Le gouvernement risque de chuter lors du vote de mercredi

(Paris) A la veille d’un vote à l’Assemblée qui menace de faire tomber le gouvernement français, le Premier ministre Michel Barnier a appelé mardi à la responsabilité pour éviter le chaos politique et budgétaire, le président Emmanuel Macron affirmant pour sa part ne pouvoir y croire. dans un tel scénario.


Publié à 14h14

Mis à jour à 15h28

Arnaud BOUVIER

Agence -Presse

Mardi, sur les chaînes de télévision TF1 et France 2, M. Barnier a jugé “possible” un “réflexe de responsabilité où, au-delà des divergences politiques […] on se dit qu’il y a un intérêt supérieur », « l’intérêt national ».

Le président du Sénat Gérard Larcher a de son côté appelé à un « sursaut » de la part des députés pour « surmonter les ressentiments ».

M. Macron a affirmé de son côté qu’il ne pouvait pas “croire au vote de la censure”. “L’intérêt du pays est plus important que l’intérêt des parties”, a-t-il déclaré en marge d’une visite en Arabie saoudite.

M. Macron a dénoncé un « cynisme insupportable » du RN et une « perte totale de repères » des socialistes.

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PHOTO FOURNIE PAR L’AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président français Emmanuel Macron

Le chef de l’Etat a également balayé les appels à la démission de ses opposants.

Il était jusqu’alors resté silencieux en public sur cette crise qui pourrait l’obliger à chercher un nouveau premier ministre, même s’il ne dispose pas de majorité à l’Assemblée.

Lundi, M. Barnier a engagé la responsabilité de l’exécutif en faisant adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale, comme le prévoit un article de la Constitution, exposant son gouvernement à une motion de censure tout en assurant qu’il avait été « au fin du dialogue » avec les groupes politiques.

Concessions multiples

Sauf revirement spectaculaire, la motion a toutes les chances d’être approuvée, la gauche et l’extrême droite ayant annoncé qu’elles voteraient pour. Le débat aura lieu à 16 heures (10 heures, heure de l’Est) et le premier résultat est attendu vers 20 heures (14 heures, heure de l’Est), selon plusieurs sources parlementaires.

En s’inscrivant dans la « continuité catastrophique » de Macron, Michel Barnier « ne pouvait qu’échouer », a réagi Marine Le Pen dans la soirée.

“La chute de Barnier est confirmée”, a déclaré la cheffe des députés du parti de gauche radicale La France Insoumise (LFI), Mathilde Panot.

Nommé le 5 septembre par M. Macron pour trouver une sortie de crise après une dissolution parlementaire et des élections aux résultats désastreux pour sa majorité en juillet, le leader de centre droit de 73 ans a tenu trois mois grâce à un « soutien sans participation ». du RN », le parti d’extrême droite du Rassemblement national : mais « ce qui va le faire tomber, c’est justement que le RN aura cessé de le soutenir », a jugé le député socialiste Arthur Delaporte.

Alors que la France voit son déficit public se réduire, l’ancien commissaire européen et négociateur de l’UE pour le Brexit est sous le feu croisé des oppositions qui rejettent les efforts d’austérité demandés en 2025 et accusent, pour la gauche, M. Macron d’avoir accordé trop de cadeaux fiscaux au les plus riches et aux entreprises.

Michel Barnier a fait de nombreuses concessions pour apaiser l’extrême droite, acceptant par exemple de suspendre la réduction du remboursement des médicaments, mais cela n’a pas suffi.

Il a affirmé mardi soir que la leader de l’extrême droite, Marine Le Pen, était “dans une sorte de surenchère”.

“La censure de ce budget est malheureusement le seul moyen que nous donne la Constitution pour protéger les Français d’un budget dangereux, injuste et punitif”, a assuré M.moi Le Pen sur le réseau social

Protestation sociale

Voter pour la censure, “c’est notre devoir”, a déclaré le député RN Jean-Philippe Tanguy, alors que le manque d’argent public aiguise la contestation sociale.

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PHOTO OLIVIER CHASSIGNOLE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les chauffeurs de taxi de Lyon participent à une manifestation contre la baisse des tarifs du transport des patients.

A Lyon, des taxis ont bloqué certains accès routiers pour protester contre une baisse du coût du transport des malades. Les présidents d’université, de leur côté, se sont mobilisés mardi face aux restrictions budgétaires « intenables » demandées.

Jeudi, la chasse aux économies et le durcissement des règles en matière d’arrêts maladie vont conduire de nombreux enseignants à faire grève, tandis que l’aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d’annuler certains de leurs vols en France, en raison d’un appel à la grève dans la fonction publique.

Mardi, les ministres se sont relayés à la radio et à la télévision pour évoquer le risque de « chaos ». “C’est le pays qu’on met en danger”, s’est inquiété le ministre de l’Économie Antoine Armand.

« Voulons-nous vraiment le chaos ? Voulons-nous une crise économique qui affectera les plus vulnérables ? », a lancé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.

La Bourse de Paris a terminé en légère hausse mardi, les investisseurs se concentrant sur les avantages d’un statu quo budgétaire en cas de censure.

L’adoption par l’Assemblée nationale d’une telle motion serait une première en France depuis 1962. Le gouvernement Barnier deviendrait alors le plus éphémère de l’histoire de la Ve République.

Si l’exécutif tombe, la France s’enfoncerait davantage dans la crise politique née de la dissolution de l’Assemblée en juin, avec le risque supplémentaire de voir les taux d’emprunt français augmenter encore.

Le pays enregistre cette année un sérieux dérapage de son déficit public, attendu à 6,1% du PIB, et n’espère pouvoir respecter à nouveau la règle européenne des 3% qu’en 2029.

“La situation est difficile sur le plan budgétaire” et “très difficile sur le plan économique et social”, la censure “va rendre tout plus difficile et plus grave”, a prévenu M. Barnier devant l’Assemblée.

 
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