La découverte faite par Donald Johanson et un étudiant en archéologie nommé Tom Gray le 24 novembre 1974 en Éthiopie ouvrira un nouveau chapitre de l’histoire de l’humanité. Ce jour-là, au matin, les deux hommes décidèrent de retourner dans une zone déjà fouillée à deux reprises, au cas où…
Preuve que les anciens humains marchaient
Après deux heures de travail, un morceau d’os émerge du sédiment, un fragment de cubitus, un os de l’avant-bras qui s’insère dans l’humérus. Puis, à proximité, ils découvrent l’arrière d’un petit crâne. Et plus loin encore, un fémur… Les os semblent provenir du même corps. Il faudra trois semaines pour prélever près de la moitié du squelette d’un hominidé d’environ 1 m de haut, ayant vécu il y a plus de 3 millions d’années. À l’époque, aucun squelette aussi ancien n’était connu. De plus, cela prouve que les anciens humains étaient capables de marcher sur deux pieds il y a 3,2 millions d’années, une caractéristique qui était ensuite attribuée à des espèces plus récentes et plus évoluées.
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Un lien particulièrement important
Les os sont très fragiles, transformés en pierre par le temps. Il faut récupérer soigneusement ceux déjà dégagés, puis après avoir retiré la couche d’alluvions, centimètre par centimètre, les ranger et les laver. L’ensemble du processus prend environ deux semaines et demie.
Les scientifiques ont immédiatement attribué l’appartenance de ces restes à une nouvelle espèce, qu’ils ont baptisée « Australopithèque afarensis « . Son physique semble se situer quelque part entre celui de l’humain et celui du singe, ce qui suggère qu’elle occupait une place particulière dans l’arbre généalogique de la vie. En raison de la nature délicate des os et de la petite taille du sujet, les anthropologues en déduisent qu’il s’agit d’une femelle. Les découvertes ultérieures de fossiles révéleront que les mâles étaient beaucoup plus gros.
Une chanson des Beatles
Ce soir-là au camp, les scientifiques se détendent en écoutant l’album Groupe du Lonely Hearts Club de Sergent Pepper des Beatles, et plus précisément le titre Lucy dans le ciel avec des diamants quand l’un d’eux suggère « Et si on l’appelait Lucy ? « . Un prénom séduisant qui lui restera à jamais gravé dans la mémoire.
Cette femelle australopithèque vivait probablement en forêt où elle se nourrissait de fruits et de noix, mais aussi probablement en pillant des nids d’oiseaux, des nids de crocodiles, des nids de tortues. Il avait des bras puissants et de longs orteils courbés qui lui permettaient de grimper aux arbres et de marcher debout.
La découverte de Lucy a marqué une nouvelle étape dans la recherche sur les origines humaines. Elle a franchi la barrière symbolique des 3 millions d’années. Bien que des hominidés fossiles deux fois plus âgés aient été découverts depuis, Lucy reste une sorte de « rock star » de la paléoanthropologie. Son squelette, constitué de quarante-sept os provenant du même individu, est le plus complet connu de l’un de nos ancêtres de cette époque.