La police tente de disperser des milliers de manifestants pro-UE

La police tente de disperser des milliers de manifestants pro-UE
La police tente de disperser des milliers de manifestants pro-UE

Géorgie

La police tente de disperser des milliers de manifestants pro-européens

La police géorgienne a tenté vendredi de mettre fin aux manifestations en faveur de l’intégration dans l’Union européenne.

AFP

Publié aujourd’hui à 00h04 Mis à jour il y a 6 minutes

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Pour la deuxième soirée consécutive, la police anti-émeute géorgienne a utilisé vendredi des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre des milliers de manifestants à Tbilissi après la décision du gouvernement de suspendre les négociations d’intégration avec l’Union européenne.

Le pays du Caucase est en proie à des troubles depuis que le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a déclaré sa victoire aux élections de fin octobre, qui, selon l’opposition et la présidente Salomé Zourabichvili, ont été entachées de fraude.

Cette ancienne diplomate française élue en 2018 dans son pays d’origine, entrée en conflit avec le parti au pouvoir, était la veille à la manifestation et s’est déclarée vendredi soir “solidaire” du “mouvement de résistance”.

L’arrestation d’une quarantaine de manifestants la nuit précédente

Le gouvernement, accusé de dérive autoritaire pro-russe, a déclenché jeudi une nouvelle vague de mobilisation en déclarant qu’il reporterait à 2028 toute négociation d’intégration à l’Union européenne, un objectif de longue date de l’ex-république soviétique.

Des milliers de personnes se sont à nouveau rassemblées vendredi soir devant le Parlement, dans le centre de la capitale, à l’appel de l’opposition pro-européenne, après l’arrestation d’une quarantaine de manifestants la nuit précédente à la suite d’une violente dispersion de la manifestation.

Mais les policiers anti-émeutes ont de nouveau fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau contre les manifestants, qui ont de leur côté jeté des œufs et lancé des feux d’artifice, selon des journalistes de l’AFP sur place.

« Le mouvement de résistance a commencé »

La chaîne de télévision indépendante Pirveli a indiqué qu’une de ses journalistes avait été hospitalisée, grièvement blessée, après avoir été frappée par la police avec son caméraman.

Le ministère de l’Intérieur a de son côté affirmé que deux de ses hommes avaient été blessés et que « les mesures prévues par la loi avaient été prises pour calmer la situation ».

Des journalistes de l’AFP ont vu un feu allumé dans la rue et deux cocktails Molotov lancés.

« Le mouvement de résistance a commencé. […] Je suis solidaire», a déclaré la présidente Salomé Zourabichvili, aux pouvoirs constitutionnellement limités, dans un discours télévisé. “Nous resterons unis jusqu’à ce que la Géorgie atteigne ses objectifs : revenir sur la voie européenne et obtenir de nouvelles élections”, a-t-elle ajouté.

« Détruire les chances de la Géorgie d’adhérer à l’Union européenne »

La a de son côté appelé vendredi au “respect du droit de manifester pacifiquement” et souligné “soutenir les aspirations européennes” de la Géorgie, “qui ne doivent pas être trahies”.

“Le gouvernement autoproclamé du Rêve géorgien fait tout ce qu’il peut pour détruire les chances de la Géorgie d’adhérer à l’Union européenne”, a déclaré vendredi à l’AFP la manifestante Laura Kekelidze, une enseignante de 39 ans.

« Ils savent que leur régime autoritaire est incompatible avec l’adhésion à l’UE », a-t-elle déclaré. Mais les Géorgiens font partie de l’Europe et c’est pourquoi nous sommes dans la rue aujourd’hui.»

Des manifestations ont également eu lieu vendredi dans plusieurs villes de Géorgie, selon la chaîne de télévision Mtavari.

Rapprocher Tbilissi de Moscou

Le Rêve géorgien et le gouvernement qui en est issu sont accusés par leurs détracteurs de détourner cette ancienne république soviétique de son ambition d’adhérer à l’Union européenne et, au contraire, de vouloir rapprocher Tbilissi de Moscou.

La Géorgie a officiellement obtenu le statut de candidate à l’adhésion en décembre 2023, mais Bruxelles a depuis gelé le processus, accusant le gouvernement de grave recul démocratique.

Si les autorités assurent toujours qu’elles comptent adhérer à l’UE en 2030, elles ont annoncé jeudi soir reporter la question à fin 2028.

Jeudi soir et vendredi matin, les policiers anti-émeutes ont tiré des balles en caoutchouc et utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau, frappant des manifestants et des journalistes devant le Parlement, a constaté un journaliste de l’AFP. En face, les manifestants avaient érigé des barricades auxquelles ils ont incendié.

« Répression brutale des manifestations »

Selon le ministère de l’Intérieur, « 43 personnes ont été interpellées » dans la nuit de jeudi à vendredi. Selon lui, 32 policiers ont été blessés « à la suite des actions illégales et violentes des manifestants ». L’opposition boycotte le nouveau Parlement et les manifestations se succèdent, sans pour autant faire plier le gouvernement.

Salomé Zourabichvili réclame à la Cour constitutionnelle l’annulation des résultats des élections législatives, une demande qui a peu de chances d’aboutir.

Le Conseil de l’Europe a condamné la « répression brutale des manifestations » à Tbilissi, s’inquiétant également de la décision du gouvernement géorgien de suspendre ses négociations avec l’UE. Amnesty International a dénoncé une volonté de « supprimer toute dissidence par le recours illégal à la force policière ».

L’Ukraine, qui a elle-même connu une révolution pro-européenne en 2014 après que les autorités de l’époque ont tenté sous la pression de Moscou de suspendre le rapprochement avec l’UE, a dénoncé un « recours à la force » et une « limitation des processus démocratiques » effectués selon elle. « pour plaire à Moscou ».

« Des irrégularités importantes »

Jeudi, le Parlement européen a adopté une résolution rejetant les résultats des élections législatives en Géorgie, dénonçant des « irrégularités importantes ».

Le texte exige qu’une nouvelle élection soit organisée d’ici un an sous supervision internationale et que des sanctions soient prises contre de hauts responsables géorgiens, dont Irakli Kobakhidze.

En réponse, ce dernier, en poste depuis février et confirmé jeudi par les députés européens, a accusé le Parlement européen de « chantage ».

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