La neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie française a été solennellement remise jeudi au président Emmanuel Macron, consacrant une quarantaine d’années de travail à cet ouvrage désormais controversé.
Fondée en 1634 pour harmoniser la langue, l’Académie a pour mission d’écrire de A à Z ce dictionnaire qui fait plus ou moins référence. La dernière édition, la huitième, remonte à 1935, tandis que la première a été achevée en 1694. Cette neuvième édition compte 59 000 mots.
Le président de la République est arrivé dans l’après-midi à l’Académie, où il a prononcé un discours devant ceux qu’on appelle les “Immortels”, la ministre de la Culture Rachida Dati, ainsi que des invités, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Vous êtes les gardiens de notre langue. Et vous devez le clarifier pour ses centaines de millions de locuteurs dans le monde entier », a-t-il déclaré. « Conservateurs, révolutionnaires, vous êtes, permettez-moi de le dire, les deux à la fois. »
« Cette autorité est bénéfique, elle fixe les repères, les permanences, et en même temps les conditions de l’inventivité », a déclaré le président Macron.
« Le rythme d’élaboration de votre dictionnaire vous protège de cette tentation de céder aux tics et aux modes. Cette édition accueille le mot zadiste, que les contemporains de Paul Valéry ne connaissaient sans doute pas », note-t-il.
Obsolète mais stylé ?
Le Dictionnaire suscite des commentaires très variés dans la communauté scientifique, entre ceux qui considèrent l’outil obsolète et ceux qui y trouvent du mérite, aux côtés de ses concurrents publiés par des sociétés privées comme Larousse et Robert.
“Quoi les neuf éditions sont disponibles gratuitement sur Internet, c’est aussi un service rendu unique au monde pour la population partageant le français», souligne le linguiste Jean Pruvost, candidat malheureux à l’Académie en 2021 et 2022, interrogé par L’Express.
« Les travaux actuels de l’Académie sur ce dictionnaire n’ont plus de sens, tant sur le plan économique que scientifique. Les académiciens n’ont pas les compétences techniques et scientifiques », selon le Collectif des linguistes consternés, dans Libération.
Sur France Inter jeudi matin, une escarmouche a opposé une membre de ce collectif, Julie Neveux, professeur de linguistique à la Sorbonne, à un universitaire, Antoine Compagnon.
On a déploré que, dans le définition du « courrier »il n’y a aucune mention d’e-mail [la définition cite une petite masse cylindrique de bois, une promenade publique spacieuse et généralement plantée d’arbres, ainsi qu’un gros marteau, ndlr.] Le second note qu’il existe un lien vers « Dites, ne dites pas » pour déconseiller cet anglicisme.
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Emmanuel Macron a défendu les travaux d’universitaires, rarement spécialistes du français : « Ceux qui définissent la langue ne sont pas forcément des linguistes mais aussi des écrivains. (…) Il est important que ce soient les écrivains qui occupent la langue. Ils en ont le goût, l’usage », selon lui.
L’Académie compte aujourd’hui six femmes et trente et un hommes ; trois fauteuils doivent être pourvus depuis les décès de Jean-Denis Bredin (2021), René de Obaldia (2022) et Hélène Carrère d’Encausse (2023), qui fut la première femme à la tête de l’institution.
Stéphanie Jaquet et les ats