LLe sort de l’Ukraine se décide désormais et, avec lui, l’avenir de l’Europe. Après mille jours de guerre, avec la perspective d’une éventuelle fin des combats, le moment est critique pour les Ukrainiens comme pour les Européens, suspendus aux décisions américaines de moins en moins lisibles.
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En autorisant l’usage de missiles à longue portée contre la Russie, l’administration Biden livre un dernier baroud d’honneur censé s’abstenir de sa responsabilité pour l’avenir. Donald Trump est juste pressé d’en finir. Pour les Russes, la cause est claire : ils ont déjà gagné. Quel que soit le prix exorbitant de la victoire et tout le sang versé, ils ont bel et bien gagné l’épreuve de volonté à laquelle se résume toute guerre. Ils gagnent quand nous, Occidentaux, en sortons affaiblis.
Il était risqué d’embrasser ce conflit avec une ampleur hors de portée, d’en faire un « Croisade des démocraties »tandis que nous mesurions quotidiennement notre soutien à l’Ukraine afin d’éviter de nous laisser entraîner dans la spirale de la belligérance. Il est indécent et ridicule de se consoler aujourd’hui en constatant que la Russie a dû ravaler ses ambitions et que ses gains territoriaux, au regard des régions déjà contestées en 2014, ne sont pas considérables.
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Il s’agit encore de l’annexion définitive de la Crimée et de la conquête d’environ 20 % du territoire ukrainien. De plus, les combats ne sont pas terminés. Les Russes, malgré l’hiver, tentent d’accentuer leur avantage pour acquérir une position de force à la table des négociations.
Donald Trump veut accélérer la résolution du conflit dès son installation. Ses équipes préparent déjà des propositions d’accord avec Moscou. Un traité de paix reconnaissant les annexions territoriales est exclu. Ce serait admettre la loi du fait accompli ; cela piétinerait la souveraineté de l’Ukraine. Seul un cessez-le-feu, voire un armistice ouvert aux autres parties, est possible.
Arrêtez de virer de bord
La cessation ordonnée des hostilités aboutit, dans ce schéma, à un simple gel du conflit. Il s’agit de l’arrêt progressif des combats, de l’établissement d’une ligne de démarcation, de la démilitarisation des zones de part et d’autre, du déploiement d’une force d’observation, de l’échange de prisonniers et du retour des déportés. ou détenus contre leur gré sur le territoire russe.
Vladimir Poutine a un plan qui va bien au-delà. Il veut obtenir la sécession des oblasts (régions) occupés, la « finlandisation » de l’Ukraine et la chute du gouvernement Zelensky. Fort de cet exemple, il entend consolider l’emprise de la Russie sur la Géorgie, la Biélorussie et la Moldavie. Il poursuivra son travail de sape en Europe. Le gel du conflit ukrainien ne signifie en aucun cas la fin des intimidations et des ingérences russes contre nos démocraties. Réversibilité de la méthode, on repassera juste de la guerre ouverte à la guerre couverte avant 2022.
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