D’où proviendront les sommes colossales nécessaires à la lutte contre le changement climatique, notamment pour les pays en développement ?
Publié hier à 13h14
Ian Bickis
La Presse Canadienne
La conférence des Nations Unies sur le climat qui s’est conclue cette semaine a souligné la nécessité de pousser les gouvernements à investir davantage, mais, comme le montre la vague de critiques concernant la faiblesse des engagements financiers, des alternatives sont également nécessaires.
« Il n’y a tout simplement pas assez d’argent provenant de sources gouvernementales », déplore Catherine McKenna, directrice exécutive de Climate and Nature Solutions et ancienne ministre fédérale de l’Environnement.
Pour contribuer à combler cet écart important, il existe une pression croissante en faveur du recours au financement dit mixte, qui utilise des fonds publics pour apporter un certain soutien financier à un projet afin que le secteur privé ait une raison d’investir.
“Nous devons faire preuve de créativité pour trouver les bonnes incitations pour que cela se produise”, déclare M.moi McKenna.
Ce modèle est particulièrement nécessaire dans les pays en développement, où les risques sont plus élevés et où les analyses de rentabilisation sont plus difficiles à établir.
Pour combler cette lacune, FinDev Canada a annoncé la création d’une plateforme de financement mixte au moment même où s’ouvrait la COP29. En partenariat avec Mitsubishi Financial Group et soutenue par un investissement du Fonds vert pour le climat, la plateforme s’est fixée un objectif de financement de 1,5 milliard pour aider jusqu’à 25 pays en développement.
Cette initiative vise à poursuivre les efforts antérieurs à plus petite échelle du Canada en utilisant le financement mixte. Un exemple de ces efforts est un partenariat qui a aidé à lancer l’énergie verte en Ouzbékistan.
En 2020, le Canada a fourni 17,5 millions de dollars américains de financement à des taux inférieurs à ceux du marché, aux côtés d’autres organisations, pour aider au lancement d’un projet solaire de 100 millions de dollars américains – le premier en Ouzbékistan.
Une fois cet obstacle surmonté, l’un des co-investisseurs a ensuite contribué au lancement d’un deuxième projet solaire deux fois plus grand et avec moins de concessions. Peu de temps après, un projet éolien a été lancé sans aucun financement pour réduire les coûts.
Le modèle de financement est destiné à aider à réaliser ces premiers projets difficiles afin d’ouvrir la voie à d’autres projets à venir, explique Nnamdi Igbokwe, directeur du leadership éclairé chez Convergence.
« C’est pourquoi le financement mixte est devenu si important, car il s’agit d’un mécanisme qui permet la mobilisation du secteur privé d’une manière qui autrement serait pratiquement exclue. »
Convergence, un groupe basé à Toronto qui s’efforce d’accroître le recours au financement mixte, a découvert que ce modèle avait été utilisé pour 18,3 milliards de dollars de financement climatique l’année dernière, contre 8 milliards de dollars un an plus tôt.
Il est important de noter que le total comprenait six transactions d’une valeur supérieure à 1 milliard de dollars chacune.
« Nous commençons à observer une utilisation plus intelligente et plus efficace du capital catalyseur, où les transactions de plusieurs milliards de dollars deviennent plus cohérentes », déclare M. Igbokwe.
C’est important, car pour réduire les objectifs de financement mondiaux de plusieurs milliards de dollars, il faut un flux constant de transactions de plusieurs milliards de dollars, ajoute-t-il.