La majorité des écoles de New Delhi fermées à cause de la pollution

La majorité des écoles de New Delhi fermées à cause de la pollution
La majorité des écoles de New Delhi fermées à cause de la pollution

(New Delhi) La pollution de l’air a atteint lundi un nouveau pic inquiétant dans la capitale indienne New Delhi, noyée dans un brouillard aussi opaque que toxique qui a contraint les autorités à fermer la plupart des écoles.

Bhuvan Bagga

Agence -Presse

Les concentrations dans l’air de microparticules PM 2,5 y ont atteint dans la matinée des niveaux jusqu’à 60 fois supérieurs aux seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon les relevés de la société IQAir.

La mégalopole de 30 millions d’habitants est confrontée chaque hiver à des épisodes d’hyperpollution provoqués par les habituelles fumées des usines et du trafic routier, auxquelles s’ajoutent celles des brûlages agricoles saisonniers.

Ce couvercle toxique s’est largement répandu depuis New Delhi lundi pour recouvrir une grande partie du nord de l’Inde. Les visiteurs du Taj Mahal à Agra ont inondé les réseaux sociaux de photos du célèbre monument de marbre blanc enveloppé de brume.

Après un court répit, les habitants de Lahore, deuxième ville voisine du Pakistan, ont de nouveau respiré lundi un air qualifié de « dangereux ».

Le « smog » est jugé par les experts comme responsable de milliers de décès prématurés chaque année.

“Cela fait plusieurs jours que j’ai les yeux qui me brûlent”, a déclaré à l’AFP Subodh Kumar, 30 ans, qui conduit un taxi à pédales (rickshaw). “Mais, pollution ou pas, je dois être sur la route”, a-t-il ajouté, “ma vie […] est dehors.

“Je n’ai jamais vu cela depuis quarante ans que je vis ici”, a témoigné l’historien écossais William Dalrymple sur son compte X, comparant la capitale indienne à un “piège mortel”.

Les autorités locales ont déclenché dimanche soir le niveau 4 de leur plan d’alerte “afin d’éviter une nouvelle dégradation de la qualité de l’air”.

« L’éducation affectée »

“Les cours en présentiel seront interrompus pour tous les élèves sauf les niveaux 10 et 12” au lycée, a ordonné le chef de l’exécutif local, Atishi, qui ne porte qu’un seul nom.

Les écoles primaires ont été fermées la semaine dernière.

“L’éducation des enfants va être affectée car tout le monde ne pourra pas suivre les cours en ligne”, a déploré lundi une mère, Huma Naaz, dont le fils va à l’école à New Delhi.

Tous les chantiers ont également été suspendus et la circulation des poids lourds et des véhicules les plus polluants a été sévèrement restreinte.

Le gouvernement local a également exhorté les enfants, les personnes âgées et tous ceux qui souffrent de maladies pulmonaires et/ou cardiaques à « rester chez eux autant que possible ».

De nombreux habitants de la capitale indienne n’ont pas les moyens d’acheter des purificateurs d’air et vivent dans des maisons peu isolées de l’extérieur.

« Qui peut se permettre un purificateur d’air lorsqu’il a du mal à payer ses factures ? », fait valoir Rinku Kumar, 45 ans, chauffeur de « tuk-tuk », ces taxis motorisés à trois roues.

“Les riches ministres et les hauts fonctionnaires peuvent se permettre de rester chez eux, ce que les gens ordinaires comme nous ne peuvent pas”, a-t-il ajouté.

Selon l’OMS, la pollution de l’air peut provoquer des maladies cardiovasculaires ou respiratoires et des cancers du poumon.

“Le gouvernement ne fait rien”

Une étude publiée dans la revue médicale Lancet impute la mauvaise qualité de l’air à la mort de 1,67 million d’Indiens en 2019.

La Cour suprême indienne a ordonné lundi aux autorités de prendre « toutes les mesures possibles » contre la pollution, arguant qu’il est de leur « obligation constitutionnelle » de « garantir que les citoyens vivent dans une atmosphère saine ».

Les mesures préventives mises en œuvre jusqu’à présent par les autorités, tant nationales que locales, se sont jusqu’à présent révélées largement inefficaces.

Le « ministre en chef » de New Delhi a une nouvelle fois mis en cause lundi les brûlages agricoles pratiqués dans les Etats voisins de la capitale.

« Le gouvernement national ne fait rien. Aujourd’hui, toute l’Inde du Nord se trouve dans une situation d’urgence médicale”, a déploré Atishi, issu de l’opposition au Premier ministre Narendra Modi.

“Toute la nuit, j’ai reçu des appels téléphoniques de personnes qui devaient hospitaliser des personnes âgées pour des problèmes respiratoires”, a-t-elle déploré devant la presse.

Après avoir incité les automobilistes à éteindre leur moteur aux feux rouges, la municipalité de New Delhi a testé en 2021 une tour de filtration, rapidement abandonnée, et envisage désormais d’utiliser des drones pour arroser les zones les plus polluées.

Des « mesures », dénoncent les ONG de défense de l’environnement, qui prônent « l’arrêt des émissions à leur base ».

 
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