Le corps d’une Américaine sera stocké cryogéniquement en Suisse

Le corps d’une Américaine sera stocké cryogéniquement en Suisse
Le corps d’une Américaine sera stocké cryogéniquement en Suisse

Une photo non datée fournie par Tomorrow Biostasis du centre de conservation, basé à Rafz, un village du canton de Zurich.

AFP

A 24 ans, Becca Ziegler a déjà des projets pour l’au-delà : son corps sera congelé dans le froid par un laboratoire de Berlin dans l’espoir ténu d’une nouvelle vie.

Cet Américain, qui vit et travaille dans la capitale allemande, a signé un contrat avec la start-up Tomorrow Biostasis, spécialisée dans la conservation des défunts à très basse température pour les réanimer si les progrès de la science le permettent un jour.

Le moment venu, une équipe de médecins plongera Becca Ziegler dans une cuve d’azote liquide, à une température de -196°C, puis transférera la capsule dans un centre en Suisse.

“En général, j’aime la vie et je suis curieuse de voir à quoi ressemblera notre monde dans le futur”, explique à l’AFP Mme Ziegler, chef de produit pour une entreprise technologique californienne.

Apparue dans les années 1960, la cryogénie n’est plus réservée aux milliardaires excentriques ou au domaine de la fiction – Han Solo est cryogéniquement figé dans « L’Empire contre-attaque » et Louis de Funès est confronté dans « Hibernatus » à son retour à la vie d’un homme. libéré des glaces polaires.

Première du genre en Europe

Plusieurs entreprises aux États-Unis proposent déjà ce procédé et on estime qu’environ 500 personnes ont livré leurs cadavres au froid éternel.

Fondée en 2020 à Berlin, Tomorrow Biostasis est la première entreprise du genre en Europe.

L’un de ses objectifs “est de réduire les coûts pour que la cryogénie devienne accessible à tous”, a expliqué à l’AFP l’un des fondateurs, Emil Kendziorra.

En échange d’une cotisation mensuelle de 50 euros tout au long de leur vie, la start-up s’engage à geler ses clients après leur décès.

A cela s’ajoute une somme forfaitaire de 200 000 euros à verser après le décès – 75 000 euros pour la seule congélation du cerveau – qui peut être financée via un système d’assurance-vie.

700 clients

Agé de 38 ans et originaire de Darmstadt, dans l’ouest de l’Allemagne, M. Kendziorra a étudié la médecine et s’est spécialisé dans la recherche sur le cancer, avant de jeter l’éponge, frustré par la lenteur des progrès dans ce domaine, dit-il.

« L’un des avantages de la cryonie, c’est qu’on peut la faire dès maintenant », observe-t-il.

Tomorrow Biostasis précise avoir environ 700 clients sous contrat et affirme avoir réalisé la cryogénie de quatre personnes d’ici fin 2023.

Selon M. Kendziorra, le client type a entre 30 et 40 ans, travaille dans le secteur technologique et est plus masculin que féminin.

Lorsqu’un client décède, Tomorrow Biostasis s’engage à envoyer une ambulance spécialement équipée pour rafraîchir le défunt à l’aide de glace et d’eau. Le corps est ensuite infusé d’un “cryoprotectant” et transporté vers l’installation dédiée en Suisse, à Rafz, un village du canton de Zurich très proche de la frontière allemande, selon l’entreprise.

“Nous sommes sceptiques”

En 2016, une équipe de scientifiques a réussi à maintenir le cerveau d’un lapin dans des conditions parfaites lors d’un stockage cryogénique. En mai de cette année, des chercheurs chinois de l’Université de Fudan ont utilisé une nouvelle technique pour congeler des tissus cérébraux humains, qui se sont révélés pleinement fonctionnels après 18 mois de stockage cryogénique.

Mais pour Holger Reinsch, chercheur à l’institut de recherche ILK de Dresde (Allemagne de l’Est), les espoirs de ramener à la vie une personne gelée dans un avenir proche sont très minces.

« Nous sommes sceptiques. Personnellement, je vous déconseille d’utiliser un tel procédé”, a-t-il déclaré à l’AFP.

« Dans la pratique médicale, la limite pour la cryoconservation des structures tissulaires est la taille et l’épaisseur de l’ongle du pouce. Cette situation n’a pas changé depuis les années 1970 », poursuit-il.

M. Kendziorra admet qu’il n’y a aucune garantie : « Nous ne savons pas si cela sera un jour possible. Je pense qu’il y a de bonnes chances, mais en suis-je sûr ? Absolument pas. »

Quoi qu’il arrive à l’avenir, Ziegler se dit convaincue qu’elle ne regrettera pas sa décision.

« Cela peut paraître étrange », admet-elle. Mais d’un autre côté, l’alternative est d’être mis dans un cercueil et mangé par les vers.

(AFP)

 
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