Al Waisi, Verify Syrie souhaite également mettre en garde contre les sociétés de désinformation en ligne, liées à la Russie et à l’Iran, qui se multiplient depuis la chute de l’ancien régime pour discréditer l’administration intérimaire de Damas.

 
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