La BIL au centre d’un scandale de détournement de fonds en Azerbaïdjan

La BIL au centre d’un scandale de détournement de fonds en Azerbaïdjan
La BIL au centre d’un scandale de détournement de fonds en Azerbaïdjan

Les comptes de la Banque internationale du Luxembourg (BIL) ont joué un rôle « central » dans le transfert de fonds détournés d’Azerbaïdjan. C’est ce que démontre une enquête menée par le consortium OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project), qui avait déjà œuvré à révéler l’opacité du Luxembourg en matière fiscale dans l’affaire OpenLux, en 2021.

Dans sa publication, l’OCCRP précise que le rôle de la BIL est mis en avant par un rapport de la National Crime Agency (NCA), le FBI britannique chargé de lutter contre le crime organisé.

Ces allégations mettent en lumière la manière dont des millions d’euros détournés de la Banque internationale d’Azerbaïdjan (IBA), la banque d’État de l’Azerbaïdjan, ont été acheminés vers l’Europe, via le Luxembourg, et utilisés pour acheter des propriétés de luxe au Royaume-Uni. Unis et en .

Un fiduciaire luxembourgeois au cœur du système

Au centre de cette affaire se trouve l’ancien président de l’IBA Jahangir Hajiyev, condamné en 2016 à quinze ans de prison par un tribunal de Bakou pour blanchiment d’argent.

Selon le rapport de l’OCCRP, alors qu’il était à la tête de l’IBA, il dirigeait un système de blanchiment d’argent connu sous le nom de « Blanchisserie d’Azerbaïdjan », grâce auquel il a aidé à transférer d’énormes sommes d’argent de l’Azerbaïdjan vers l’Europe au nom des élites du Caucase. État pétrolier, hôte de la COP29 cette semaine.

L’un de ses principaux intermédiaires était Khagani Bashirov, un homme d’affaires franco-azerbaïdjanais, qui a aidé Hajiyev et sa famille à acheminer de l’argent de l’Azerbaïdjan vers l’Europe et le Royaume-Uni via le Grand-Duché. L’une des sociétés qu’il a utilisées s’appelait VES Consultancy. Cette dernière est désormais en passe d’être dissoute, selon le registre du commerce azerbaïdjanais.

Mais, entre 2011 et 2015, au moins 175 millions de dollars ont transité par le compte de VES Consultancy à la BIL, dont 14 millions de dollars provenant de l’IBA, selon les investigations de l’ANC, relayées par l’enquête de l’OCCRP. On estime que 450 millions de dollars supplémentaires auraient transité par d’autres comptes de VES Consultancy entre 2005 et 2015.

M. Bashirov contrôlait un réseau d’entreprises à travers le monde, mais le Luxembourg était au centre de ses opérations, avec des centaines de comptes bancaires au Grand-Duché, selon l’ANC. Il a également créé une société fiduciaire au Luxembourg qui, selon l’ANC, était destinée à faciliter le détournement de fonds en provenance d’Azerbaïdjan. Cette société, Fortrust Global, aurait permis la création de sociétés écrans et aurait assuré un contrôle total sur leurs documents financiers, facilitant ainsi la dissimulation des flux de fonds illicites. Selon le registre du commerce luxembourgeois, la société Fortrust Global a été rebaptisée Vallis and Pontem Advisory et a été radiée en 2020, comme on peut le constater.

L’OCCRP indique que M. Bashirov a été inculpé de faux, blanchiment d’argent et violation des obligations professionnelles par le parquet luxembourgeois.

La BIL réagit

En réponse aux questions de Horaires luxembourgeoisun porte-parole de la BIL a déclaré : « En tant que membre responsable de la communauté financière, la BIL s’engage pleinement à respecter les plus hauts standards de conformité et de transparence dans tous ses processus, notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. La prévention et la lutte contre la délinquance financière est une priorité essentielle pour la banque, et nous respectons strictement le régime de sanctions et les règles LBC-CTF (lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, NDLR).»

En 2020, la BIL a été condamnée à une amende de 4,6 millions d’euros par la CSSF pour des manquements dans ses processus anti-blanchiment. A l’époque, la CSSF n’avait pas précisé le détail des manquements, ni les transactions ni les personnes concernées. Mais la BIL avait précisé que l’amende découlait des contrôles de la CSSF effectués en 2017 et 2018 auprès de clients de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Comprendre la Russie et d’autres pays qui faisaient partie de l’ex-Union soviétique. Parmi eux se trouve l’Azerbaïdjan.

Cet article a été initialement publié sur le site Internet de Horaires luxembourgeois.

Adaptation et ajouts : Christophe Lemaire.

 
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