Absente du débat politique depuis qu’elle a quitté le pouvoir fin 2021, Angela Merkel reprend la parole à l’heure où l’actualité est marquée par les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche et le campagne électorale en Allemagne en vue d’élections législatives anticipées en février.
“Nous y parvenons”
Elle n’a jamais été autant attaquée que pour sa gestion de la crise migratoire, où elle a ordonné de ne pas refouler les réfugiés arrivés aux frontières du pays en septembre 2015. Expliquez ses motivations à l’époque, sa « vision de l’Europe et de la mondialisation » la poussait à écrire ces mémoires, dit-elle dans l’ouvrage publié en France par Albin Michel.
En prononçant une phrase marquante – « Nous y arriverons » (« Wir schaffen das ») – elle a exposé « une attitude » : « Là où il y a des obstacles, nous devons travailler pour les surmonter ». Elle dit qu’elle « ne comprend toujours pas », à propos d’un selfie avec un réfugié syrien, « qu’on puisse supposer qu’un visage aimable sur une photo suffirait à inciter des légions entières à fuir leur patrie ». Tout en affirmant que « l’Europe doit toujours protéger ses frontières extérieures », elle souligne que « la prospérité et l’État de droit feront toujours de l’Allemagne et de l’Europe (…) des lieux où nous voulons vivre. redonner”.
Sur la montée de l’AfD d’extrême droite allemande, elle met en garde les partis démocrates : s’ils « croient pouvoir contenir la progression de l’AfD en continuant inlassablement à s’emparer de ses thèmes, voire à faire de la surenchère rhétorique sans proposer de solutions concrètes aux problèmes existants », elle met en garde les partis démocrates. problèmes, ils échoueront.
A lire aussi : Crise migratoire de 2015 : l’acte historique d’Angela Merkel récompensé à Genève
Ne revenez pas au nucléaire
Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, il est critiqué pour avoir rendu l’Allemagne dépendante des livraisons de gaz russe. Or, souligne-t-elle, la création du gazoduc Nord Stream 1 avait été signée par son prédécesseur, le social-démocrate Gerhard Schröder, devenu par la suite président du comité d’actionnaires et du conseil de surveillance de cette société.
Pour Nord Stream 2, le deuxième gazoduc jamais mis en service, auquel elle a donné son feu vert bien après l’annexion russe de la Crimée en 2014, elle explique qu’il aurait été à l’époque « difficile de faire accepter l’Allemagne par autant de personnes (… ) que dans de nombreux États membres de l’UE », l’importation d’autres carburants plus chers.
Elle justifie également ce choix par l’abandon progressif du nucléaire, qu’elle avait décidé en 2011 au lendemain de la catastrophe de Fukushima : « le gaz naturel remplissait plus que jamais la fonction d’une technologie fossile de transition » en attendant que les énergies renouvelables prennent le relais. .
Elle recommande également de ne pas faire marche arrière en matière d’énergie atomique en Allemagne, comme le préconisent certains : « Nous n’en avons pas besoin pour atteindre nos objectifs climatiques, pour être technologiquement efficaces et, ce faisant, pour inspirer du courage aux « autres pays ».
Vladimir Poutine, « toujours prêt à frapper »
Aucun autre dirigeant n’est autant critiqué dans ces mémoires que le président russe Vladimir Poutine, qu’elle décrit comme « un homme perpétuellement aux aguets, craignant d’être maltraité et toujours prêt à donner des coups, y compris en jouant à exercer son pouvoir avec un chien et en faisant faire aux autres ». attendez.
Cependant, elle « continue de penser » que « malgré toutes les difficultés (…) elle a bien fait d’avoir insisté (…) pour ne pas laisser rompre les contacts avec la Russie (…) et aussi pour préserver les liens à travers les relations commerciales – au-delà des avantages économiques mutuels » . Car, souligne-t-elle, « la Russie est, avec les États-Unis, l’une des deux principales puissances nucléaires du monde » et elle est voisine de l’Europe.
Elle défend également toujours son opposition à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN lors du sommet de Bucarest en 2008, jugeant illusoire de penser qu’un statut de candidate l’aurait protégée de l’agression de Poutine.