Oui, mesdames et messieurs, j’étais à New York la semaine dernière pour assister à spectacle de merde par Donald Trump au Madison Square Garden (MSG). Mais j’ai plutôt assisté au hayonavant le match.
Publié à 1h38
Mis à jour à 9h00
Un vieil ami et moi nous sommes inscrits au rassemblement MAGA, mais de manière hypocrite en tant que citoyens du Maryland. Puisque le seul prix d’entrée était de soutenir Trump, nous avons considéré que c’était un petit prix à payer pour le spectacle et avons jugé que notre mensonge circonstanciel était un péché véniel.
Et comme pour Trump l’enfer, c’est une présidence démocrate à Washington, on s’est dit que si nos mensonges nous menaient jusque-là, nous devrions survivre.
Maintenant, autant régler ça en sortant, nous avons raté le spectacle de merde.
Détestant l’idée d’être pris dans l’enclos à bétail des milliers enregistrés entre le 32e et le 33e Avenue pendant des heures, nous avons décidé qu’il suffirait d’arriver une heure avant le début de la représentation.
Oh non! Trop tard, MSG était déjà rempli à ras bord d’adorateurs de Donald. Plus d’inscriptions que de places disponibles, surbooking, dit mon correcteur.
Bon, un peu de déception certes, mais pour être très franc, s’il fallait choisir entre spectacle de merde à l’intérieur et le hayon des quatre heures précédentes hors du MSG, aucune hésitation : le hayon.
Bien installés sur les marches de la façade monumentale de Penn Station, face à MSG, et sous un magnifique soleil d’automne, nous avons été témoins de la bataille politique la plus farfelue de notre vie. New York a une nouvelle fois révélé sa créativité exceptionnelle, avec une incroyable concentration de des cinglés.
Vous ne serez pas surpris si je vous révèle d’emblée la présence d’une importante délégation d’évangéliques pro-Trump en transe qui a tenté de nous faire léviter. Croix grandeur nature sur place, à la taille de Jésus, dont une avec une petite roue au pied qui permettait à un zig de se déplacer en le portant sur son épaule comme le faisait autrefois le Seigneur. On ne peut pas arrêter le progrès, le fils de Dieu l’aurait sûrement apprécié à l’époque…
Il y avait aussi Bob, disons.
Bob, équipé d’un mégaphone, prenait plaisir à rendre fous certains en faisant passer le message que Trump était un « perdant », insistant sur ses six faillites et bien d’autres paroles aimables.
Le discours de Bob a déclenché la colère de beaucoup, comme ce type portant le masque d’Hannibal Lecter (assermenté) et qui éructait les pires folies envers les femmes démocrates en général et Kamala Harris en particulier.
Lorsqu’une femme osait intervenir, il répondait qu’elle avait sûrement déjà avorté ! La délicatesse incarnée…
Un autre que Bob a suscité, c’est ce membre des Juifs pour Trump qui portait une surprenante kippa aux couleurs de son héros politique… Tellement coincé, le gars, qu’il a essayé, en larmes (non, je ne plaisante pas), de convaincre Bob d’arrêter son discours diffamatoire.
Il n’y est visiblement pas parvenu, mais deux autres acolytes ont pris le relais, membres de Rod of Iron., dont j’ai francisé le nom en « Barre de fer ».
Non, il ne s’agit pas d’un gang affilié aux Hells Angels, mais plutôt d’une sous-phalange religieuse qui, selon Wikipédia, vénère les AR-15 semi-automatiques, qui, selon eux, représentent cela. barre de fer mentionné dans le livre de l’Apocalypse, dernière partie du Nouveau Testament.
Ben oui, ça mène jusque là, l’interprétation des Saintes Écritures…
Bob est resté solide tout au long de ces heures, inébranlable dans sa volonté de présenter le curriculum vitae de Trump.
De toute évidence, de nombreux vendeurs du temple essayaient d’écouler leurs stocks de bibelots Trump. Curieusement, la plupart étaient afro-américains. On pourrait se demander s’ils le faisaient par conviction…
Je vous transmets les vétérans contre Trump, les Chinois et les Coréens pour Trump, le traditionnel ramasser avec des systèmes d’échappement crachant un bruit maudit, décorés de couleurs mélangées comme les bonbons de l’ancien président et les confédérés de la guerre civile, etc.
Le point culminant du cirque a sans doute été l’arrivée du sosie de Kim Jong-un qui a proposé ses services au futur président, si cela pouvait l’aider, rappelant que la Corée du Nord a construit et géré les meilleurs camps de concentration du monde. Aux cris de ralliement « USA ! USA! USA! “, a-t-il répondu “USSucks!” ” Spectaculaire !
Et en guise de bruit de fond, les passants nous inondaient indistinctement de « Putains de libéraux ! » » ou “Putains de fascistes!” » alors qu’ils continuent leur chemin. “Toi aussi”, répondit l’écho !
Rassemblements politiques, tels que des événements sportifs ou des spectacles rocher, ont cette particularité de faire perdre leur inhibition aux personnes qui y assistent.
Disons que cette fois, le terme « pas chic » était un euphémisme extraordinaire pour qualifier l’ensemble de l’œuvre.
Il y avait là une foule qui croyait probablement fermement que Trump expulserait des centaines de milliers, voire des millions, d’immigrés illégaux, ou du moins aimait l’idée.
Quant au parallèle qui a été fait avec le rassemblement des nazis américains en 1939 au même MSG, disons que le discours autoritaire de Trump était connu, mais une différence notable était que la horde présente chérissait la croix latine plutôt que la croix gammée.
Mais on s’énerve encore une fois pour rien, Trump répète qu’il n’a jamais lu Mon combat, et il nie avoir jamais dit qu’il aimerait avoir le même genre de généraux que ceux d’Hitler !
Au pire, l’ancien chef d’état-major des forces armées américaines, le général Mark Milley, a rappelé que les militaires prêtent serment à la Constitution américaine et non au président des États-Unis, si cela vous aide à dormir…
Les résultats du scrutin de cette année sont plus défavorables à Kamala Harris et aux démocrates, que ceux de l’élection de 2020 à la même période. Et rappelez-vous que Joe Biden était un peu sur les fesses la dernière fois…
Mais les sondeurs se sont trompés en 2016, lorsque Trump a été élu président, et lors des dernières élections de mi-mandat, où les démocrates ont fait bien mieux que prévu.
Une fois de plus, même s’il est injuste de leur faire peser tout ce poids, les Américaines décideront de l’issue de cette élection, mais surtout défendront le droit absolu à l’intégrité de leur corps.
Ce sera finalement un duel entre le droit à l’avortement et le dégoût de l’immigration.
Entre nous
Impressions après cet événement et séjour d’une semaine à New York. La diversité culturelle des partisans de Trump est surprenante, notamment le nombre de jeunes adultes. Immigrés de longue date ou descendants d’immigrés, ironiquement, nombreux sont ceux qui s’accordent avec l’ex-président sur une réduction très significative de l’immigration. Ils voteront pour Trump parce qu’il les fascine, mais en même temps ils le prennent pour un clown et n’ont donc pas peur des abus potentiels.
Une très belle lecture, ceci Dix jours d’une Marie Laberge en très bonne forme. Livre utile, sensible et très intelligent sur l’aide médicale à mourir.
Marie Laberge. Dix joursMontreal, Boréal, 176 pages
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