Venezuela –
Libération des détenus issus de la crise post-électorale
Près de 79 personnes, arrêtées après la réélection contestée du président du Venezuela, ont été libérées samedi.
AFP
Publié : 16/11/2024, 23h53 Mis à jour il y a 11 minutes
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Au moins 79 personnes sur les quelque 2.400 officiellement arrêtées après la réélection contestée du président vénézuélien Nicolas Maduro fin juillet ont été libérées samedi, alors que le parquet promet un total de 225 libérations au cours du week-end.
“Jusqu’à présent, au moins 70 prisonniers politiques ont été libérés”, a déclaré le directeur de l’ONG Foro Penal, Alfredo Romero, sur les réseaux sociaux. Les journalistes de l’AFP ont assisté à la libération de neuf personnes suite à cette annonce. “225 détenus seront libérés” ce week-end, a précisé une Source du parquet.
Vendredi, le parquet avait promis le réexamen de 225 dossiers parmi les 2.400 personnes arrêtées lors des troubles qui ont suivi la proclamation de la victoire de Nicolas Maduro par le Conseil national électoral, considéré comme aux ordres du pouvoir.
28 morts et près de 200 blessés
L’opposition dénonce la fraude et revendique la victoire de son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia. Les États-Unis, l’Europe et de nombreux pays d’Amérique latine ne reconnaissent pas la deuxième réélection de Nicolas Maduro.
Le bilan des violences post-électorales s’élève à 28 morts et près de 200 blessés, selon le procureur général Tarek William Saab.
« Je me sens un peu perdu après une si longue période d’incarcération… Je me sens en paix […] “Ces trois mois ont été assez durs, j’avais confiance que nous allions sortir parce que nous sommes tous innocents”, a déclaré à l’AFP Andres Galea, 31 ans, serveur et vendeur, l’un des libérés de la prison de Yare. III à une centaine de kilomètres de Caracas. Accompagné de sa mère en pleurs, il a été applaudi par la centaine de personnes qui attendaient sa libération depuis le matin.
“Il est innocent”
Dès le petit matin, les rumeurs de libérations prochaines ont amené des dizaines de proches de détenus devant les prisons.
« Le niveau d’anxiété ne diminue pas ! Tant qu’ils ne sont pas libres, je ne peux pas dire qu’ils le sont. C’était la pire chose qui soit jamais arrivée à notre famille. Le pire […] C’était dur. Et cela touche beaucoup de gens, à l’extérieur comme à l’intérieur. Nous sommes toutes des mères », raconte Nelia Olivares, proche de trois personnes emprisonnées : son beau-frère et ses deux neveux.
“Nous sommes venus aujourd’hui parce que nous en avons entendu parler sur les réseaux sociaux”, a déclaré à l’AFP Alexandra Hurtado, 47 ans, devant Yare III, vêtue d’un T-shirt avec une photo de son fils, Oscar Escalona, 23 ans, et le slogan : “Ce n’est pas un terroriste, il est innocent.”
« Une sorte d’erreur de procédure »
Devant la prison pour femmes de Las Crisalidas (également près de Caracas), un groupe attend. « Ces quatre mois ont été horribles, voir ma fille pleurer […] Je lui ai dit que maman allait revenir”, a déclaré à l’AFP Junior, un cuisinier de 34 ans, qui a préféré ne pas donner son nom de famille, en attendant de savoir si sa femme allait être libérée.
« S’il y a des cas à rectifier et à réexaminer, c’est aussi pour que justice soit rendue […] au cas où il y aurait une erreur de procédure», a déclaré lundi le président Maduro, indiquant que la justice examinerait de nouveaux cas.
Des centaines de familles ont organisé des manifestations ces dernières semaines pour exiger la libération de leurs proches. L’opposition dénonce régulièrement les conditions de détention « inhumaines » des personnes arrêtées.
Une « crise répressive » au Venezuela
Jeudi, un militant de l’opposition est décédé en prison. La veille, sa famille avait signalé le mauvais état d’une jambe nécrotique. Foro Penal a dénoncé jeudi une « crise répressive » au Venezuela « avec ce chiffre énorme de 1.976 prisonniers politiques », contre 305 avant l’élection présidentielle du 28 juillet.
“Nous parlons du plus grand nombre de prisonniers politiques du XXIe siècle, du plus grand nombre de prisonniers politiques de tout le continent américain”, avait alors déclaré Alfredo Romero à l’AFP.
Depuis la réélection contestée du président Maduro, Edmundo Gonzalez Urrutia s’est réfugié en Espagne et la chef de l’opposition, Maria Corina Machado, vit cachée.
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