Les rebelles s’emparent de la majeure partie d’Alep

(Beyrouth) Une coalition de groupes rebelles dominés par les islamistes s’est emparée de la majeure partie d’Alep, la deuxième ville de Syrie et de son aéroport, lors d’une offensive éclair qui a fait plus de 320 morts, a indiqué samedi une ONG. suscitant l’inquiétude de plusieurs grandes puissances.


Publié à 11h59

Mis à jour à 14h30

Lisa D’OR

Agence -Presse

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau de sources dans ce pays déchiré par la guerre, a également fait état de raids aériens russes sur Alep avant l’aube, les premiers depuis 2016, année au cours de laquelle le régime a repris le contrôle de la région. ville du nord des rebelles, avec l’aide de Moscou.

Samedi après-midi, une frappe aérienne a visé des “véhicules civils” dans un secteur d’Alep pris par les rebelles, tuant 16 civils, a indiqué l’OSDH, précisant que le raid a été “probablement” mené par des avions. Russes.

Un photographe de l’AFP sur place a aperçu des voitures et des cadavres calcinés sur la route. Dans une voiture, une femme tuée avait le visage couvert par une veste.

Ces violences sont les premières de cette ampleur depuis plusieurs années en Syrie, où une guerre dévastatrice a été déclenchée en 2011, impliquant des belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales.

Avec le soutien militaire crucial de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais, le régime de Bachar al-Assad a lancé en 2015 une contre-offensive qui lui a permis de reprendre progressivement le contrôle d’une grande partie du pays. , et en 2016, toute la ville d’Alep.

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PHOTO MOHAMMED AL-RIFAI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des combattants anti-régime s’agenouillent pour prier dans une rue d’Alep, après l’entrée des jihadistes et de leurs alliés dans la ville du nord de la Syrie, le 30 novembre 2024.

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dominés par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, et des factions rebelles syriennes, certaines soutenues par la Turquie, ont lancé mercredi depuis la région d’Idlib, dernier bastion échappant au régime, une offensive contre les forces gouvernementales.

Ils ont pris des dizaines de localités avant d’entrer vendredi dans la ville d’Alep.

« Sans aucune résistance »

“Le HTS et les factions alliées ont pris la majeure partie de la ville d’Alep, les bâtiments gouvernementaux et les prisons”, a indiqué l’OSDH.

Les rebelles ont défilé dans les rues, installé leur drapeau devant un commissariat de police et déchiré un portrait de M. Assad, selon des images de l’AFP.

Ils ont également pris le contrôle de l’aéroport international d’Alep, dans la banlieue sud-est, selon l’OSDH.

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PHOTO MUHAMMAD HAJ KADOUR, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des combattants anti-régime brandissent un drapeau de l’opposition à l’entrée de la citadelle d’Alep, le 30 novembre 2024.

L’ONG ajoute que les rebelles ont également avancé samedi dans les provinces d’Idlib et de Hama, prenant le contrôle de “des dizaines de localités stratégiques sans aucune résistance”.

L’OSDH a ​​affirmé que l’armée syrienne s’était retirée de la ville de Hama (Centre), mais une Source militaire syrienne, citée par les médias d’État, a démenti.

L’armée syrienne a confirmé la présence de combattants anti-régime dans « une grande partie » d’Alep et a déploré « des dizaines » de morts et de blessés dans l’offensive.

Selon un dernier bilan de l’OSDH, 327 personnes ont été tuées depuis mercredi : 183 combattants rebelles, 100 soldats syriens et membres des forces progouvernementales ainsi que 44 civils.

L’Iran a affirmé samedi que des “éléments terroristes” avaient attaqué son consulat à Alep, et a annoncé dimanche la visite à Damas de son chef de la diplomatie.

Téhéran a également appelé à une « coordination » avec Moscou pour faire face à cette offensive. La Russie a annoncé avoir discuté avec la Turquie de la situation « dangereuse » en Syrie.

La France a appelé toutes les parties à « protéger les populations civiles » à Alep, tandis que le Département d’État américain a déclaré qu’il « surveillait » la situation.

” Couvre-feu ”

Les rebelles ont imposé un couvre-feu de 24 heures à Alep, à partir de 17 heures samedi (9 heures du matin, heure de l’Est), « pour assurer la sécurité des habitants ».

“La plupart des civils restent chez eux et les institutions publiques et privées sont presque toutes fermées” à Alep, ville de quelque deux millions d’habitants, a indiqué la radio progouvernementale Sham FM.

Le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a déclaré que les rebelles ont rapidement pris le contrôle de vastes zones d’Alep « sans rencontrer de résistance significative ».

“Les lignes du régime se sont effondrées à un rythme incroyable qui a surpris tout le monde”, a déclaré Dareen Khalifa, un expert de l’International Crisis Group.

Le HTS et les rebelles contrôlent des pans entiers de la province d’Idlib, des zones de la province voisine d’Alep, ainsi que des zones de Hama et de Lattaquié.

L’armée turque, qui contrôle plusieurs régions du nord de la Syrie, a appelé vendredi à “la fin” des “attaques” sur Idlib après les raids russes et syriens.

Le nord-ouest de la Syrie a connu un calme précaire ces dernières années grâce à un cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara, établi après une offensive du régime en mars 2020.

L’offensive rebelle a été lancée le jour où une trêve est entrée en vigueur entre le Hezbollah et Israël, en guerre ouverte depuis plus de deux mois.

Démarrée en 2011 après la répression brutale des manifestations pro-démocratie, la guerre en Syrie a fait un demi-million de morts.

 
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