En Corée du Sud, les parents s’enferment dans des cellules pour comprendre leurs adolescents.

En Corée du Sud, les parents s’enferment dans des cellules pour comprendre leurs adolescents.
En Corée du Sud, les parents s’enferment dans des cellules pour comprendre leurs adolescents.

Temps de lecture : 2 minutes – Repéré sur la BBC

Ce n’est pas une prison, mais ça y ressemble beaucoup. Dans le bâtiment de la Happiness Factory, les chambres sont exiguës, minimalistes et ne communiquent pas entre elles ; le seul contact avec le monde extérieur se fait par une trappe qui permet de recevoir les plateaux-repas. Les téléphones ne sont pas autorisés, pas plus que les ordinateurs portables. En revanche, les « détenus » ne le sont pas, puisqu’ils sont là de leur plein gré.

Les adultes qui fréquentent ce lieu, géré par deux ONG, la Korea Youth Foundation et le Blue Whale Recovery Centre, sont tous partisans de l’enfermement : on leur vend la méthode comme un moyen de renouer avec les adolescents ou les jeunes adultes avec lesquels ils vivent habituellement et avec lesquels ils ne s’entendent plus. Depuis avril, un programme de 13 semaines est proposé à ces parents désorientés, dont les enfants ont choisi de se couper du monde plutôt que de l’affronter.

En Corée du Sud, on estime que 5% des 19-34 ans vivent actuellement dans un état d’isolement volontaire, comparable à celui des hikikomori, un phénomène identifié depuis longtemps au Japon. Le programme proposé par les ONG vise à offrir aux parents des jeunes concernés des clés de compréhension afin de rétablir le dialogue avec leurs adolescents. Au menu, il y a entre autres une expérience consistant à vivre en reclus pendant trois jours complets afin de mieux se mettre à leur place.

Morale en berne

La BBC s’est intéressée à ce système, qui semble porter ses fruits. Une fois passée la phase d’isolement, les parents coréens disent se sentir plus proches de leurs enfants. Mère d’un jeune homme de 24 ans qui vit reclus depuis trois ans, alors qu’on lui promettait une belle carrière universitaire, une femme interrogée résume : « Je me demande ce que j’ai fait de mal, c’est douloureux d’y penser, mais en commençant à réfléchir, j’ai gagné en clarté. »

« J’ai compris qu’il était important d’accepter la vie de mon enfant sans le forcer à entrer dans un moule. »ajoute celle qui regrette d’avoir sans doute mis trop de pression sur les épaules de son fils. Le ministère sud-coréen de la Santé et du Bien-être s’est lui aussi intéressé aux raisons qui poussent les 19-34 ans à décider de vivre reclus : selon une enquête, cela s’explique en premier lieu par les difficultés à trouver un emploi (24,1%), mais les problèmes de relations interpersonnelles (23,5%), les soucis familiaux (12,4%) et les problèmes de santé (12,4%) sont aussi très souvent cités.

Les jeunes Coréens sont en difficulté. Le pays connaît l’un des taux de suicide les plus élevés, c’est pourquoi le gouvernement coréen a lancé un plan quinquennal pour remédier à ce problème en 2023. Désormais, les personnes âgées de 20 à 34 ans seront soumises à des examens de santé mentale tous les deux ans.

L’initiative Happiness Factory vise également à éviter que les Coréens ne sombrent dans l’isolement : bien souvent, les parents des jeunes hikikomori ont tellement honte qu’ils décident de ne parler de ce problème à personne, y compris à leurs proches, qu’ils préfèrent tout simplement cesser de voir.

 
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