Pour la première fois, un synode réunissait des femmes à Rome. Habituellement réservée aux évêques, cette grande consultation de l’Église catholique incluait les femmes et devait envisager un rôle accru pour elles. Le pape en a décidé autrement.
Publié à 1h38
Mis à jour à 6h00
Le diaconat est un ministère revalorisé par le Concile Vatican II, qui a modernisé l’Église dans les années 1960. Pour l’instant, elle n’est accessible qu’aux hommes, mariés ou non. Un diacre célibataire ou devenu veuf ne peut pas se marier.
« Cela fait des années qu’on parle de l’accès des femmes au diaconat », affirme Marie-Andrée Roy, sociologue des religions à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
M.moi Roy a passé tout le mois d’octobre à Rome pour suivre le synode, un processus qui a réuni 269 évêques, 55 prêtres et religieux, et 41 laïcs du monde entier, dont 14,4% de femmes, après un « processus synodal » qui a duré trois années. Elle y organise notamment des activités pour le groupe québécois L’autre parole, un « Collectif féministe et chrétien ».
Mais à la fin du synode, un proche du pape François a jeté une douche froide sur la question des diaconesses. Le cardinal Victor Fernández, qui dirige la Congrégation pour la doctrine de la foi, a rapporté que le pape estime que cette question n’est pas « mûre ».
D’après M.moi Roy, ce cardinal est réputé pour avoir écrit certaines encycliques du pape, documents dans lesquels il expose ses idées. Et il dirige un groupe de travail post-synodal sur la question des diaconesses, qui produira un rapport en juin prochain.
L’un des deux évêques canadiens qui se sont rendus à Rome pour le synode, Alain Faubert, de Salaberry-de-Valleyfield, note que parmi les 155 propositions ouvertes au vote lors de cette assemblée romaine d’octobre, celle sur les diaconesses a reçu la plus faible cote d’approbation, soit 73 %. .
Dans certaines Églises orientales, il y a des sous-diaconesses. L’Église ne serait pas ce qu’elle est sans la présence de nombreuses femmes occupant des postes à responsabilité. Nous voulons aller plus loin.
M.gr Alain Faubert, évêque de Valleyfield
Face à cette volte-face, la Conférence pour l’ordination des femmes, une ONG américaine, a appelé les femmes catholiques du monde entier à “faire grève” pour les prochaines Pâques, note M.moi Roy.
Catéchistes
Le diaconat féminin est-il inévitable et seulement retardé ? M.gr Faubert refuses to comment.
“Ce qui est sûr, c’est que nous allons y travailler, nous en discuterons”, a-t-il déclaré. Il note que le synode a profité d’une décision du pape François en 2021 pour accorder plus d’importance aux « catéchistes » en leur donnant un statut de ministère. « Ils font le catéchisme, mais peuvent avoir beaucoup plus de responsabilités, et ce sont des hommes et des femmes. »
M.moi Roy souligne qu’en Afrique et en Amérique du Sud, les catéchistes féminines font pratiquement tout le travail, y compris les baptêmes, les mariages et les funérailles, dans des paroisses éloignées qui reçoivent rarement la visite d’un prêtre.
“Lors du synode, le cardinal Leonardo Steiner a déclaré que dans son diocèse d’Amazonie, les femmes catéchistes font le travail de diacre depuis des décennies parce qu’il n’y a pas assez de prêtres”, a déclaré M.moi Roy.
Cléricalisme
Le refus du pape d’autoriser immédiatement les diaconesses n’est-il pas consternant alors que la revendication de plusieurs groupes de femmes, notamment L’autre parole, est que le sacerdoce inclut des femmes ?
“La première revendication des femmes est d’avoir accès à tous les ministères, y compris le sacerdoce et l’épiscopat”, a déclaré Mme.moi Roy. La deuxième revendication est une modification radicale du système clérical actuel où le prêtre est en la personne du Christune figure du Christ. Le sacerdoce est un changement ontologique [qui change la nature de la personne]. Le prêtre pense qu’il est complètement différent. Il n’en va pas de même dans les Églises protestantes, où les pasteurs sont au service de l’enseignement du Christ, mais ne se considèrent pas comme un petit Christ. »
Cette deuxième affirmation ne s’apparente-t-elle pas à la critique du pape François à l’égard du « cléricalisme » ?
Non, répond Mmoi Roy, car il ne remet pas en cause le changement ontologique introduit par le sacerdoce. « Mais il est assez intéressant de voir ce que François a écrit aux 21 nouveaux cardinaux qu’il créera en décembre. Il a demandé à ceux appelés « princes de l’Église » de se considérer comme des diacres, le niveau d’ordination le plus bas. C’est déjà ça. »
Ce synode est “une forme incroyable de démocratisation pour certains, mais pour d’autres, c’est le minimum”, résume M.moi Roy.
Apprendre encore plus
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- 1,4 milliard
- Nombre de catholiques dans le monde
Source : Vatican
- 30 %
- Proportion de catholiques vivant dans des pays riches
Source : Vatican