C’était du jamais vu. En 2004, l’Indonésie a été frappée par la plus grande catastrophe naturelle de son histoire. Le 26 décembre, des centaines de milliers de personnes sont mortes dans un tsunami, provoqué par un violent tremblement de terre au large de l’île de Sumatra. Retour sur la tragédie et ses séquelles, 20 ans après.
Quel est le bilan de la catastrophe ?
Au total, le bilan du tsunami est estimé à 230 000 personnes, dans plus d’une douzaine de pays autour de l’océan Indien, dont les Maldives, la Birmanie, le Sri Lanka, la Thaïlande, ou encore la Somalie, l’Afrique. Dans la seule province indonésienne d’Aceh, un demi-million de survivants se sont retrouvés sans abri, tandis que certaines vagues atteignaient près de 30 mètres de hauteur. Il y a 20 ans, personne ne voyait venir l’ampleur des dégâts que laisserait le séisme, d’une magnitude de 9,3 sur l’échelle de Richter. À la même époque, le Québécois Jean-Pierre Taschereau débute une carrière dans les interventions des services d’urgence à la Croix-Rouge. Au lendemain de Noël, au vu des événements, il s’est rendu sans plus attendre dans la province d’Aceh, où il avait déjà travaillé par le passé. «C’était la première mégacatastrophe du genre», rappelle M. Taschereau, qui confie que l’événement est l’un des plus marquants de sa vie.
Y a-t-il encore des personnes portées disparues ?
Les corps de dizaines de milliers de personnes sont toujours portés disparus. En 2018, une quarantaine de victimes ont été retrouvées à proximité du chantier de construction d’un immeuble à appartements, rapporte l’Agence -. Jean-Pierre Taschereau se souvient encore de la commémoration du premier anniversaire du drame, où des milliers de familles n’ont jamais pu dire au revoir à un de leurs proches. “C’est ce qui est le plus douloureux, de voir des gens qui ne peuvent pas faire leur deuil avant de laisser partir la personne”, confie celui qui a également perdu des collègues de la Croix-Rouge établis en Indonésie, dans la catastrophe. Le tsunami a également fait des millions de blessés.
Quel montant d’aide est apporté à l’Indonésie ?
Selon le Programme alimentaire mondial, l’agence d’aide alimentaire des Nations Unies, l’aide fournie à l’Indonésie comprenait « les opérations d’urgence les plus complexes et les plus importantes jamais entreprises ». Hôpitaux, écoles, maisons : des dizaines de milliers de bâtiments se sont effondrés. Et l’aéroport de Banda Aceh n’était pas accessible aux avions voyageant d’un continent à l’autre. Ainsi, c’est Jean-Pierre Taschereau qui a coordonné les 17 avions arrivant du monde entier sur une île voisine pour venir en aide à la communauté indonésienne. Le Québécois explique qu’il s’agissait d’un énorme exercice logistique : « Même si tout le monde parle de nourriture puis de tentes, il faut déployer des équipes qui vont d’abord distribuer puis traiter l’eau potable et le matériel médical, les hôpitaux, explique-t-il. De cette façon, nous sauvons plus de vies. » Au total, des centaines de milliers de personnes ont reçu l’aide d’une organisation humanitaire.
Qu’avons-nous pu reconstruire ?
Dix ans après le tremblement de terre, la Croix-Rouge dénombrait la construction de 57 000 maisons, la restauration de 290 hôpitaux et la création de 161 écoles. Le gouvernement indonésien a mis en place des systèmes d’alerte précoce et des mesures d’évacuation, telles que des routes et des ponts pour faciliter les déplacements. M. Taschereau note également la plantation de mangroves, plantes formant un écosystème de marais le long des côtes des zones tropicales, qui stoppent l’afflux des vagues. L’ONU rapporte que plusieurs bâtiments en béton ont également été construits le long du littoral, tous les 100 mètres. Censés résister à l’impact d’un tsunami, ils permettent aux populations de se réfugier à leur sommet.
Comment prévenir ?
La prévention réside dans le financement, estiment l’ONU et la Croix-Rouge. Selon le Programme alimentaire mondial, les événements se produisent de plus en plus vite et un financement rapide est essentiel pour garantir que l’action soit tout aussi rapide. Jean-Pierre Taschereau est du même avis, précisant qu’un dollar investi en prévention équivaut à sept dollars dépensés en réponse à une catastrophe naturelle. « Autrement dit, cela coûtera sept fois plus cher que ce que nous aurions investi pour, par exemple, rendre les bâtiments conformes aux normes antisismiques », explique-t-il. Aujourd’hui, le entraîneur en développement du leadership à la Croix-Rouge explique que l’Indonésie est bien mieux préparée à une telle éventualité, même s’il reste beaucoup à faire.