Jeudi, les gangs se sont emparés d’un nouveau site stratégique à Port-au-Prince, en Haïti : le quartier Solino, proche des grands axes routiers et du centre-ville. Les habitants ont été chassés, ce qui a donné lieu à un spectacle devenu trop courant sur place : le déplacement de centaines de familles, vers des lieux sécurisés, avec le peu de biens qu’elles ont pu sauver.
Un vent de panique régnait avant-hier (jeudi 14 novembre 2024), dans certains quartiers de Port-au-Prince. Des centaines de familles tentent de fuir les gangs. Après des mois d’attaques répétées, les malfaiteurs ont pris la veille le contrôle d’un quartier stratégique de la capitale haïtienne, a constaté un journaliste de l’Agence France Presse (AFP).
Les habitants des quartiers Nazon, Delmas 30 et Christ-Roi craignent d’être les prochaines cibles des gangs qui ravagent Haïti. Beaucoup d’entre eux fuient, à pied, en camionnette ou à moto, emportant des sacs de vêtements, des documents importants et même des meubles.
Le quartier Solino est tombé mercredi sous le contrôle de «Vivre ensemble» (Vivre ensemble), l’alliance des gangs formée en février qui a réussi à renverser le Premier ministre Ariel Henry.
Les bandes armées tentent de s’emparer du quartier depuis plusieurs mois, car il offre plusieurs avantages stratégiques : surplombant plusieurs axes routiers importants, il permet de relier d’autres quartiers sous leur joug au centre-ville.
Marjorie, habitante du quartier Solino, a été aperçue près de Nazon portant sur la tête ses quelques affaires personnelles.
J’habitais à Solino. Je ne peux plus y rester. Les bandits m’ont chassé de chez moi. Je n’ai nulle part où aller. Je vais vivre dans la rue (…). Je n’arrive plus à écouter le sifflement des balles. Cela affecte ma santé mentale. Je suis épuisé
Marjorie, habitante chassée du quartier Solino
Des centaines d’habitants se sont réfugiés dans les locaux de l’Office de protection du citoyen (OPC), dans le quartier du Bourdon, transformés en centre d’accueil pour personnes déplacées. Idem dans d’autres institutions ou établissements scolaires, depuis plusieurs mois.
Mon fils aîné a été tué par des bandits en mars de l’année dernière, au bas de Delmas. Ils ont incendié ma maison. Je me suis réfugié à Solino, dans une autre maison. Celui-ci vient également de passer sous les flammes.
Avenel, réfugié à l’OPC avec sa femme et ses trois enfants
Depuis lundi, Port-au-Prince est confrontée à une nouvelle flambée de violences.Vivre ensemble», dans un contexte de crise politique marqué par le limogeage du Premier ministre Garry Conille, par le Conseil Présidentiel de Transition. Il a été remplacé par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé.
Investi lundi, le nouveau leader a promis de rétablir la sécurité et d’organiser les premières élections en Haïti ; il n’y en a plus eu depuis 2016. Il mène depuis des consultations pour constituer son cabinet ministériel.
La capitale est également coupée du reste du monde, après la décision du régulateur américain de l’aviation (FAA) d’interdire les vols commerciaux des compagnies américaines vers Haïti, après que trois avions ont essuyé des tirs lundi.